7 septembre 1666. Un beau mardi, ensoleillé de ce soleil d’été qui a des reflets comme orangés et venteux de ce petit courant d’air frais qui fait tournoyer les feuilles au sol, les premières feuilles mortes de cette fin d’année. Une tension particulière flottait dans l’air : le lendemain, Fête de la Nativité de Notre-Dame, était jour chômé et chacun attendait la relâche, qui était rare, et la bonne humeur envahissait les rues commerçantes et passantes. En somme, Paris était bruyant, comme à son habitude, agité, là encore rien de nouveau, et joyeux.
Or, ces trois conditions réunies sont une occasion en or pour les petits voleurs, les tire-laines, les détrousseurs à la bourse et autres représentants de cette vaste et sur-représentée catégorie. On les croise, on ne les remarque pas, ici ou là, dans les rues les plus animées, fondus dans la foule, passants au-dessus de tout soupçon –à première vue. Approchons-nous du Pont-au-Change, là où les échoppes des orfèvres, étagées le long de la Seine, offrent un terrain de chasse royal : ils sont deux, assis sur le muret de pierre d’un des nombreux pont de la ville, l’un, tourné vers la chaussée et les passants qu’il dévisage puis commente d’une voix gouailleuse à l’adresse de la deuxième dont les jambes pendent dans le vide au-dessus de l’eau sale qui charrie ordures et petites embarcations. En fait, en regardant plus attentivement, ils sont même trois, une petite silhouette vive et alerte qui écoute attentivement les remarques sarcastiques qui lui sont en fait destinées comme autant de précieuses indications sur la cible à choisir, et qu’on remarque à peine, constitue la pierre d’angle de cet ingénieux triangle qui depuis le début de l’après-midi a fait ses preuves, la femme sur le muret récupérant chaque fois, comme distraitement, le butin qui s’en va disparaître dans les replis de ses vêtements.
Tout à coup, le deuxième larron –celui qui est posté en observation- s’interrompt et siffle entre ses lèvres. Le brutal changement dans leur routine fait tourner la tête aux deux autres –la femme l’apostrophe brusquement, prouvant par là-même qu’elle est celle qui commande, malgré son rôle assez passif jusque là.
« Regarde un peu par là… Je rêve, ou bien, est-ce que ce ne serait pas cette petite ordure de Laura, celle qui a balancé l’Araignée ? »
Il n’avait pas besoin de préciser, dans l’esprit des deux autres, cela allait de soi.
« Et avec, je ne sais plus bien son nom, mais je la connais la rousse, là. Regarde un peu comme elles se promènent tranquillement ! Elles s’imaginent peut-être qu’elles n’ont rien à se reprocher ? Non, mais ! Regarde ça, Bianca ! On ne va pas laisser… »
D’un geste ces, elle lui impose le silence.
« Tu parles trop et trop fort. Evidemment que non, on ne va pas les laisser passer comme ça. Elles sont coupables. »
Elle n’a pas besoin de parler pour que luise la vengeance au fond de ses yeux. Elle saute vivement du parapet, et fais signe aux deux autres, qui lui emboîtent le pas, sans même discuter, d’un pas pressé –c’est qu’ils finissaient presque par se lasser, à force de tous petits larcins, il était temps de changer d’air. Dans la foule, ils repèrent rapidement et facilement la chevelure rousse de celles dont ils ne connaissent pas le nom, mais qui aurait dû mieux choisir ces relations. Sur un geste de leur meneuse, ils forcent le pas. Les deux autres aussi, imperceptiblement –elles se retournent alternativement de temps à autre. Petit à petit, à force de petites accélérations, les voilà qui courent, bousculant les passants, beuglant des insultes à ceux qu’ils renversent et qui le leur rendent bien, et aux fuyardes devant eux. Ils arrivent à force de tours et de détours sur les quais aux enseignes colorées –de jolies boutiques par là. Devant, derrière, ils ont beau chercher, plus personne : ils viennent de perdre les deux filles.
⊱ Situation ⊰
• Pia et Laura sont entrées en trombes dans la boutique de couture d'Alice qui s'y trouvait seule.
• Pia et Laura doivent survivre et espérer que la planque ne sera pas découverte trop rapidement.
⊱ Consignes ⊰
• Pas plus de 700/800 mots, le but est de faire avancer l'intrigue Smile
• Répondez dans l'ordre que vous souhaitez.
• Laura ne comprend absolument rien à ce qui vient de se passer puisqu'elle s'est faite entraînée par Pia.
• Pia dans sa précipitation s'est prise en entrant dans un ouvrage de la boutique.
• Alice attends à n'importe quel moment une visite importante aujourd'hui, ce n'est pas trop le jour pour des visiteurs incongrus.
⊱ PNJ présents ⊰
ATTENTION : Vous pouvez interagir avec eux mais vous devez les prendre en compte comme des personnages joués par un membre, mais ils sont joués cette fois par le MJ.
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Bianca Albin : Bras droit en rogne de l'Ours
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Tranche-lard : un gros bourrin, qui n'aime rien d'autre que son énorme cimeterre qu'on ne sait pas comment qu'il l'a trouvé.
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Gauthier Carrier : Un opportuniste embarqué dans cette histoire un peu à contrecoeur, un peu obligé de voler histoire de montrer qu'il est quand même du bon côté de la barrière.