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 Gagne-pain [PV Camille]


Gagne-pain [PV Camille] EmptySam 2 Avr - 20:40

- Carne ! Tu vas t’réveiller, oui ?

Un grognement résonna derrière la porte délabrée d’un taudis. Le visiteur tambourina de plus belle.

- Bianca, bouge-toi ! J’vais pas passer ma journée planté là, bon Dieu !

La serrure craqua de mauvaise grâce, et le battant s’ouvrit sur la forme débraillée de l’occupante des lieux. Frimousse froissée. Haleine des lendemains de cuite. Regard mi-boudeur, agressé par les rayons d’un soleil déjà haut. La Bianca toisa le fâcheux qui la tirait du plumard à ces heures indues.

- C’est important.

Soupir. Elle haussa une épaule, repoussant la porte pour l’inviter à entrer. Puis, après avoir claqué le battant et fait rouler la clef - on n’était jamais trop prudent, avec la racaille qui traînait dans les parages - elle s’affala à nouveau sur sa paillasse désormais froide.

- Longue nuit ? s’enquit le Long en s’installant à son aise, avec un regard bien trop intéressé pour les draps vides. Bianca grogna.
- Ta gueule.
- Bien, bien ! J’viens pas pour écouter tes saletés, t’façon. Écoute. J’ai un coup à t’proposer.
- …
- Pas foireux, promis. Eh ! Combien d’fois j’t’ai rencardée ? Est-ce que j’t’ai déjà dérangée pour rien ?


Elle soupira de plus belle, et s’adossa mollement contre le mur écaillé. Le Long et la Bianca collaboraient depuis un sacré bail, pour sûr. En cambriole, il valait pas un pet de lapin ; mais il avait du nez pour les bonnes affaires. Son blase venait de là, d’ailleurs, autant que de la longueur effective de son tarin. Constatant que la chapardeuse daignait lui accorder son attention ensommeillée, il poursuivit d’un ton guilleret.

- La boulangerie Porte Saint-Antoine, t’connais ?
- Nan.
- Vieil établissement. Pas dégueu. Jolie façade, joli logis. Des années qu’la famille nourrit le quartier. Z’ont un beau pactole, depuis le temps. L’proprio a deux apprentis, sans compter sa femme, ses gosses et sa bru.


Les doigts délicats du Long se dressaient à mesure, sous le regard vague de la Bianca. Elle étira ses membres gourds, dans une série de craquements qui fit grimacer son interlocuteur, et objecta d’une voix pâteuse :

- Fait du peuple.
- C’t’une bonne chose ! Ça veut dire que ça tourne. Et il se trouve que j’ai un tuyau. J’t’ai dit que l’roi du pain de Saint-Antoine avait des apprentis, hein ? Des gars rangés. Sauf qu’ils l’ont pas toujours été. L’un des deux voit toujours ses anciens copains du ruisseau, de temps à autres, pour se vanter d’sa réussite. Et il se trouve qu’on a un pote en commun. J’t’ai parlé de Martin ? Ce type qu’a pas son pareil pour tirer les vers du nez…
- Abrège
, grogna la blonde.
- Dans deux jours, maître boulanger sortira d’chez lui aux aurores. Il emmène ses mitrons aux Halles, leur montrer comment qu’on r’fait le plein. Le fiston s’ra pas là non plus. Y’aura plus qu’la bonne femme du boulanger, endormie comme une souche. Du tout cuit !

Le Long attendit une réaction à son bon mot… qui ne vint pas. Bianca se hissa en tailleur sur sa paillasse, fourrageant dans sa tignasse d’un air pensif, trop occupée à peser le pour et le contre pour faire attention à ses saillies. Il revint à la charge :

- Du gâteau, vraiment.
- …
- Pas d’quoi s’en faire une miette.
- …
- J’t’offre le pain tout beurré.
- …
- T’a qu’à leur enlever le pain de la…
- Ça va, ça va, j’ai compris !


Bianca leva les yeux au ciel devant la mine bien trop réjouie de son compère. Il forçait gravement sur la rigolade, même pour elle, mais c’était un bon gars. Et en ces temps difficiles, fallait pas cracher sur de la thune facile.

- J’y prendrais quoi, moi ?
- Le pécule, bien sûr. Tu d’vras la trouver, par contre ; mais on dit qu’il s’est fait du blé !
ajouta-t-il avec un sourire plus large que son visage, et qui arracha enfin un rire de gorge à la larronne tout juste éveillée. T’es la meilleure, tu sais comment chercher. Et au pire, tu nous pourras toujours nous prendre un ou deux gâteaux… ou quelques bonnes miches de pain. J’crache jamais sur une bonne paire de miches !

Cette fois, Bianca éclata d’un rire gras et franc. Le Long eut l’air ravi.

- Ça s’tente. Sûr que l’fils s’ra pas là ?
- Garanti ! Martin sait y faire, pour vérifier ses infos.
- Porte Saint-Antoine, tu dis… Pas trop mon coin, mais pourquoi pas. Y’a d’quoi s’trouver un coin tranquille, pour attendre de voir partir l’boulanger et ses gindres ?
- J’peux d’mander à un gars. T’vas pas camper là toute la nuit.
- On verra.
Bianca Albin
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Gagne-pain [PV Camille] EmptyJeu 21 Avr - 19:04





















 ❝ Gagne-pain ❞
Pourquoi y a des jours on a l'impression que tout va mal? ~




Les Halles... Le vieux maître boulanger rechignait à s'y rendre, gosse, préférant nettement se lever avant le soleil pour cuire le pain, plutôt que de devoir apprendre à faire le plein. Quitte à se faire aboyer dessus par son cher père, il préférait nettement que la chose se fasse à la boulangerie familiale, devant les employés, qu'aux Halles, devant de parfaits étrangers. Mais Gabriel Roux ne l'entendait pas de cette oreille et y traînait son marmau une fois l'an, même s'il pouvait inventer tous les subterfuges possibles et inimaginables pour ne pas y aller. Cela n'avait pourtant pas empêché ce dernier d'y traîner son propre fils et ses apprentis. Si Didier a toujours attendu avec impatience le moment où le patron lui dirait qu'il les emmènerait  aux Halles, son frère et lui, Théophile et Cyrille n'ont jamais vraiment aimé l'idée d'y penser, même si le fils Roux a désormais la décence de ne plus grimacer lorsque son père veut l'y emmener.

"Patron, on y va?" Planté dans l'encadrement de la porte de derrière, l'homme, les bras croisés, l'air sévère, vêtu de noir, ne bronche pas. "Patron!?" Se hasarda à répéter l'apprenti. "Où est ton frère?" Demanda l'homme. "Là!" Bâilla l'intéressé. Son patron lui lança un regard noir, coupant net Cyrille dans son étirement. "Quoi!?" Camille retourna la tête vers la rue, avant de s'y engager, sans ajouter un mot. "Hé! Patron!" Protesta Cyrille d'une voix toujours ensommeillée qui, l'esprit encore embrumé par la fatigue, a mis un moment à réaliser le mouvement du maître boulanger. "Théophile, on y va!" Cria Didier du haut de l'escalier menant au laboratoire pour prévenir le fils du patron, resté à son poste de travail pour la journée, le travail pour l'ouverture de la boutique n'ayant pas pu être fini, la veille au soir, qu'ils partaient. La porte se referma dans la seconde qui suivit et des pas précipités se firent entendre sur le pavé de la rue déserte à une heure si matinale. "Vous allez bien, patron?" Demanda Didier, soucieux. "Pourquoi ça n'irait pas?" Demanda le propriétaire de la boulangerie Le pain de la Porte. "Parce que vous semblez bizarre, ces derniers jours, patron?"
Camille marmonna dans sa barbe en coulant un regard de travers à Cyrille, placé à sa gauche. L'adolescent s'autorisa à lever les yeux vers lui, même si, en temps normal, son patron l'aurait certainement remonter les bretelles. Le temps de trois pas. Le temps d'une éternité, sous l'air frais d'une Paris étonnement bien calme. "On m'a dit que tu as revu un de tes anciens copains du temps où vous rôdiez dans les rues. Commença calmement Camille-Cecil. Un certain Martin...?" Cyrille pâlit. "Tu aurais quelque chose à te reprocher?" Demanda le boulanger d'un ton cynique. L'apprenti ne dit rien, pâlit de plus belle, ses yeux sortirent presque de leurs orbites, avant qu'il ne se reprenne et jette un regard noir à son jeune frère qui sembla mal à l'aise. "J'm'en doutais..." Marmonna le cinquantenaire.
Un silence pesant s'installa, entre l'homme et les adolescents. Cyrille se maudissait de c'être venté devant Martin et de lui avoir dit qu'avec Didier et le patron, il irait aux Halles et que Théophile serait, ce jour-là, pas présent à la boulangerie, jusqu'à ce qu'il change d'avis, sa sœur, chez qui il devait se rendre, ayant décidé de venir elle-même à la boulangerie, avec la petite Cerise, aider sa mère.

A l'angle d'une maison, à mi chemin entre la boulangerie et les Halles, se découpa une silhouette masculine familière. "Qu'est-ce que...?" S'étrangla l'aîné des frangins. "Côme va nous accompagner aux Halles...?" Demanda l'autre. Comme Camille ne réagissait pas, il ajouta: "Vous allez retourner à la boulangerie?" "Vous ne pensez quand même pas qu'Martin pourrait avoir monté un coup foireux à la boulangerie pendant qu'on est pas là?" Camille lui lança un regard noir. "Tu sais aussi bien que moi qu'un énergumène dans ce genre serait capable de tout, surtout si on lui balance les mérite de la boulangerie et les jours où seules les femmes de la famille sont passibles d'y être!" Ils s'arrêtèrent tous les trois face à Côme. "Je vous les confie." Lui dit Camille, après l'avoir saluer. "Je suis désolé de vous infligez leur présence, mais petits soucis de dernières minutes à la boulangerie..." "Pas de problème, ça me fait plaisir." Sourit Côme. Il le remercia et après avoir jeté un dernier regard à Cyrille lui faisant comprendre que s'il retrouvait la boulangerie à sac, il le tiendrait pour seul responsable.
Le maître boulanger refit donc le chemin en sens inverse, espérant que son instinct, qui lui disait que ce début de matinée allait mal finir, lui jouait des tours...        



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Gagne-pain [PV Camille] EmptyLun 9 Mai - 0:55

Dans une ruelle de traverse, une tignasse dorée remua de satisfaction – et, en vérité, de soulagement – lorsque les premiers éclats de voix dérangèrent la rue endormie. Maître Boulanger et ses gindres quittaient enfin le nid. Pas trop tôt, pardine ! Y’avait bien trop longtemps que la Bianca et son comparse, un brun ingambe et bien bâti, dépêché par le Long pour lui prêter main forte, attendaient que les oiseaux s’envole. Les fourmillements dans les jambes, encore, elle faisait avec. C’était pas drôle, mais ça faisait partie du métier. Par contre, se fader les avances d’un renfort à l’humeur romantique, merci ! Par trois fois, elle avait chopé une main baladeuse entre le pouce et l’index, et l’avait renvoyé sur les genoux du type comme on se débarrasse d’un mouchoir crade ; à la quatrième, elle avait refermé une poigne impitoyable sur les phalanges du type. Son regard était clair : un nouveau mouvement de ce genre, et elle lui broyait les doigts. Alors seulement, il s’était un peu calmé. Pas pour longtemps, cependant.

Un appel. Un autre. Le claquement d’une porte, le cliquetis d’un gond. Des bribes d’échanges entendues, la cambrioleuse déduisit que les frères apprentis – à tous les coups, le lambin, c’était le fameux Cyrille, songea-t-elle avec un sourire moqueur – et le nommé Théophile étaient bien du voyage. Elle souleva sa chevelure, écoutant l’écho des pas s’éloignant sur les pavés engourdis. Lorsque ce son ce fut éteint, le brun voulut causer ; elle plaqua un index impérieux sur ses lèvres. Concentrée. Mesurant dans sa tête le temps nécessaire pour qu’un lambin arrive au coin de la rue. Cette estimation écoulée, enfin, elle sauta sur ses pieds.

Grimace. Elle s’ébroua, puis se faufila jusqu’à la rue. Rien en direction des Halles. Rien de l’autre côté non plus. Y’avait que les marchands pour se lever à une heure pareille. Et la racaille, bien sûr.

- Tu la joues prudente ? susurra la voix suave du voleur à son oreille. On m’avait dit qu’étais plutôt du genre à foncer dans le tas.
- Si tu fermes pas ta gueule, c’est dans ton tas que j’fonce, siffla-t-elle, index pointé comme un poignard au milieu de sa poitrine. Le type leva les mains, en une reddition amusée. Bianca lui désigna la ruelle. T’restes là, tu veilles au grain, et tu fais pas l’malin. Si les sacrés rappliquent, tu sais quoi faire. Sinon, tu mouftes pas.

Pas mèche : elle aurait préféré rameuter un de ses gars. Enfin. L’Ours les ayant réquisitionnés pour une autre affaire, il avait bien fallu s’arranger autrement. Ce vanternier recevrait sa correction quand ça risquerait plus de faire capoter le coup. Pas avant. Bianca l’éloigna d’une bourrade, et se pencha sur la serrure de la porte secondaire de la boulangerie.
Joli mécanisme. Ça cèderait pas tout seul.
Elle jaugea la façade. Pas facile de monter, de ce côté. L’autre offrait plus d’aspérités – rapport aux joliesses et fenêtres à auvent qui perçaient la façade de tout commerçant qui se respecte – mais aussi plus de risques d’être vu. C’était l’endroit. La face brillante. Ici, dans l’envers du décor, les passants s’égaraient plus rarement dès potron-minet. Non : l’angle était le bon.

Ce qu’ayant confirmé, la Blanche approcha d’un volet du rez-de-chaussée. Un coup de lame adroitement glissé entre les vantaux souleva le loquet, révélant une fenêtre à croisillons métalliques. Pas de surprise de ce côté. Difficile d’entrer sans casser quelques carreaux – ce qui n’allait pas sans certains risques ; et même alors, les traverses de ferronnerie râleraient tant et plus. Dans une maison vide, passe encore ; mais la femme s’y trouvait encore, éveillée peut-être par le départ du mari. Retour au premier choix. Elle jeta un coup d’œil à travers les carreaux, avant de refermer soigneusement les planches de bois de façon à dissimuler sa petite intervention.

Face à la porte, elle mit genou à terre comme un amant devant sa fiancée, et tira de l’intérieur de ses vêtements un trousseau de petits outils de ferronnerie. Crochets divers, tiges de toutes formes et de toutes grosseurs, clés grossières : l’outillage tentaculaire émettait de petits grattements sourds, râpeux, comme étouffés par la couche de crasse maculant chaque ustensile. Un sourire déchira les lèvres trop fines de la Bianca. La concentration abattit ses sourcils sur un regard déterminé. Dans l’exercice de son art, elle était presque belle – intéressante, en tout cas, comme ces maîtres compagnons amoureux de leur savoir-faire. Ou ridicule, en fonction de l’angle de vue.
Un ronflement amusé retentit quelques pas en arrière. Bianca retourna un regard assassin vers le compère moqueur, qui s’excusa d’un geste mou et retourna dans la ruelle.

Puis elle se mit en devoir de fourrager la serrure comme on chatouille la glotte d’un vieux chat bougon, en prenant garde de ne pas lui arracher un grincement de colère. Croui. Croui. Croui.
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Gagne-pain [PV Camille] EmptyDim 22 Mai - 20:21





















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La nuit un peu moins noire, bien qu'on avait toujours de la peine à distinguer sur plusieurs mètres et différencier les ombres. C'était le moment du début de journée que le vieux père Roux préférait le plus, en temps normal. Il lui arrivait régulièrement de quitter le laboratoire, laissant son fils et les apprentis s'y débrouiller seuls, pendant une petite heure ou quelques minutes, selon l'avance du travail, pour profiter des derniers instants de fraîcheur de la nuit et du calme parisien.
Ce matin-là, pourtant, pas l'envie, pas l’énergie, pas le temps de profiter de cette fraîcheur matinale qu'il appréciait temps. Plus il retournait avec Le Pain de la Porte et plus son pressentiment que quelque chose de louche se tramait, au nez et à la barbe de son épouse, sa bru et son fils qui s'y trouvaient encore, à la boulangerie familiale. Plus son pressentiment augmentait et plus son énervement semblait également augmenter. Pas que le fait que Cyrille et son frère aient gardé des contacts avec leurs amis d'avant le début de leur apprentissage, mais le fait qu'une bonne partie de ses amis étaient, pour la plupart, des petits voleurs de bas étages - quoi que le maître boulanger se doutait bien que les deux frères n'avaient pas dû rencontrer que des voleurs de leurs âges, avant de se retrouver chez les Roux - et que Cyrille avait une fâcheuse tendance à se venter de ses pseudos talents... et surtout, Camille s'en doutait, devant les mauvaises personnes. Le fameux Martin, dans le cas d'aujourd'hui. Dans ce genre de journée, le boulanger avait des tendances à remercier Didier et son côté un peu trouillard. Car si le fameux Martin n'était peut-être par aller raconter plus loin ce que lui avait rapporté le plus âgé des apprentis actuels, il était très bien possible qu'il l'ai fait ou qu'il ai lui-même préparé un mauvais coup.

Une fois de retour dans le quartier de la Porte Saint-Denis, Camille, aussi surprenant que ça puisse paraître, le trouva, étrangement, trop calme. Tellement calme qu'il en eut presque peur.
Il se rendit jusqu'à la boulangerie que son grand-père avait ouvertes, des décennies plus tôt où il s'arrêta devant la porte de derrière. Étrangement, toujours, il a trouva très légèrement entre-ouverte. Il faisait suffisamment confiance aux deux idiots qu'il formait pour savoir qu'ils savaient correctement fermer cette porte. Si Théophile en était venu à l'ouvrir, il l'aurait aussi refermer illico après, son père l'ayant suffisant engueuler, gamin, lorsqu'il faisait l'idiot, avec sa sœur, et que les deux enfants oubliaient de la fermer. L'ouverture de la boutique n'étant pas prévue pour tout de suite, Octavie et Ariane devaient très certainement encore se trouver à l'étage supérieur, entrain de prendre leur petit-déjeuner, à moins que Théophile les ai déjà réquisitionné pour l'aider à mettre sur les étalages ce qui sortait du four. Éventualité que chassa assez rapidement Camille. Dans tous les cas, les deux femmes vivant encore à la boulangerie n'avaient, à priori, aucuns intérêts à aller ouvrir la porte de derrière, à une heure si matinale. Comme Théophile, d'ailleurs. La porte étant tout le temps fermée à clé, quelqu'un avait dû jouer avec la serrure, pensant que personne ne se trouverait à l'intérieur. A moins que Cyrille et Didier l'aient vraiment mal fermé. Il ouvrit entièrement la porte. "Théophile! Octavie! Ariane!" Aboya Camille, en posant un pied à l'intérieur. Au même moment, derrière lui, il entendit siffler. Un de ses sifflements qui lui donnait l'impression que celui qui se trouvait de l'autre côté de la rue tentait de prévenir quelqu'un de son arrivée.
N'entendant pas son fils chantonner ou siffloter, comme il avait l'habitude de le faire, pensant son père absent, Camille se dit qu'il avait très certainement profité qu'une fournée de croissants ou de pains au chocolat soient entrain de cuire, dans les fours, pour apporter un peu de pain, à la vieille voisine vivant à deux maisons de là.
Entendant, derrière lui, des bruits de pas précipités sur les pavés, il fit lui-même plusieurs pas précipités dans l'arrière-boutique. Camille se retourna juste à temps pour voir un homme se prendre les pieds dans le pas de la porte et s'étaler de tout son long. "Ça, c'est un mauvais début de journée!" Ne pu s'empêcher de faire remarquer le propriétaire de la boulangerie d'un ton acerbe. Il tourna le dos à l'homme qui venait de s'écraser à l'entrée et qui gémissait qu'il c'était probablement cassé le piffe, fini par traverser l'arrière-boutique et écarta violemment le rideau qui le séparait de la boutique en elle-même pour tomber nez à nez sur une petite blonde. "Qu'est-ce que tu fais là, toi!?" Finit par marmonner l'homme aux cheveux noirs mi-longs. Il n'avait pas le souvenir de l'avoir déjà vu nul part et les étalages étant encore vides et la caisse se trouvant dans la chambre du couple de patrons - on est jamais trop prudent - Camille ne comprenait ce qu'elle était entrain de farfouiller - à part les éventuels quelques chocolats et gâteaux qu'ils laissaient contre les différents murs.         



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Gagne-pain [PV Camille] EmptyDim 5 Juin - 16:24

Croui, croui, crouic ! La serrure avait fini par rendre les armes. Évidemment ! Un sourire suffisant flotta sur le visage de la truande, au moment de rempocher son petit trousseau. Puis, elle se faufila à l’intérieur.

Tout était calme. Le rez-de-chaussée semblait plongé dans la léthargie des nantis, ceux qui n’ont pas besoin de se lever aux aurores pour se faire de quoi vivre. Bien sûr, ce n’était là qu’une impression ; la gens commerçante se devaient d’être matinale, les boulangers plus encore. À pas de renard, Bianca se faufila dans l’arrière boutique. Un filet de lumière timide s’infiltrait entre les panneaux des volets, éclairant mal la pièce. Coup d’œil à droite. À gauche. Des meubles de bois, un peu de farine. Rien de bien intéressant. Par acquis de conscience, elle bouscula silencieusement quelques placards pour en examiner le contenu : pas d’argent. Pas de boîte suspecte non plus, pas de bocaux trop bien alignés, pas de faux fonds  de tiroir… Bref : aucun des stratagèmes les plus évidents qui permettent de dissimuler un petit magot.
D’un escalier descendant vers les profondeurs s’élevaient des odeurs de pain en train de cuire. Le fournil, probablement. La gourmandise manqua l’y faire descendre… Puis elle se ravisa.

Poursuivant son inspection, la cambrioleuse souleva nonchalamment un rideau, et plissa les yeux avec attention. De l’autre côté, la jolie petite boutique du Pain de la Porte sommeillait, pimpante comme un sou neuf. Pas de pain – celui du jour n’était pas encore pétri ; simplement les tables où les poser, et puis quelques douceurs. Il serait bien bête, maître boulanger, de conserver son or là où tout le monde passe… Elle laissa tomber le voilage, pour s’engouffrer dans un très court vestibule sur la droite. Un escalier de bois grimpait vers les hauteurs. Du pied, elle en tâta la résistance…. Cric ! Chatouilleux, le bougre !
La cambrioleuse s’immobilisa, tendant l’oreille. De l’étage lui parvenaient des cliquetis de vaisselle, de petits tapotements sourds de pas sur un tapis – ou peut-être simplement de pieds chaussés de bas bien moelleux, quelques échos de voix… bref, le joyeux tintamarre des débuts de journée comme les autres – du moins, pour ceux qui avaient une maisonnée. On ne l’avait pas entendue.

Seulement des femmes à la maison, avait promis le Long. Deux. Oui… À l’oreille, c’était cohérent. Les voix semblaient claires, les pas point trop nombreux. La larronne se frotta les mains et entreprit de grimper en faisant le moins de bruits possible. Deux faibles femmes ? Voilà un adversaire tout à fait impropre à l’inquiéter. Mieux : puisqu’elles étaient là, elles accéléreraient ses recherches. Mais tout à coup, un éclat de voix coupa court à ses plans sur la comète.
Une voix d’homme. Trois noms. La Bianca se figea sur place, sa main serrant la rambarde comme elle aurait aimé serrer le coup de cette tanche de Martin. Qu’est-ce qu’il foutait là, le vieux ? Il n’était donc pas parti ? Et pourquoi le bon à rien d’assistant qu’on lui avait flanqué n’avait-il pas sifflé ? Alors, elle entendit enfin le signal et grinça des dents. Utile, imbécile ! Maintenant que l’oiseau est au nid !

Se jurant de faire payer la sentinelle incompétente, elle envisagea de s’élancer à l’étage ; mais déjà, le chahut matinal commençait à s’affoler. Mauvais, ça, mauvais. Des femmes qui piaillent, ça fait toujours du grabuge. De surcroit, Bianca n’était pas sûre de pouvoir sauter de l’étage jusqu’à la cour sans tomber sur les gindres du boulangers ; ils avaient pu revenir avec lui, après tout – surtout si le petit apprenti trop bavard avait eu des remords.
À la place, elle se rua à bas des marches. Par chance – si l’on peut appeler cela de la chance – l’autre empoté dût faire une bêtise, car elle entendit un cri de douleur… et quand elle passa la tête dans l’arrière boutique, la silhouette noire du boulanger se dessinait de dos dans l’embrasure de la porte.

Un sacré mauvais début de journée, si fait, grogna-t-elle en pensée, avait d’emprunter l’issue la plus sûre : le rideau. Direction, la boutique. La porte serait verrouillée. Où se cacher ? Derrière ce comptoir ? Pas assez grand. Sous ce…
Elle n’eût pas le temps de calculer ses meilleures chances. Derrière elle, le rideau s’ouvrit dans un crissement violent, et un homme d’une certaine stature, à la mine austère et aux yeux noirs agacés, jaillit juste derrière elle. Sursaut. Pas jouasse, maître boulanger. Forcément. Puisque la fuite n’était plus une option, elle affronta le problème. Les mains sur les hanches, sourire malin aux lèvres, elle harangua.

- Eh, bonjour, Monsieur d’la boulange. Tombez bien, j’passais vous voir. C’t’une jolie boutique, que vous avez là.

Elle tapota une étagère chargée d’un large gâteau – peut-être bien décoratif. La chose avait l’air un peu dur. Mais après tout, c’était lui l’boulanger – il savait son affaire mieux qu’une voleuse. Chacun sa partie. En fait, elle cherchait juste à gagner du temps. Si aucun autre homme n’apparaissait à la suite de celui-ci, bon – ça se gérerait, d’une façon ou d’une autre. Les femmes, passe encore. Mais si les apprentis se radinaient, et le fameux Théophile – probablement le fils de la maison – là, il commencerait à faire mauvais.

- D’bonne réputation, et tout. Z’auriez pas un peu d’pain, par hasard ?

D’autres auraient pu tenter d’être convaincants… Bianca, avec sa mine moqueuse, ne faisait évidemment pas illusion. À portée des doigts, planquée dans ses jupes, la petite lame prévue pour les coups durs ne la rassura qu’à moitié. C’était plus franchement l’heure des assassinats.
Où pouvait donc être son abruti d’assistant du jour ? Qu’est-ce qui le retenait, bon Dieu ?
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