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 De la lagune à Paris ◆ Pia Fiorentini


De la lagune à Paris ◆ Pia Fiorentini EmptyJeu 7 Juil - 18:56

Pia Fiorentini

(Ft. Alison Sudol - Tumblr)

1. Identité

Métier : Auto proclamée gestionnaire de nuit de l'imprimerie de son mari
Âge : 27 ans
Origines : Vénitiennes
Langue(s) parlée(s) : Italien (vénitien plus exactement) et un excellent français tinté d'un accent persistant
Situation amoureuse: Mariée pour la forme uniquement à Fabien Granet, dont elle ne donne pas le nom quand elle se présente afin de rappeler des origines auxquelles elle est particulièrement attachée.  
Religion: Catholique
Groupe: Rue Férou. L'esprit contestataire, elle jure l'avoir dans le sang. Ou du moins a été élevée de sorte à ce qu'il se développe. L'ordre établi des choses, voilà qui ne lui plait pas. De Venise à la France, tous des despotes mal éclairés, clame-t-elle. L'hypothétique est son monde, la suggestion rêveuse en fait aussi partie. Le pragmatisme, très peu pour elle ! Les grands discours et les belles idées, elle les préfère de loin à l'écrasante rationalité.  
QUE PENSER DES POISONS ? A BANNIR OU LA FIN JUSTIFIE LES MOYENS ?  : Eurk. Et elle refuse de croire qu'ils ont été importés d'Italie. Pas de la sienne, en tout cas - à Venise on a un canal, c'est tout aussi pratique.

TROIS VOEUX SONT OFFERTS A VOTRE PERSONNAGES, LESQUELS SONT-ILS ? : Que tout le monde se taise automatiquement et l'écoute dès qu'elle ouvre la bouche. Ne jamais être prise au sortir de l'imprimerie, avec des paquets de pamphlets sous le bras. Cuisiner aussi bien que sa grand-mère.

SE SENT-IL EN SÉCURITÉ ? : Absolument. Mais le pragmatisme n'a jamais été son fort.

QUEL EST SON RAPPORT À LA RELIGION ? : Tout à fait croyante, pratiquante, et demande régulièrement l'avis de Dieu avant d'agir (Dieu dont elle interprète toujours le silence comme une approbation).  

UN CAUCHEMAR RÉCURRENT ? : Être soudain muette.

QUELLE EST SA PRINCIPALE AMBITION ? : Voir l'autorité royale chanceler puis s'effondrer. Rien que ça.


2. Anecdotes
Elle a un talent certain pour raconter les histoires, souvent à mi chemin entre la réalité et la fiction, parfois inventées de toutes pièces mais toujours dites avec passion ◊ Grande idéaliste, elle se perd souvent dans le monde des idées et en oublie que tout ne peut pas se réaliser ◊ Fille d'imprimeur, elle manie depuis qu'elle est enfant les presses et est à présent d'une belle efficacité ◊ Parmi ce qu'elle déteste en France : le manque d'hygiène. Elle a donc gardé l'habitude vénitienne de bains réguliers, et avec savon qu'il vous plait ! ◊ Mariée mais sans enfant, elle le regrette assez ◊ Lorsqu'elle s'emporte l'italien fuse ◊ Souvent l'air renfrogné mais pas méchante pour un sous, les sourires reviennent dès lors qu'elle apprécie a minima son interlocuteur ◊ Quoiqu'elle soit assez critique vis-à-vis du Doge qui a forcé ses parents à l'exil, Pia reste bien évidemment convaincu que Venise est le plus bel endroit jamais créé par Dieu ◊ Et son carnaval lui manque démesurément

3. Derrière l'écran
Prénom/Pseudo : Elise † Âge : Toujours 20 ans † Comment êtes-vous arrivé jusqu'ici ? Je me suis dédoublée † Comment trouvez-vous le forum ? Parfait. † Rang ici † Crêpe ou gaufre ? (Une question existentielle !) GAUFRE. POUR TOUJOURS. † Le mot de la fin ? Vive les cigales


Dernière édition par Pia Fiorentini le Ven 15 Juil - 14:12, édité 5 fois
Pia Fiorentini
Pia Fiorentini
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Titre/Métier : Autoproclamée gestionnaire de nuit de l'imprimerie du mari
Billets envoyés : 144
Situation : Mariée pour la forme

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De la lagune à Paris ◆ Pia Fiorentini EmptyJeu 7 Juil - 18:57

Histoire

Ecco la gabbia d'una gazza, chi sa dove n'è andata ?

Juin 1650

Les deux syllabes qui formaient son court prénom s’élevaient depuis la rue pour venir s’engouffrer dans la petite chambre du premier étage qu’occupait Pia. D’un geste sec et assuré elle referma immédiatement le gros ouvrage qui se trouvait sur ses genoux de manière à ce qu’un petit nuage de farine blanche s’échappe de ses pages dont on avait peu pris soin. Fini les contes retranscrits sur papier que sa mère lui avait sommé de lire durant cette calme après-midi, elle voulait à présent rejoindre les deux amis qui scandaient son nom.
Dévalant deux à deux les marches, la petite eut vite fait de débouler dans l’atelier en pleine agitation, située juste sous leur lieu de vie, et de se heurter maladroitement aux jambes de sa mère.

« - Eh bien, petite, s’exclama Rosina, sourcils froncés et poings posés sur les hanches, ou tu lis très rapidement ou tu tentes encore de te dérober à ma surveillance.
- C’est qu'Andrea et Gilda m’attendent dehors... Comme toujours lorsqu’il s’agissait d’obtenir l’accord parental, l’espiègle enfant se mit à battre des cils tout en se dandinant de droit à gauche, les mains jointes derrière son dos. Et je promets de lire un nouveau chapitre ce soir ! »

La mère soupira bruyamment avant de finalement accéder à la requête de sa fille qui avait déjà filé alors qu’elle lui recommandait de ne pas s’éterniser dehors. Mais la fillette avait soigneusement pris soin de ne pas entendre cette remarque et avait bien en tête de ne pas rentrer avant la tombée de la nuit.

« Allons voler une gondole », suggéra Andrea sans plus de cérémonial, une fois que Pia les eut rejoints. La fille de l’imprimeur ne se fit pas prier pour approuver cette idée d’un hochement de tête et se mis instantanément à courir pour arriver la première vers le canal le plus proche. Après quelques courtes minutes d’une course effrénée, les trois enfants arrivèrent au bord d’une large branche de canal, comme toujours le garçon en tête. Mais il avait gagné de peu ! Là, plutôt que de se montrer aux yeux de tous, ils partirent se cacher comme ils avaient l’habitude de le faire quand  il était question de préparer un mauvais coup. Les trois garnements se regardèrent d’un air entendu et au signal de Gilda qui avait passé la tête par-dessus leur cachette pour voir qui déroulait là bas, ils se faufilèrent derrière le propriétaire d’une embarcation, occupé à amarrer son bateau. Alors que les deux fillettes s’étaient discrètement glissées dans la gondole vide, Andrea défit les amarres qui venaient d’être nouées, attrapa la rame et sauta à l'arrière. Cinq secondes plus tard et ils étaient en train de crier victoire, pendant que leur embarcation s’éloignait de la rive et que l’homme hurlait au voleur.

« - Vous croyez qu’il nous a reconnus, demanda Gilda une fois qu’ils furent au milieu du canal et ainsi hors d’atteinte.
- Je ne sais pas, répondit Pia, occupée à sortir des en-cas de sa poche. Mais au pire on dira que c’est de la faute d'Andrea.
- Eh, protesta instantanément le garçon qui ramait toujours pour ses dames.
- C’est toi qui as proposé qu’on la vole, reprit Gilda en attrapant la brioche que venait de lui tendre son amie. Et c’est aussi toi qui l’as détachée.
- Mais vous étiez toutes les deux d’accord. Andrea lâcha sa rame, alors qu’ils dérivaient maintenant au milieu de nombreuses petites embarcation qui prenaient soin de les éviter, et attrapa le bout de viennoiserie qu’on lui tendait.
- Peut-être, mais comme tu es le cerveau de l’opération : tu es le coupable. Argument infaillible mis en avant par une Pia se goinfrant consciencieusement de ce qu’elle avait emprunté sans envisager de rendre en sortant de chez elle.
- De toute manière je suis certaine qu’il ne nous a pas reconnus, pesta Andrea en reprenant la rame.
- T’es sûr que ce n’est pas ton nom qu’il crie ?
Silence. Et ce garçon qui ouvrit de grands yeux paniqués en constatant que Gilda n’avait pas tort fit exploser de rire ses complices.
- C’est pas drôle ! »

Si. Très. Sur le moment ça l’avait été. Si bien que Pia et Gilda avait manqué de peu de tomber à l’eau tant elles s’étaient pliées de rire. Mais lorsque leurs parents respectifs les avaient sermonnés à en briser des tympans, ça l’avait été tout de suite moins. Cependant toutes les remontrances du monde ne les auraient pas empêchés de recommencer la semaine suivante. Trois jeunes amis qui déambulaient donc dans les rues bruyantes et sur les canaux animés de Venise, comme si en dehors de leur Cité rien n’avait jamais existé.

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Octobre 1656

A la lumière de deux bougies, les yeux qui commençaient à fatiguer mais l’esprit qui demeurait alerte, elle ficelait consciencieusement de petits paquets de feuillets, prenant soin de faire des nœuds bien serrés. Il aurait été dommage d’en perdre un en route. Pas peu satisfaite de l’efficacité avec laquelle elle venait de finir d’emballer les pamphlets, elle était plus fière encore de la confiance que lui accordait son père. La laisser l’aider à imprimer ce qui aurait pourtant dû être censuré, ce n’était tout de pas rien. Même si dans le partage des tâches elle se retrouvait souvent à ne faire que découper et attacher de la ficelle, cela restait à ses yeux une belle preuve d’estime. Elle s’acquittait donc sa tâche avec le plus grand soin, et bondit littéralement de joie lorsque son père lui demanda de se rendre encore plus activement utile.  

« Pia, remplace-moi sur la presse, je vais chercher du papier. »

Victoire ! Aussitôt elle arriva près de la machine, grand sourire sur les lèvres, et, après s’être tout de même pris une remontrance sur cet enthousiasme un peu trop bruyant, elle attrapa le lourd levier et l’actionna comme on le lui avait appris. Cependant elle n’était pas bien efficace, ressemblait même plus à un petit singe qui tentait de s’agripper à une branche qu’à un imprimeur efficace, la machine demandant tout de même une certaine force dans les bras qu’elle n’avait pas tout à fait. Son père revint qu’elle n’avait donc imprimé que deux feuillets et naturellement elle lui céda donc de nouveau la place pour reprendre son atelier emballage, toujours aussi pleine de bonne volonté. Elle pourrait toujours se vanter d’avoir imprimé par elle-même deux pamphlets ! Enfin non… Se vanter pas vraiment. Ce genre d’activité fonctionnait toujours mieux quand on ne le criait pas à qui voulait bien l’entendre. Mais elle et son père le savaient, ce qui était l’essentiel.
En chuchotant, mode normal de communication nocturne dans l’imprimerie, elle interpella Domenico tout venant s’asseoir sur la table, son travail désormais terminé.  

« - Dis, je pourrais aller les distribuer avec Federico ? Andrea pourra m’aider aussi.
- Hors de question, c’est beaucoup trop dangereux. »

Quel rabat joie. Mature uniquement quand cela l’arrangeait, Pia croisa donc les bras et pris un air boudeur, quand bien même elle savait bien que toutes les moues du monde ne changeraient pas grand chose à la décision paternelle.

« Pfff… T’es vraiment pas drôle. »

Mais tant pis. Même si elle ne pourrait jamais voir la tête des gens lorsqu’ils se retrouvaient avec un de ces papiers entre les mains, lui restait tout de même la sensation d’avoir activement participé. Et aider à diffuser un poème insultant ouvertement le chef d’Etat, c’était tout de même quelque chose.  

-----------

Janvier 1658

Une règle générale voulait que, quand on critique le pouvoir aristocratique en place, on fasse le nécessaire pour ne pas se faire prendre. Aussi fallait-il croire que le nécessaire n’était pas suffisant, car malgré toutes ses précautions Domenico Fiorentini compris subitement que l’étau venait de se resserrer, qu’il n’était plus qu’une question de jours avant que les autorités ne remontent jusqu’à lui. A quelques rues d’ici son ami et complice avait déjà été arrêté, et d’ici peu on comprendrait que les tracts anti-doge qui avaient recommencé  à circuler depuis quelques semaines avaient été imprimés ici. Et la Sérénissime avait beau se prétendre République lettrée, le sort fait à ceux qui osaient participer de quelques manières que ce soit à la publication de virulentes critiques politiques n’était pas tendre. Finir au fond d’un canal, voilà qui faisait peu envie… Bien décidé à ne pas alimenter la faune aquatique, encore plus à ne pas faire subir à autrui les conséquences de son esprit contestataire – et peut-être un peu irresponsable – il réunit donc femme et fille pour leur faire part avenir tout tracé qu’il avait pensé en urgence pour elles. Le passé avait prouvé que toutes les Fiorentini n’étaient pas exactement réceptives à son autorité, mais nécessité faisant loi il leur faudrait bien s’y soumettre.
En cette fin d’après-midi les mines étaient graves, la situation étant connue de toutes, si bien qu’on se serait plus volontiers cru dans un foyer espagnol que sous un toit vénitien, à quelques jours seulement du début du carnaval. Finalement Domenico rompu le silence lourd, hochant la tête d’un air décidé en même temps qu’il parlait.

« Ma fille, j’ai pris des mesures. »
La fille en question fronça légèrement les sourcils, se rappelant que la dernière mesure prise par son père concernait la chasse aux souris et s’était soldée par la mort du chat et un doute systématique d’autrui concernant ses idées, dès lors qu’elles étaient plus ménagères que politiques. Elle n’eut cependant pas le temps de protester et de lui affirmer que quoiqu’il ait en tête il ne servait à rien de trop tenter de l’imposer, voilà qu’il posait à plat les mains sur la table, pour se donner de l’assise.

« Ta mère et moi devons quitter Venise par prudence, et par prudence toujours et nécessité en plus nous ne pouvons pas te laisser venir.
- Pardon ?
S’entendait-il seulement ? La laisser derrière ? Mais quand, comment, pourquoi avait-il à un seul moment imaginé qu’elle accepterait de les quitter ?
- L’exil ce n’est pas Byzance et les moyens risquent de manquer rapidement.
- Tu spécules ! De l’argent vous en avez et il ne va pas s’envoler.
- Oui, mais je préfère imaginer le pire et te mettre à l’abri que te laisser vivre autrement que bien.
- Et tu as prévu quoi ? Le couvent, peut-être ?
- Le mariage.
- …. Je crois que je préfère le couvent, tout compte fait. »

Elle venait de s’enfoncer sur sa chaise, le menton rentré et les bras croisés sur sa poitrine, tout sauf enthousiasmée par le projet. Le mariage… Avait-on jamais entendu idée plus stupide ? Tout l’intérêt de ne pas être noble (en plus d’être sauvé de la perversion de l’esprit par le pouvoir) consistait tout de même en un certain répit matrimonial, voire en la possibilité d’attendre de vouloir épouser qui on voulait ou presque. Certes elle avait dix-neuf ans déjà, mais pour autant aucune envie d’être lancée dans les bras de n’importe quel homme alors qu’il n’était pas rare d’être toujours célibataire lorsqu’on avait la vingtaine passée. Air renfrogné, un regard dur qui se cachait derrière des mèches rousses qu’elle ne retira pas de devant ses yeux, Pia semblait décidée à se murer dans un silence protestateur.

« J’ai parlé à Fabien et il accepte de te ramener à Paris contre une partie de mon matériel. »

C’était qu’en plus elle le connaissait à peine, ce Fabien. Venu jusqu’à la République, dans l’imprimerie familiale plus précisément, pour apprendre ce savoir-faire vénitien quasi inimitable, cette finesse de la typographie que les grossiers français ne pouvaient pas comprendre, c’était à peu près tout ce qu’elle savait de lui. Ca et qu’il n’était ni trop désagréable à regarder, ni vraiment méchant. Mais entre lui reconnaître ce qui était à peine des qualités et accepter de l’épouser, il y avait tout de même un monde. D’autant plus que la manière de présenter la chose avait tout pour déplaire. Finalement le mutisme ne lui réussissait pas, et après avoir balayé les cheveux qui étaient venus se coller sur ses joues elle souleva le caractère désormais vexant de la proposition.

« - Est-ce que tu es en train d’insinuer que tu te débarrasses de moi avec moins de peine que ton atelier ?
- Non, bien sûr ! De toute façon, toi ou les machines, on ne peut pas vous emmener.
»

Réalisait-il seulement qu’il était en train de s’enfoncer ? Baste les intentions louables de mettre sa fille en sécurité, ladite progéniture décida de ne voir que le mal.

« Sauf que je n’irai pas. Je préfère encore me laisser attraper par la police du doge ! »
Avec encore un peu plus de conviction elle s’enfonça sur sa chaise, comme pour faire comprendre qu’on ne l’y décolérait pas, surtout pas pour la larguer dans les bras du premier venu.  
« - Ne sois pas ridicule. Fabien est travailleur, ne finira pas pauvre, n’est pas méchant pour un sou, et surtout a le bon goût de repartir à l’autre bout de l’Europe et de t’apprécier assez pour vouloir de toi. Alors tu l’épouseras et tu ne feras pas d’histoire !
- Avec lui nous savons que tu seras en sécurité et bien traitée. Si tu allais à Paris ce serait une inquiétude de moins pour nous. »

Enfin sa mère venait d’intervenir, signe que la situation frôlait peut-être le désespéré. Mince. Ce n’était pas prévu dans le plan de refus catégorie de Pia, ça. Rosina aurait dû se contenter de ne rien dire, tout au plus de soupirer face à une situation qui aurait pu longtemps tourner en rond, pas approuver ! Mais pour qu’elle appui une idée de son mari sans rien y ajouter, sans même tenter de la nuancer, c’était bien qu’elle ne voyait pas de meilleure alternative possible. Ce qui fit entrouvrir la bouche à Pia, presque choquée par cette entente parentale. Mais aussitôt elle la referma, fronça les sourcils, et tourna légèrement la tête, pour penser un peu la question. Car si Rosina le voulait… Alors peut-être qu’il le fallait. Ou au moins qu’il faudrait l’envisager. Juste un peu. Pour voir. Têtue mais pas totalement inconsciente, la jeune fille n’avait à cœur ni de décevoir, ni de se mettre en danger. De mauvaise grâce elle se redressa donc un peu, sans décroiser les bras cependant, et haussa mollement les épaules, comme pour signifier qu’elle voulait bien – hypothétiquement ! - envisager la solution, même si elle ne l’approuvait pas.  

« - Il paraît que leur roi n’est pas beaucoup mieux que notre doge…
- Profil bas, Pia ! »

Oh, si on ne pouvait même plus débiter des évidences. Quelques soucis policiers ne réussissaient décidemment pas à son père !

-----------

«
Paris, le 21 février 1658
Chère Gilda,


Tu te souviens comme nous la trouvions jolie, la poupée française qui arrivait chaque année à Venise ? Comme nous pensions que les Parisiennes devaient être belles et que Paris devait être une ville où il faisait bon vivre ? Eh bien nous nous étions trompées. Les Parisiennes, c’est bien vrai qu’elles ont des toilettes qui feraient pâlir d’envie toutes la cour vénitienne, mais c’est tout. La France ce n’est pas le raffinement et le bon goût. Enfin pas que. Ici, les rues sont en fait sales et les gens aussi ! Quand en arrivant je me suis étonnée de ne pas voir de baignoire dans la maison de mon mari – de mon mari… C’est étrange, non, de dire cela ? –, il m’a simplement répondu qu’ici personne ou presque n’en avait. Tu te rends compte ? Même les gens qui ont de l’argent n’aiment pas les bains ! Alors j’ai dû insister lourdement, en menaçant d’aller me noyer dans la Seine si je ne pouvais pas me laver autrement, pour qu’il accepte d’aller m’en trouver une. Alors tu crois que tu pourrais m’envoyer quelques onguents ? De chez Benedetti ? Parce que je n’ai pas bien confiance dans des gens qui pensent que le savon n’est pas une nécessité vitale.

Et ici, les édifices sont bien moins jolis que chez nous. Ils manquent de couleurs. Surtout leurs églises. Il y en a une juste à côté de chez Fabien, petite, commode et le prêtre a l’air très bien, mais toute sombre, rien à voir avec la nôtre. Je pense que par comparaison Dieu est flatté par toute la beauté qu’on créé à Venise pour lui.
Par contre la maison dans laquelle j’habite maintenant me plait assez. Elle a trois étages. En dessous, il y a l’atelier, qui paraît minuscule avec toutes les machines de papa qui prennent beaucoup d’espace, mais qui est très bien équipé et où les employés m’ont chaleureusement accueillie – je n’ai pas compris tout ce qu’ils disaient, mais je crois qu’ils aimaient bien mes cheveux. L’étage au-dessus est pour les parents de Fabien, qui sont déjà vieux et se sont étonnés que leur fils soit revenu avec moi, mais ne sont pas méchants et semblaient même heureux de me rencontrer. Enfin, le dernier étage est pour nous. C’est assez spacieux et sentait à peine le renfermé quand j’y suis rentrée pour la première fois. Malheureusement l’intérieur n’est pas très lumineux, mais je crois que c’est simplement parce que le temps parisien est très mauvais.  

Venise me manque déjà, et toi aussi… Je ne sais pas si je me plairai ici, mais j’essaierai tout de même. Il le faut bien, et puis je suis sûre que je trouverai de quoi m’occuper. Fabien a par exemple juré de m’emmener voir les comédiens italiens, il paraît qu’ils sont plutôt bons – enfin c’est lui qui le prétend, j’attends tout de même de me faire mon propre avis.

Je t’écrirai encore bientôt pour tout te raconter et espère recevoir bientôt de tes nouvelles.

De tout cœur je pense à toi,
Pia »


-----------

Septembre 1666

Il y avait finalement certaines habitudes de la petite bourgeoisie française auxquelles elle s'était faite, notamment celle qui voulait qu’on ne puisse décemment pas sortir sans avoir passé une bonne heure à s'apprêter. Le résultat demeurait cependant, et en dépit de l'entraînement, d’un goût particulier, la faute revenant plus à un talent tout relatif pour l’assortiment des couleurs qu’à des moyens qui demeuraient limités. Toujours sans avoir compris que le jaune était tout sauf adapté tant à ses cheveux qu’à son teint, Pia descendit à la hâte les escaliers du premier étage, qu’elle occupait avec son mari depuis le décès de ses beaux-parents, pour trouver attablé dans un coin presque calme de l’imprimerie Fabien, l’air soucieux de ceux qui sentaient les problèmes mais ne parvenaient pas à les voir. Elle n’eut cependant pas le temps d’arriver au-dessus de son épaule, lui leva déjà la tête en la suspectant d’arriver – face à l’exaspérante tendance de Pia à lire dans son dos il semblait avoir développé un talent tout particulier pour la sentir arriver de loin.

« - Tu sors ?
- Voir des amis. »

Des amis que Fabien savait pertinemment moyennement fréquentables, mais à propos desquels il refusait obstinément d’en savoir plus. Car sa femme avait ces dernières années développé une tendance à, d’une part, se mêler un peu trop de la vie de l’imprimerie, d’autre part à se lier d’amitié avec certains clients et, surtout et plus problématique, des connaissances de second degré trop originales pour être tout à fait honnêtes. Ce qui aurait pu se révéler peu problématique s’il été parvenu à lui faire comprendre assez tôt qu’elle outrepassait les termes du marché conclu avec son père – qui lui avait assuré une femme, pas une associée. Malheureusement il s’en rendit compte trop tard et Pia, en digne héritière de Domenico Fiorentini, passait déjà trop de temps à faire profiter son nouveau public de ses comptines contestataires pour pouvoir faire marche arrière. Il y avait plus de trois ans déjà qu’il s’était donc rendu compte qu’il avait perdu – en supposant seulement qu’il l’ait un jour vraiment eu – toute autorité comme mari. Il laissa donc rapidement tomber la femme et se contenta de la partenaire en affaires, qu’il devait bien reconnaître plutôt efficace. Même si, il s’en doutait mais fermait les yeux par confort – également car au fond il appréciait assez sa femme et voyait bien que quoiqu’elle fasse, cela la rendait la heureuse –, il sentait bien que ses justifications dans les différentiels entre prix payés et marchandises reçues étaient dernièrement un peu bancales. Leur simulacre de mariage fonctionnait ainsi parfaitement bien, dans la mesure où leur arrangement tacite supposait qu’ils partageaient tout sauf une chambre et les informations potentiellement compromettantes. Les affaires problématiques, qu’elles soient donc physiques ou intellectuelles, se trouvant ainsi totalement évincées, ne pouvait que demeurer d’excellents rapports.  
S’il y avait tout de même quelque chose qu’il continuait de mal supporter chez elle, c’était cette tendance à s’imposer, même et surtout quand cela n’était pas nécessaire. Car en plus de demander, Pia s’était bien sûr glissée jusqu’à son niveau pour attraper au hasard une feuille qui traînait sur le bureau, faisant au passage traîner sous le nez de Fabien une odeur un peu trop forte de fleur d’oranger.

« - Qu’est-ce que c’est ?
- Des factures. »

Ce qui n’était pas bon pour Pia. N’en témoigna pas le hochement de tête franc qu’elle lui lança, masquant ainsi un battement de cœur manqué. Parce que si Fabien savait qu’en dehors de chez eux elle fréquentait un certain salon (il refusait de retenir le nom exact et quittait la pièce aussitôt que Pia tentait de lui en parler) où se retrouvaient il ne savait pas trop qui, pour parler d’il ne savait pas trop quoi, il n’avait pas encore deviné, ou du moins pas précisément, que sa dernière lubie consistait à commander trop de papier, à trafiquer les comptes, et à utiliser les surplus dès qu’il avait le dos tourné pour imprimer des pamphlets qui l’auraient fait frémir. C’était que ces auteurs de talent, on ne pouvait décemment pas les laisser sans moyen d’expression. Les quelques mauvaises nuits que Fabien avait dernièrement passées n’étaient donc définitivement pas dues à la pleine lune mais bien au bruit lointain des presses qui se réveillaient parfois un étage plus bas. Un très léger désagrément pour une grande cause, jurait Pia.

« Laisse, je m’en occuperai, je sais que la paperasse t’ennuie. »

Et sans lui laisser le temps de protester, d’un large geste elle attrapa tout ce qui se trouvait sur la table, fit signe à un jeune apprenti de venir la débarrasser et lui ordonna de mener ça à l’étage, puis fila aussi vite qu’elle était arrivé, laissant Fabien incapable de choisir entre soulagement de ne pas avoir à se perdre dans les chiffres, éternel étonnement que lui inspirait Pia, ou consternation en se rendant compte comme une fois de plus elle lui filait sans le moindre mal entre les doigts.

Pia Fiorentini
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De la lagune à Paris ◆ Pia Fiorentini EmptyJeu 18 Aoû - 21:52

TU ES VALIDÉ)

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Et comme tu t'en doutes c'est avec plaisir fan attitude Il est temps que le forum entier bénéficie des opinions éclairés de Pia et puisse la voir à l'oeuvre nétoiles hop hop D'ailleurs ta mission si tu l'acceptes est de la rendre plus bavarde et intarissable que Hyacinthe (et si t'y arrives on aura sans doute une confrontation avec Mel)

Bref une fiche magnifique De la lagune à Paris ◆ Pia Fiorentini 1979714460 comme on les aime balon Pia était vraiment une enfant adorable et elle est devenue une adulte trop grave cool Ducky chéri C'était comme toujours un plaisir de te lire et je te fais pas plus de compliment t'as l'habitude fan attitude fan attitude
Merci de faire : Recenser ton avatar pour éviter l'invasion des clones - Fiche de Rp pour commencer à jouer - Fiche de lien pour se lier avec les autres membres
Les liens qui peuvent servir : Une petite faveur? maison, rang ou charge? - Les connaissances pour mieux savoir et ne pas être pris au dépourvu

Bon jeu sur Vexilla Regis!

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