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 la conjuration des alcoolos 


la conjuration des alcoolos  EmptyJeu 1 Sep - 21:39

D’excellente humeur, Mel se glissa dans une auberge bien au dessus de ses moyens. Ce qui ne signifiait pas grand chose sur l’auberge en question. La vie elle même était au dessus des moyens de Mel. Vivre à crédit, il n’y a que ça de vrai. Mais elle avait fait un ou deux coups assez fumeux et gagné pas mal d’argent. Enfin pas mal. Quand on passait de la cour des miracles à l’hôtel de Guise on apprenait à relativiser l’argent. Mais Mel avait de quoi se bourrer la gueule et c’était tout ce qui comptait.

Elle avait donc commander un festin de roi. Ce qui lui avait valu un regard suspicieux du serveur. (Sans doute se demandait il comment un truc aussi petit pouvait autant avaler). Et tout en mangeant, elle observait les gens à la recherche de nouvelles arnaques à faire. Mais bientôt son regard fut attirer par un petit homme en rouge, monté sur une table qui hurlait des trucs à la foule. Un peu intriguée, Mel se déplaça avec sa mollesse habituelle et alla s’asseoir au pied de la table sur laquelle l’orateur était monté. Beaucoup de fougue pour un discours emmêlé. Et c’était une professionnel qui parlait. Au début elle écouta en avalant de la viande. Mais finalement, elle n’y tint plus et se leva sur sa chaise. Coupant la parole de l’autre, qui parlait d’impôt ou d’un truc comme ça, elle fit mine de l’approuver vigoureusement.

- Tout à fait ! Et comme l’a dit le grand Astier, mage méconnu des confins de la tessalonnie oriental : « J’estime ne pas avoir à subir les fantasmes carriéristes d’une entité générationnelle réactionnaire et oppressive ! » et c’est pour cela, camarade, que l’on doit repousser le joug noir des jours funestes.

Elle bondit sur une table un peu plus loin et continua dans son français impeccable de grammairien :

- En somme, je n’aurais qu’un mot : l’alcool c’est la vie.

Puis comme un chamois, elle rebondit de sa table à la table de l’orateur coupé et lui passa d’office le bras autour des épaules. Petit bout de femme de même pas quatorze ans sachant déjà trop bien ce qu’elle voulait :

- Jolie discours, dommage que les alcoolos apprécie pas ta verve. La prochaine fois parle du prix de la vinasse.

Elle lui assena une bourrade :

- Viens manger ! T’es qui au fait?


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la conjuration des alcoolos  EmptyJeu 1 Sep - 22:51

"... Mais on vous exploite! La masse laborieuse est honteusement pressurée par les classes les plus aisées, par LA classe aisée, par l'Etat! Le Roi qui devrait assurer à tous ses sujets la paix, la prospérité, où donc est-il à présent? A se prélasser dans quelqu'une de ses résidences, avec autour de lui toute une clique plus bariolée que tout un régiment d'Arlequins, qui rit et s'étourdit toute la journée, en comparaison de ce que vous subissez! On vous a abusés, mentis, utilisés! Et toi -d'un index, Hyacinthe désigna un des hommes au premier rang de sa tribune improvisée sur une table dont il avait du pied écarté pichets, gobelets, assiettes et reliefs divers - toi, tu t'abrites encore derrière le Bon Roi, et tu crois qu'il est comme un père pour ses sujets... Foutaises! Le Roi, il n'en a rien à faire tant que vous payez pour lui et pour ses plaisirs, à la sueur de votre front!"

Il y eut quelques murmures, quelques interruptions, quelques paroles indistinctes, noyées dans la vinasse que son auditoire -et lui-même aussi d'ailleurs- avait consommé en trop grande quantité.

"Mais l'impôt, c'est là le chancre, la plaie qui ronge notre société! Vous êtes tous d'accord! Alors pourquoi se résigner? D'abord, rien ne nous oblige à payer encore! Si on arrête tous en même temps, que nous refusons fermement -il frappa du pied sur le bois pour marquer le terme-, alors, qu'est-ce qu'il pourrons faire pour nous en empêcher? Réprimer? Et réprimer qui! Nous sommes beaucoup plus nombreux, et nous sommes ceux qui rendent possible l'exercice du pouvoir en nous conformant à ce qu'on exige de nous, et..."

Une espèce de petit personnage gesticulant sauta sur la table face à la sienne et l'interrompit énergiquement, dans un charabia qui ressemblait salement à un beau de morceau de démagogie -mais bien arrosé. Comment un gosse comme celui-là pouvait-il sortir des mots pareils, surtout alignés les uns après les autres, c'était là un mystère qui dépassait Hyacinthe, mais le fait est que même s’il fallait se débattre pour trouver un sens à tout cela, cela s'enchaînait plutôt pas mal. Enfin, à l'oreille, cela sonnait bien. Il appuya le discours du mioche d'un hochement de tête énergiquement approbateur. De la vraie graine d'agitateur. Un peu impoli, mais c'était du détail.

"Jolie conclusion, tu sais te faire entendre, toi", lui fit-il remarquer. "Mais dis donc, tu sors d'où? Parce que t'en as aussi à revendre, on dirait!"

Le gosse, qui ne ressemblait à proprement parler ni à un garçon, ni à une fille, s'agrippa à son épaule. A vue de nez, Hyacinthe lui donna quinze ans -à peu près. Dur de deviner.

"J'te retourne la question! Je suis journaliste, je m'appelle Hyacinthe Godart. Et t'es pas un peu petit pour adopter un tel slogan?"

Pas que Hyacinthe soit contre l'alcool. Mais enfin avec un poids plume pareil un mot d'ordre comme celui là devait être assez assommant, au sens le plus premier du terme. Il se demanda combien de temps le gamin tenait avant de rouler sous la table. Quoique parfois on avait des surprises avec ce genre de personnage. Il sauta au bas de son perchoir, s'assit face à son interrupteur. Bien libéral, nota-t-il d'ailleurs. C'était curieux.

"Et tu fais quoi, toi, dans la vie?"
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la conjuration des alcoolos  EmptyJeu 1 Sep - 23:09

Enfin quelqu’un que ses interventions ne vexait pas ! Pour la peine, Mel lui décrocha un sourire canaille et tout en s’asseyant à l’envers sur sa chaise lui tendit un verre plein de vin. Pas très bon le vin d’ailleurs, mais il tenait chaud à la gorge et au ventre et c’était tout ce que Mel lui demandait. L’oeil allumé du gamin qui vient de faire une bonne niche et le sourire en coin du truand qui va achever son prochain, elle ne retint des questions que celles qui l’intéresser. Son âge et son prénom? Bernique ! Tout ce qui comptait c’était d’où elle venait et comptez sur la Décatir pour vous sortir un discours haut en couleur et en référence :

- La taille c’est relatif mon grand. D’ailleurs tu peux parler, tu vas pas vraiment gagner un concours de lancer de tronc ! C’est un sport qu’ils font là bas en écosse. Et j’aime autant te dire que ce sont de fameux gaillards ! Haut comme toi plus moi et parfois même plus. Et plus lourd que l’égo d’une veuve douairière. De sacré mecs, ça pour ouais. ILs prennent le tronc et sblaaaaf ! Ils le lancent.

Pour illustrer sa démonstration Mel prit un os de poulet, reste de son repas et le lança à travers la pièce jusqu’à ce qu’il atterrisse par terre. Elle suivit sa courbe gracieuse dans les airs et reprit.

- Enfin, j’te dis ça. J’y suis jamais allé ! Fait trop froids pour moi. Et ils sont roux. C’est un peu dégueulasse comme couleur de cheveux le roux. Quoique les tiens sont pas très beau non plus. Un peu trop bouclé. Désolé mais de mauvaises expériences avec les bouclés m’ont appris à me méfier de cette engeance. Tout à commencer avec un bouclé normand. Petit, trapus et avec une de ces tronches ! Je te raconte pas. Mais teigneux, ça oui, il était teigneux. Dernier d’une famille nombreuse, ça t’apprends la vie je peux te l’assurer. Quoique toi la vie t’as pas trop l’air de la connaitre. T’es un peu le genre de mec que l’existence à chouchouter non? Parce que t’es un sacré naïf harangueur et je te le dis en toute amitié. Dis, voir, pourquoi tu bois rien? AH ton verre est vide ! EH À BOIRE POUR MON AMI LE BOUCLÉ ! Bon, j’en étais où? Ah ouais. La vie elle t’as chouchouté un peu non? Parce que moi la vie, elle a voulu me laisser tomber dès le début. Une grosse pute comme ma mère. Alors je lui ait dit d’aller se faire foutre.

À ce bon mot, le sourire de Mel se fit plus incisif et elle reprit :

- C’est la base. Dire aux gens d’aller ce faire foutre ! J’ai fait exactement pareil quand je suis monté de ma provence natale ! Du jour au lendemain, ouais mon gars. Et j’aime autant te dire que ça me manque. Surtout le soleil ! On a un de ces temps là bas, on a jamais vu son pareil. Tu bosses dans quel journal au fait ?
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la conjuration des alcoolos  EmptyJeu 1 Sep - 23:51

Le gosse n'était ni très grand ni très large, mais il ne s'en laissait pas conter. Il avait l'air de ceux qui ont grandi trop vite -un aspect qu'il partageait quand même avec pas mal de petits Parisiens, enfants des ruisseaux et des pavés. Hyacinthe remarqua quand même qu'il triait allègrement les questions, et cela, ce n'était pas très juste. Et si il espérait le perdre avec ses Ecossais lanceurs d'arbres et son lancer d'os, eh bien il avait sous-estimé sa mauvaise tête.

"Dis, ce serait quand même mieux si je savais comment t'appeler, non? J'veux dire, pour les commodités de la conversation. Si c'est pas trop exiger de toi, hein." Il appuya sa demande d'un sourire railleur.

On reversa dans son verre du vin, qu'il porta machinalement à ses lèvres. Le breuvage avait un goût âcre, désagréable, un peu râpeux. Indice qu'il en avait déjà eu sa dose. mais par politesse autant que par mécanisme il le visa sans coupé férir. Il en serait juste quitte pour une légère migraine, et encore, en admettant qu'il continue à ce rythme là. Appuyant son menton sur le dos de sa main, il écouta le gamin parler en s'animant à mesure qu'il se laissait emporter, une fois de plus.

"C'est triste, quand même."

Il eut un geste de la main, comme s'il s'était rendu compte que sa remarque était très maladroite.

"J'veux dire. Ton rapport au monde. C'est triste. J'ai été vraiment favorisé par rapport à toi, ça c'est sûr, j'ai fait des études, parce que je parlais bien et que l'évêque aurait bien voulu que je fasse le séminaire pour le récompenser de sa grande mansuétude. Alors forcément après ça rend les choses plus simples, j'sais bien! Mais si t'envoies tout le monde se faire foutre, eh ben à la fin tu seras tout seul, et l'Homme est un animal social, t'sais? Tu seras malheureux. Alors qu'on peut changer les choses! Y'a pas de fatalité. On pourrait tous vivre en harmonie, si seulement l'ordre des choses étaient plus juste! C'est ça que je veux. Tu trouves que c'est naïf? T'as p't'être raison, encore que ce soit bizarre de se l'entendre dire par un gosse qui doit avoir la moitié de mon âge, mais toi, t'es cynique, et à ton âge c'est vraiment dommage. T'imagines, un peu? Si on était tous égaux? Je veux dire, si on avait tous les mêmes droits et les mêmes obligations? Et tu sais, les choses changeront pas toutes celles, faudra les aider un peu à bouger. C'est ça qu'est dur."

Hyacinthe se retourna, prêtant rapidement l'oreille à la conversation de la table voisine. Mais il ne s'y disait finalement rien d'intéressant, contrairement à ce qu'il avait cru entendre.

"Huh? Quel journal? Oh, à droite, à gauche, ceux qui me prennent mes articles, ça dépend des jours... J'suis pas fixe. Des fois ils trouvent que mes écrits sont trop violents, alors ils me mettent à la porte. On s'habitue. Les imprimeurs, t'façons, il sont pas courageux, ils tiennent trop à leur presse et à ses bénéfices. J'peux comprendre, ils ont besoin de vivre, mais bon, c'est pas très pratique -et puis pour la gloire ils repasseront!"

Il croisa les bras sur son habit rouge, se rejeta en arrièr sur e siège et commença à se balancer, repoussant la table du bout du pied.

"Et avec tout ça, t'esquives rudement bien mes questions, mais crois pas t'en sortir comme ça! Qu'est-ce qui te rend si riche que tu peux m'offrir à boire? D'ailleurs je te le rend, et bien volontiers encore!"

Le petit non plus n'avait plus grand chose dans le fond de sa timbale, et à parler autant, son gosier devait déjà être bien sec. Sans compter qu'il avait encore une ou deux réponses à lui fournir, alors, autant être prévoyant.
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la conjuration des alcoolos  EmptySam 3 Sep - 15:21

Mel écouta Hyacinthe en buvant rapidement son vin. Comme toujours, en dehors du travail, elle présentait un curieux mélange d’agitation et de maitrise d’elle même. Une main frappait régulièrement sa cuisse, battant la mesure d’une chanson à boire que deux ivrognes avaient entonné derrière elle. Mais si ses lèvres dessinaient un sourire désinvolte sur son visage, on la sentait tendue comme la corde d’un arc. Éternelle anxieuse derrière son impudence, elle ne se détendait jamais. Surtout pas en présence d’un inconnu curieux aux idées fixes. Curieux que les envolées de Mel ne l’ai pas fait fuir ce bougre d’ailleurs. Mais il semblait lui même avoir un certain crachoir, ça expliquait sans doute bien des choses.

Finalement elle rejeta la tête en arrière et éclata de rire :

- C’est pas triste mon pauvre. C’est empirique. C’est une des choses que la vie nous apprends et j’arrive pas à croire qu’un homme qui a le double de mon âge ne s’en rende pas compte. Tu es un bel utopiste Hyacinthe Godart, si tu crois vraiment en ce que tu dis. Et tu sais ce qu’on dit sur les utopistes et les gens comme toi « Il y a rien de pire qu’un jeune pessimiste, à part un vieil optimiste. » Fait toi une raison. L’égalité hein? Mais comment tu compte l’atteindre. Toute tes belles idées n’empêcherons pas le malabar derrière.

Elle désigna un vétéran de guerre au visage couturé qui buvait sa bière dans son coin.

- Oui, lui. Il sera toujours plus grand que moi. Et considérablement plus fort. Et ce genre de précaution existeront toujours. À moins que tu ne souhaite faire comme dans la morte d’Arthur. On allonge tout le monde sur un lit et ceux qui ont les membres qui dépassent : »tchat »

Elle abattit violemment sa main sur la table en provoquant un sacré raffut.

- On coupe les membres qui dépassent. Mais alors on aura les infirmes et les autres. Et les autres prendront l’avantage. Parce que c’est dans notre nature. On exploite et on écrase le faible. Ça n’a rien à voir avec la richesse et la pauvreté. Les riches sont tout aussi pourris que les pauvres, ils peuvent juste l’être à plus grande échelle. Et prends un bougre comme notre vétéran, donne lui la fortune du grand Condé, qu’est ce que tu crois qu’il fait. Il devient tout aussi pourri que lui. Parce que c’est dans le coeur des hommes qu’on trouve la méchanceté. Pas dans la société. Partant de là, à quoi ça sert de vouloir faire table rase. Ouais, pour quoi? Dix minutes on aura les même droits. Puis les plus forts et les plus malins vont anarquer les plus faibles. Et on se retrouvera au point de départ. Tu as pas changé le jeu, juste redistribuer les cartes.

Elle eut un sourire en coin :

- Donc je préfère me contenter de mes cartes au lieu de parier sur une meilleure donne qui va m’exploser à la figure !

Elle lui donna une bourrade dans les côtes :

- Assez parler de ça ! Je vais te filer le cafard ! Et puis parler d’un seul et même sujet dans une conversation est mortellement rasoir. T’es l’une des premières personnes avec qui je m’en tiens à un seul sujet et on va changer. Et comme, je suis très bon prince, je suis même prêt à répondre à quelques une de tes questions. Surtout que tu m’offres à boire et ça c’est très généreux. Nos contemporains sont comme je te le disais de sacré égoïste. Et c’est pas pour aller en s’améliorant. Mais passons, passons. Ma richesse vient avant tout de la profondeur et de la beauté de mon âme. En tout cas c’est ce qu’on m’a toujours dit. Qu’avec un physique comme le mien j’ai forcément une belle âme parce que notre seigneur Jésus équilibre ses dons. (Mel se signa) Moi, je pense que notre seigneur Jésus c’est quelque peu planté à ma naissance. Mais il s’est bien rattrapé par la suite. Quoique… pas tant que ça. Mais il m’a donné une très belle force de caractère. C’est ce qui m’a permit de tenir le coup lorsque ma pauvre soeur est morte cette été. La fièvre d’aout, tu connais sans doute ça. Ça fait des ravages terribles tout les ans. Mais c’est pas pire que la peste. La peste? Tu te rends compte. On estime que la grande peste, celle qui a frappé il y a quelque siècle à tué près du tiers de l’Europe. Le tiers, t’imagines. Tiens prends ton entourage. T’en choisit deux, t’en tue un et ainsi de suite. Il y a vraiment quelque chose de terrible là dedans. C’est les pigeons qui sont responsables de la peste. J’en suis sûre. Ces gros pigeons obèse. C’est pour ça que la peste a été de retour à Venise. Des pigeons ils en ont partout. En même temps c’est bien fait pour leur gueule. LEs vénitiens sont des êtres terribles et fourbe par dessus le marché. Tu vois les croisades et ben ils en ont profité pour anéantir leur adversaires commerciaux. Si c’est pas terrible ça. Enfin, tu me dirais. Les affaires c’est les affaires. Un juif de mon quartier répétait ça en boucle. Puis il caressait son long nez bossus de juif. Un affreux sale type. Il aimait un peu trop les enfants si tu vois ce que je veux dire. D’ailleurs mon père lui a plus d’une fois dit un ou deux mots. Enfin bref, voilà l’aubergiste qui nous ressert. À propos d’impression, on raconte que le nouveau lieutenant de police sera en plus responsable de ça. À peine en place, et il s’arroche déjà les privilèges d’une demi douzaine de personne. Le prévôt va pas être content, ça c’est moi qui te le dit. Et toi qu’à l’air instruit t’as été dans quelle université?
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la conjuration des alcoolos  EmptySam 3 Sep - 16:32

Hyacinthe avait une belle habitude des gens bavards. Et pour cause. Mais le gamin avait vraiment un débit étourdissant. Les idées s'enchaînaient avec une logique plus ou moins soulignée, mais pour autant, à condition de s'accrocher suffisamment, il y avait moyen de leur trouver, parfois, presque comme une certaine profondeur. Qui côtoyait quand même des informations sur lesquelles il n'aurait pas parié le rebord de son vieux chapeau, du genre des pigeons porteurs de peste dans Venise (Hyacinthe était un vrai Parisien, maintenant, il s'était habitué aux pigeons et professait contre eux une haine absolue, tout en se cachant qu'ils lui manqueraient s'ils quittaient son quotidien. De là, il ne pouvait accepter cette hypothèse hautement fantaisiste. Mais il ne le fit pas remarquer.)

Et surtout, il fit une conception gigantesque au mioche: il ne corrigea pas sa conception de l'égalité. Et pourtant il en mourait d'envie à se racler les ongles contre le rebord de la table, à s'en asphyxier à force de retenir son inspiration d'en placer une, à en composer une vraie symphonie de percussions en tapant le fond de son verre contre le bois dans son impatience. Une telle maîtrise de soi aurait dû être saluée. (Bon. Même si le fait qu'il n'ait, au cours de l'immense monologue de son curieux interlocuteur, trouvé le moyen d'articuler plus d'une approbation ou de glisser plus qu'une expression de désapprobation avait sans doute aussi joué un rôle dans cette soudaine retenue.) Il y reviendrait plus tard, de toutes façons. Elle lui tira quand même un sourire, qui se mua presque en rire, avec son histoire de beauté d'âme.

"Tu sais quoi? T'es la personne de ton âge la plus intéressante que j'ai jamais croisé. Et du monde, j'en connais! Des petits prodiges aussi, j'en ai vu. Mais tout ce qu'ils savent, c'est du très surfait quand on t'écoutes. T'es assez mûr pour te moquer de toi-même, et intelligemment encore, pour cracher sur le monde et ne déjà plus avoir d'illusions, et en prime t'as beau dire tout et n'importe quoi t'arriverais à faire gober n'importe quoi à n'importe qui." Il s'interrompit un instant, les yeux dans le vague, puis précisa, un grand sourire aux lèvres: "C'était un compliment." (Il en connaissait qui auraient mal pris ce genre de laïus. Autant être prudent.)

"J'suis désolé pour ta soeur, au fait. Mais tu vois, j'ouvre la parenthèse et puis je la referme, mais s'il y avait moins d'inégalités, une meilleure répartition des ressources, ce genre de choses, eh ben, elle aurait peut-être pu être soignée. Tu vois qu'elles sont utiles, mes utopies. Tu devrais t'en trouver une ou deux aussi, ça te ferait du bien. Ça a l'air de rien comme ça, mais j't'assure qu'on vit mieux quand on sait où on veut aller, et y'a rien de mieux que les idées pour ça! Et puis t'arriverais bien à les faire passer toi, j'suis sûr. T'as un don, utilises le pour ça plutôt que pour vilipender les pauvres pigeons de Venise!" (Il se demandait ce que Pia aurait pensé de cette histoire, d'ailleurs, et se promit de le lui demander à la première occasion. Ce serait sûrement intéressant.)

"Et j'te dirais où j'ai fait mes études quand t'auras répondu à mes questions, parce que je suis pas encore assez gris pour pas me rendre compte que tu noies constamment les poissons, et qu'avec tout ça tu commences à en savoir beaucoup sur moi sans qu'il y ait la moindre réciprocité, et j'aime pas plus qu'un autre me faire mener en bateau. Soit dit sans aucune méchanceté, hein. C'est juste que quand on parle franchement c'est mieux que les deux partis soient francs, tu saisis j'suis sûr." Il fronça légèrement les sourcils, essayant, sans doute en vain, de se donner un air sévère malgré l'alcool qui commençait à lui monter à la tête et la sympathie qu'il ne pouvait pas s'empêcher, spontanément, de ressentir pour le petit.


Dernière édition par Hyacinthe Godart le Sam 3 Sep - 18:26, édité 1 fois
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la conjuration des alcoolos  EmptySam 3 Sep - 18:04

Mel prit le compliment avec un rougissement sincère. Sans doute dût au manque d’habitude. La plupart des gens la trouvait juste exaspérante. Et elle pouvait pas légitimement leur donner tort. Quand à son défunt père, il ne lui accordait jamais la moindre louange se contentant de critiquer ce qui devait l’être. Ce n’était pas une mauvaise chose d’ailleurs, ça avait endurcie la gamine et lui avait permit de survivre. Mais les rares compliments qu’elle avait jamais eut venait donc de putes qui la trouvait drôle et encore. Aux condoléances, non méritées, Mel répondit par un haussement d’épaule fataliste avant de noter succinctement :

- Vu les médecins que se tapent les nobles, pas sûr que ça aurait aider à grand chose.

Finalement, belle joueuse, elle décocha des applaudissements sarcastiques à Hyacinthe en reconnaissant qu’au moins il ne perdait pas le nord. Puis elle s’avala un peu de vin en se demandant comment équilibrer mensonge et vérité. Puis un sourit malicieux lui vint aux lèvres et elle développa :

- J’vois pas ce qu’y a de si important à avoir la réponse à ta question. Tout les grands sages te le disent. Ce qui compte ce n’est pas la réponse mais la question. Car la question en révèle plus sur celui qui la pose que sur celui qui y réponds. De même que toute oeuvre d’art n’est pas un portrait du modèle mais bel et bien un portrait de l’artiste ! Du coup, je te sens du genre à t’occuper de l’essence des êtres. Pourquoi t’as besoin de savoir qui est ton interlocuteur pour trouver ce qu’il dit intéressant. Que je m’appelle Emile ou Honoré? Est ce que ça change qui je suis? Non. Alors pourquoi veux tu savoir comment je m’appelle à tout prix? Le besoin de nommer les choses c’est quand même un peu bizarre. Mais pour faciliter la conversation, je vais te faire une grâce et te donner mon nom. Je m’appelle Hugo. Victor Hugo. Mais dans mon entourage on me surnomme 007 ou double zéro, mais ça c’est que mon oncle. Le 7 c’est parce que je suis né en juillet. Les deux zéros avant c’est parce que je suis la troisième enfant. Mon petit frère c’est triple 0. Mais c’est que mon petit frère par notre mère, elle s’est remariée après la mort du paternel. Il s’appelle Arthur Rimbaud. Un peu du genre tourmenté. Et avec un vice très italiens. C’est lui qui m’a expliqué pour les pigeons. Redoutablement intelligent. Mais on se voit pas trop. Il vit dans le Nord maintenant. Mère a dût l’exiler après qu’il ait poignardé quelqu’un dans une taverne. Sale histoire. Très sale histoire. Bon du coup, j’ai répondu à ta question. T’es content.

Mel se leva sur la table et agita le bras pour que l’aubergiste ne vienne les resservir. Elle avala son vin et nota :

- T’as une bonne décente ! Bon j’ai répondu à ta question. Répond à la mienne, tu as fait quoi comme université?
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la conjuration des alcoolos  EmptyDim 4 Sep - 23:14

Une indéfinissable chaleur montait au cœur du journaliste, et un sourire mi-excité, mi-distant (curieux mélange) fleurit sur ses lèvres. Malgré tout, il tâchait de ne pas perdre le fil du débit plus que rapide, et non moins emphatique, du gosse. Hyacinthe se voyait dédouané de ses trois demandes successives par une véritable logorrhée, une avalanche de termes et de détails on ne peut plus superflus. Il lui avait demandé son nom, pour un peu il lui aurait dressé son arbre généalogique jusqu'à la dixième génération. Un sourire ému aux lèvres, il la regardait faire en sirotant ce qui restait de son verre.

"T'es formidable, Victor, nota-t-il. Mais vraiment. Tu dois être la première personne que je croise, et qui parle plus que moi. Tiens, pour un peu, j'comprendrai presque la réaction exagérée de la noble russe de l'autre jour. Même si elle a exagéré aussi, après. Bref, t'en as rien à faire. Bref, tout ça pour dire que je t'aime bien. Ça aussi t'en as rien à faire, j'suis sûr,mais bon, ça me fait plaisir de le dire. Et..."

Il secoua la tête, agitant ses boucles blondes autour de son visage en fronçant les sourcils, les yeux un peu noyés et un air de concentration intense peint sur ses traits.

".. J'sais plus. Ça ne devait pas être trop important. Bref. Mon université? J'ai été envoyé au Collège de Clermont. Tu connais ça, toi? Pas loin de la Seine. Sur la colline. C'est plein de gosses de riches, là-dedans. Moi, on m'a envoyé là-bas parce que j'avais commencé à apprendre le latin et que je parlais tout le temps, mais que je parlais bien faut croire. Alors l'abbé m'a dit que j'étais trèèès intelligent, et qu'il fallait absolument que je fasse des études (ce disant, il imitait les pantomimes du malheureux père Roger qui, il faut bien le dire, était quand même un sujet de caricature idéal) ! Et il m'a envoyé voir l'évêque. L'évêque a dit pareil, mais comme il avait une mitre et une crosse, il l'a dit avec un peu moins de grands gestes et de roulements d'yeux. Mais c'est revenu au même au final. J'ai appris le latin, et deux ou trois autres choses par là-dessus, aussi. Note bien que je me plains pas! Je serais jamais venu à Paris sans eux. Ou peut-être que si, je ne sais pas. T'y es bien venu, toi. C'est loin, la Provence, non? T'es venu comment? Tout seul? A ton âge, ça doit pas être facile, un voyage comme ça! Et tu dis que t'as un frère dans le Nord? C'est curieux d'avoir une famille aussi éclatée dans l'espace. Assez rare."

Il se balança une fois de plus sur sa chaise (le concept de chaise à quatre pieds lui était relativement étranger. C'était quand même beaucoup moins amusant, de rester stable. A peine bon pour travailler. Et encore.)

"En fait, le seul inconvénient du Collège, ça a été la fin. Ils avaient décidé que je devais faire le séminaire derrière, et puis devenir prêtre. A cette idée, il éclata d'un rire franc, spontané. T'imagines, un peu! Heureusement que je suis parti. Pour eux aussi, d'ailleurs. J'aurais sûrement pas fait des étincelles, encore moins des miracles! Mais attend, t'as dit que ton petit frère avait poignardé quelqu'un dans une auberge? Et que ta mère l'avait exilé dans le Nord? Mais ta mère, elle est pas en Provence? Et ton histoire d'assassinat c'était quand? Attend."

A nouveau, il se concentra. L'histoire d'Hugo était quand même ardue à comprendre. Un peu trop de noms, un peu trop de lieux. Et de rebondissements, aussi. C'était quand même bizarre.

"Allons à l'essentiel. Il avait quel âge, ton frère, quand il a poignardé son quidam?"
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la conjuration des alcoolos  EmptyLun 5 Sep - 22:19

Mel s’étrangla de rire :

- Dis donc, tu tiens pas trop l’alcool Hyacinthe.  Ça manque d’entrainement tout ça. Parce que laisse moi te dire que ce que ton discours gagne en simplicité ta diction le perds en clarté. Et c’est un tort. Parce que ça signifie que tu n’as pas grande idée de ou tu veux aller et de la façon dont tu dois articuler les mots pour le dire. En tout cas, ton lycée semble t’avoir laissé des souvenirs pour le moins mitigés. C’est de là d’où tu tire ta haine des riches? Ils te martyrisaient quand tu étais petit? Il faut te remettre. Est ce que moi j’en veux à tout ceux qui s’en sont prit à moi quand j’étais petit? Non et heureusement ! Parce que comme je suis pas parti pour grandir et ben je serais pas sorti de l’auberge. À propos de sorti de l’auberge ! EH ON PEUT AVOIR DES TRUCS SUCRÉ À MANGER?

Pendant qu’on leur apportait de quoi manger et de quoi boire un peu plus, Mel s’enfonçait gaiement dans son mensonge. Mais elle préférait ça voir comme une vérité légèrement modifié, une entorse historique et un exercice de conteuse plutôt que comme une véritable tromperie. De toute façon à ce rythme Hyacinthe allait garder un souvenir assez flou de la rencontre. En mordant dans le pain couvert de miel, et en s’en mettant plein le menton, Mel expliqua la bouche pleine :

- La provence sacrément loin ! T’as pas idée ! Une belle trotte. Et puis ça monte et ça descends. Et on peut pas dire que la route soit vraiment sûre. Surtout dans les cévennes, ils ont des loups et des brigands là bas je te raconte pas tout le chafouin que c’était pour s’y rendre. À se demander ce que fait l’armée. Enfin l’armée tu me diras c’est parfois pire que les brigands. Parce qu’eux ils ont la force légale. Et ça c’est absolument terrible. C’est bien ce qu’avait expliqué Gaïus. Un grand homme ce Gaïus, on a dût t’en parler au lycée? Quoique… Si on voulait faire de toi un prêtre c’était sans doute pas trop au programme. C’est un juriste tu vois. Un putain de bon juriste romain. Tellement bon que quand l’empereur a décrété qu’on ne pourrait plus citer que 5 juristes il a fait parti des cinq juristes en question. Une forme d’éternité. Et même chose après, Justinien, le byzantin tu vois il l’a mit dans son code. Et ben tu vois, Gaïus il avait bel et bien comprit le problème de l’armée. Il l’a très très bien expliqué ! Un type brillant, un de mes héros d’enfance. Ce sont ses plaidoiries que j’ai étudié, sur le chemin. Chemin que j’ai fait à pied d’ailleurs. Je sais pas trop monté à cheval en fait. C’est un de mes rares défauts. D’ailleurs ces grandes bestioles à 4 pattes me mettent un peu mal à l’aise. Un ami palefrenier m’a expliqué que l’oeil du cheval nous déforme. Du coup, on a l’air plus dangereux qu’on ne l’est vraiment. Sans ça, jamais, je dis bien jamais on aurait réussi à la dresser. C’est fou, hein ! Moi je trouve ça fou. Au fait mon frère a poignardé un mec qui trichait aux cartes. Pauvres couillons venu de l’ouest. Mais la mère elle a prit peur et l’a envoyé chez mon oncle pour quelque temps. Charleville - Mézière, tu connais? Donc, il crèche là bas chez un oncle maternel, je le connais pas trop trop. Mais j’ai son nom sur le bout de la langue. Atteeeeeeeends, voilà Jules vernes ! Un chic type il parait. Mais un peu cinglé. Enfin, je vois pas trop pourquoi je te raconte tout ça. Je suppose que tu t’en moques. On vit dans une époque tellement indifférente aux sorts des uns et des autres. Je trouve ça vraiment très très triste. C’est pour ça que je t’aime bien. T’as vraiment l’air à l’écoute et d’un chic type. Mais va falloir t’entailler à boire hein? On ne peut avoir de vrai complots, de vrais analyses sociologiques, psychologiques, théologiques et juridicologiques que si on est passablement ivres mort. C’est avant de rouler sous la table que l’homme découvre ses plus belles vérités. Bon j’ai répondu à tes questions ! À toi de répondre aux miennes, c’est quoi cette histoire de russe? Ça a l'air sacrément marrant et on se marre pas assez en ce moment

Là par contre, Mel était poussée par la curiosité professionnelle. Il n’y avait à sa connaissance que deux russes à Paris. Et de ce qu’elle avait comprit ses patrons étaient pas contre récupérer une ou deux données en plus.
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la conjuration des alcoolos  EmptyMar 6 Sep - 21:24

"Eh bien tu ne mâches pas tes mots, toi! Tu sais que c'est presque vexant? Nan, parce qu'accessoirement, je suis capable de réfléchir tout seul, et j'aurais pas eu besoin d'aller au Collège pour voir ce qui n'allait pas. C'est juste que de les avoir sous le nez toute la journée ça m'a rendu le problème plus proche, tu vois? Mais c'est pas une raison pour essayer de me faire passer pour un traumatisé aigri et revenchard, parce que je te préviens tout de suite, ça passera pas! C'est de la calomnie, d'ailleurs. Au passage."

Hyacinthe aurait presque pu se froisser. Que Victor lui fasse remarquer, malgré sa petite taille et son âge assorti, lui fasse aussi aimablement -et en criant pour que toutes les tables alentours bénéficient de cette information primordiale- remarquer qu'il ne tenait pas si bien que ça l'alcool, il n'en avait rien à faire. Déjà parce qu'il avait encore les idées assez claires pour parler (le plus important.) Ensuite parce que jusqu'à preuve du contraire il ne se sentait pas encore assez imbibé pour aller embrasser le sol sous la table. Enfin, parce qu'il était là depuis bien plus longtemps que le gosse, et qu'il ne s'était pas lancé à jeun dans sa harangue sur la table: il considérait donc que sa fierté masculine n'avait pas à se froisser pour cette insinuation tout ce qu'il y avait de moins délicate. En revanche, que Victor se permette ainsi de méjuger son caractère et ses idées, cela le vexait bien davantage. Tout en ayant conscience que se défendre, c'était s'enfoncer.

Mais sa moue boudeuse se décrispa peu à peu, laissant la place à une expression de plus en plus interloquée à mesure que le petit avançait dans son laïus. Ledit laïus lui paraissait de plus en plus suspect, d'ailleurs. Sceptique, il croisa les bras, fixant une coulée de miel sur le menton du gamin, qui s'agitait au rythme des mâchoires de Victor, qui parlait presque autant qu'il mâchait.

"Dis donc, t'es rudement cultivé pour un gosse de rien. C'est sur les routes que t'as entendu parler de Gaïus et compagnie? C'est rare les érudits capables de sortir un nom pareil, dans ce milieu... T'as récupéré ça où, une culture antique comme celle-là? Attend avant de contester, j'vais te raconter l'histoire de la Russe, comme ça après t'auras pas le choix et tu m'expliqueras tout ça EN DETAILS. J'insiste sur les détails, c'est ça qui fait tout le sel de l'affaire. C'est pas à toi que j'vais l'apprendre, toutes façons, t'as l'air d'en mesurer tout le prix; bref. Ma Russe. Je l'ai croisée dans une antichambre, chez Manon Chénier -tu la connais sûrement pas, mais c'est une femme formidable, vraiment extraordinaire, la plus intéressante que j'aie jamais rencontrée! Elle fait de la politique, dans son salon. J'y allais pour donner mes épreuves à imprimer, et mon avis pour la même occasion. Mais j'avais oublié mon manuscrit. Du coup j'étais un peu distrait, tu vois? Et quand j'arrive dans l'antichambre, je vois cette dame qui attendait je ne sais quoi. Avec une belle robe, mais, tu sais, pas ce genre de robes que mettent les riches pour aller voir un économiste, plutôt une jolie robe d'après-midi je crois. Du coup j'ai pensé qu'elle venait parler avec nous! Alors j'ai commencé à lui raconter un peu ce qu'on disait dans le salon, pour qu'elle ne tombe pas trop des nues... Tout un discours, construit, argumenté, dans les formes. Vraiment, j'avais fait un effort. Et en fait non! Déjà elle n'a rien compris à ce que je lui ai raconté -en même temps comment aurais-je bien pu deviner qu'elle était Russe et non Française? En tous cas, elle n'a pas aimé. Et elle a répondu. Et moi aussi. Et on a donné dans la surenchère. Au fond, elle n'était pas méchante, juste un peu bornée - mais je suppose qu'on ne pouvait pas tomber d'accord, alors... T'es content? T'as su ce que tu voulais? A ton tour, maintenant!...Oh, et, au fait, d'où elle te vient ta belle philosophie bachique? Aussi d'un ami à toi, comme le palefrenier? Et il était quoi, celui-là, cabaretier, ivrogne, vigneron? T'en as bien beaucoup, des relations...
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la conjuration des alcoolos  EmptyMer 14 Sep - 22:09

Mel nota les protestations de Hyacinthe et y répondit par un sourire arrogant. Elle avait raison, elle le savait et elle s’en amusait. Enfin Mel pouvait aussi s’amuser quand elle avait tort. En tout as Hyacinthe avait bien piger le truc d’une réponse pour une réponse. Ce qui vu leur taux d’alcoolémie respectif n’était pas une mauvaise chose. La bouche toujours fourrée avec du miel et du pain, plus un peu de vin qu’elle avait fait rentrée de force Mel enregistra cependant la réponse. Les russes étaient donc chez un économiste. Intéressant. Elle savait pas trop pourquoi mais c’était le genre de chose toujours intéressante à savoir.

Et puis voilà venir le moment le plus savoureux. Celui où elle pouvait raconter un bon gros bobard. Qu’est ce qu’elle aimait ça.

- Si c’est des détails que tu veux, tu vas en avoir. Parce que je sens comme une once de soupçons en t’entendant. Tu m’accuserais pas d’être un peu menteur sur les bords? Parce que laisse moi te dire que tes soupçons me blessent profondément. Vois tu mon petit Hyacinthe. Lorsque tu as prétendu que tu jugeais sévèrement les riches et les nobles (ce sont deux catégories distincts) uniquement sur la base de ta bonne intelligence et non pas à cause d’une quelconque rancune puéril, je ne t’ai pas cru. Je suis suffisamment proche de l’enfance, plus que toi, pour savoir que l’enfance est quelque chose qui nous marque. Et donc c’est marqué par ton enfance que tu as choisit de t’en prendre au noble. Tu aurais été martyrisés par des paysans et ces petits cons qui traient les vaches tu serais sans doute beaucoup plus critique vis à vis du système agricole que tu ne l’es actuellement. Et pourtant crois moi il y a beaucoup à dire et à critiquer sur le système agricole. À commencer par leur accent. C’est incroyable ces bouseux. Que ce soit dans le sud ou à Paris, des accents de merde. On capte rien à leur patois. Mais tu crois que je me débine, hein? Ben non mon grand. Je vais répondre à ta question. Tes questions. parce que il y en a plusieurs dans une seule. Et puis cet amour des détails c’est quand même très très suspicieux. Et t’as pas honte de remuer ainsi la crasse chez les gens? La vérité est que ma mère est une pute. je te l’ai déjà dit au début. Pas ma faute si t’écoutes rien. Pas le genre de femme à tapiner ou à fréquenter un bordel. Mais une pute quand même. Dans le genre sexe contre de l’argent. Des gens qui passent régulièrement à l’appartement pendant que ses maris sont pas là. Mais t’inquiètes je sais que mon père est mon père. Il m’a passé son putain de nez. Et ça c’est un présent dont je pourrais me passer. Quoiqu’il en soit il y a pas mal des clients de ma mère qu’était un petit peu gêné. Surtout vis à vis de nous les enfants. Surtout un. Un client très régulier. Trois ou quatre ans. je crois même qu’il était tombé amoureux. Et pour apaiser sa conscience, il voulut me donner une éducation. Et donc entre deux parties fines, il m’appris à lire. Moi je trouvais ça chiant. Mais ma mère voyait ça comme une chance pour ma gueule. Et du coup, elle a insisté. Et c’était une maitresse femme que ma génitrice. Tu filais doux ou t’avais un coup de tisonnier. Et comme c’était un historien du droit, on bossait sur ce genre de texte. Satisfait.

Elle eut un sourire goguenard :

- Et ma philosophie bachique est purement empirique. Et d’un meilleur empirisme que la tienne. À propos e gaudriole, t’as une femme? Je vois ps d’alliance mais ils sont nombreux à les retirer pour aller dans ce genre de lieu. Sinon, il y a une pute dans un coin de l’auberge. Si ça te tente. Et à défaut, tu lui as dit quoi à la russe pour l’énerver. T’as critiqué les fourrures. À moins… à moins que tu sois un peu nul pour haranguer et convaincre les gens. J’pense même que je suis meilleur que toi !

La suggestion fit pétiller l’oeil de Mel.
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la conjuration des alcoolos  EmptyJeu 15 Sep - 23:23

Un sourire à peine ironique fleurit sur les lèvres du journaliste. Suspicieux, ah oui? Et il osait s'en vexer? Il ne manquait pas d'audace ce petit. Ni de verve. Ni d'imagination. Parce que même au milieu des vapeurs de l'alcool, Hyacinthe trouvait que son histoire avait des allures de canard boîteux. Ça clampinait, mais ça ne tenait pas debout. Dans le fond, cela aussi faisait partie du jeu, la seule chose, c'est qu'il s'en voulait un peu de ne pas s'en être rendu compte avant. Cela lui aurait permis de moins en dire sur lui, et ils se seraient tous les deux bien amusés, mais là il s'était largement fait prendre de vitesse.

-Alors, là, si tu permet, je vais formuler une objection. Tu es plus proche que moi de l'enfance, j'irais même jusqu'à dire que de mon point de vue de vieux tu es encore un enfant. Donc, ton enfance t'as marqué, c'est normal, t'es dedans. J'ai un peu plus de recul. Ton argument ne tient pas debout. Ensuite je préciserais juste une toute petite chose, c'est que mon amour des détails n'est pas suspicieux, à peine une petite déformation professionnelle. Et puis sans les détails, c'est plat!! Tiens, par exemple, je suis sûr que tu as appris un peu d'histoire, si tu as été si bien éduqué que ça (t'as quand même eu une de ces chances, mon petit, de tomber sur un amant aussi délicat pour ta maman, laisse-moi te dire que t'as dû avoir affaire au seul client à cas de conscience de la ville voire plus...). Bref. Reconnais-le, l'histoire est une discipline mortellement ennuyante! C'est à s'en taper la tête contre les murs. Mais si tu commences à aller voir les anecdotes, c'est là que ça devient drôle. Après, évidemment, les gens "sérieux" te regarderont avec un peu de hauteur quand tu leur parleras des petites mesquineries des grands hommes, mais dans le fond, ils s'en délecteront autant que les autres, les hypocrites. Ça rend les choses à la fois plus humaines et plus proches, les détails, plus précises aussi. Dans le fond, c'est presque esthétique! Un monde sans détail, mais ce serait affreux! Et plat! Et... Et...

Claquant des doigts au niveau de ses yeux pour essayer de trouver l'adjectif parfait, celui pour lequel il aurait laissé un blanc à l'écrit avant de réussir à saisir la délicate mais pourtant si proche nuance qui se baladait, là, quelque part entre deux pensées parasites. Trouver une échappatoire devenait urgent.

-Et pour répondre à ta question, enchaîna-t-il rapidement, j'ai pas d'alliance parce que je ne suis pas marié, et si j'en avais une je l'aurais pas enlevé. Faut assumer ses actes, à un moment où à un autre! (quelque chose lui disait qu'évoquer ses trois déboutements successifs serait pour Victor cause d'amusements pour au moins les trois mois à venir. Et comme le gamin n'avait pas l'air du genre à s'amuser tout seul, ni la langue dans sa poche, il s'abstint. Ce n'était jamais qu'une toute petite omission.) Elle a l'air de bien t'intéresser la Russe, dis donc... J't'ai pas di ce que j'lui avais dit? Il me semblait pourtant! Et pour ce qui est de me battre en terme de harangues, je ne te mettrais pas à l'épreuve, t'es trop bon démagogue pour moi! Je suis quasiment sûr que tu réussirais à convaincre n'importe quel malheureux qu'en dépit de l'expression se faire arracher la moitié des dents ne fait pas plus mal que de se casser un ongle... Mais remarque, si! Essaie quelque chose. Tiens, par exemple. Tu vois, la pute (d'ailleurs elle s'appelle Claire, si tu veux tout savoir, et je n''ai aucun mérite à le savoir, elle vient ici tous les soirs. C'est une fille triste, elle pleure tout le temps. Enfin, souvent. C'est parce qu'elle est très intelligente et qu'elle n'arrive pas à faire abstraction de la misère de sa condition. Bref.) Si t'arrives à la convaincre que, disons, porter des vêtements bleus l'aiderait à améliorer sa vie (c'est pas encore suffisamment insignifiant mais je n'ai pas mieux, tu devras t'en contenter) alors je t'admirerais de manière inconditionnelle pour ce geste d'autant plus beau qu'il sera fait en pure perte. Et puis si tu n'y arrives pas, ça la fera peut-être sourire, ce sera toujours ça.

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la conjuration des alcoolos  EmptyDim 18 Sep - 14:02

- Mais la vérité sort de la bouche des enfants. Donc si je dis que tu es traumatisé par ton enfance, j’ai raison. Quoiqu’il en soit je relève le défi. Mais j’aimerais bien gagner un peu plus que ton admiration incommensurable. Une introduction dans ce salon dont tu parles avec tant d’éloquence? Quoique, s’ils sont aussi utopiques et naïfs que toi je risque d’un petit peu m’ennuyer. Et ils ne vont pas aimer mon cynisme. Alors peut être qu’il vaudrait mieux que tu te contente de m’offrir à boire. J’ai le gosier qui se dessèche.

Puis elle se leva d’un bond. Mais au lieu d’aller directement voir la prostitué, ce qui était une profession importante et trop souvent mésestimer, elle sauta directement sur la table la plus proche. Plusieurs fois de suite. pour provoquer un vacarme poussant au silence. Puis prenant une inspiration profonde et d’une voix de stentor elle s’exclama :

- JE VOUS AIT COMPRIS !

Un vague silence plana, puis quelqu’un beugla « ouais » visiblement persuadé qu’on allait lui offrir une tournée générale. Mel le remercia d’une révérence amplifiée, outrée et un peu ridicule. Ce qui lui valut quelques rires et acclamations. Enhardie, elle poursuivit.

- Sommes nous revenus au temps des pharaons à trimer sous les coups de fouets?

Il y eut un vague silence parce que personne ne savait vraiment ce qu’était un pharaon. Mais ce n’était pas le genre de chose qui arrêtait Mel. Surtout qu’on avait pas besoin de savoir que les pharaons étaient les mecs qui régnaient en Inde pour comprendre qu’ils étaient pas cool.

- Camarade on vous exploite ! On vous crève à la tâche. Et tout ce que l’on vous offre en retour : « du sang, de la peine, des larmes et de la sueur ». Alors évidemment on boit pour oublier cette misère.

Elle eut un certain succès. Parce que les gens aimaient bien qu’on leur donne des excuses pour leur alcoolisme.

- Et on a raison de le faire. On a totalement et entièrement raison de le faire. Parce que l’alcool est le seul moyen d’améliorer notre dure vie. Et puis pourquoi ce mentir. C’est sacrément drôle. Et on doit bien se marrer un peu avant d’aller se taper une pute comme Claire. Mais le prends pas mal claire. Vous autres arrêtez de rire. parce que je me doute bien que coucher avec des gens comme nous te fait pas plaisir. Ta vie est encore plus pourrie que la notre. Mais tu sais ce qui pourrait l’améliorer? Du bleu ! J’ai pas raison les gars ! Et tu sais pourquoi le bleu l’améliorerait ? Parce que ça t’ira bien au teint. Déjà ! Mais surtout parce que ça sera une manière d’affirmer tes choix et ta personnalité. En plus c’est beaucoup plus facile à laver que du rouge. Parce que ça fait plus distingué. Parce que ça fait royauté. Par contre je vais pas te mentir, hein, pas de ça entre nous. C’est pas ça qui va rendre ton travail moins désagréable. Mais on ne peut pas tout avoir. Et si ça te remonte le moral et t’aide à voir les choses du bon côté tant mieux. Ça te permettrait même d’augmenter tes tarifs. Et puis d’affirmer ta personnalité. Et une personnalité affirmée permet de réaliser des miracles. Alors tu mettras du bleu?

Claire trop surprise d’être prise à partie bafouilla :

- Euh oui.

Mel sourit :

- Gentille fille. Tiens pour t’acheter du bleu et t’épanouir. Maintenant mes amis ! Buvons au triste monde dans lequel on vit.

Et elle redescendit trouva Hyacinthe :

- Convaincu? Bon elle va dépenser l’argent en alcool si elle a deux sous de bon sens mais enfin...
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la conjuration des alcoolos  EmptyLun 19 Sep - 23:08

Ça n'aurait même pas dû être permis, de formuler des sophismes pareils sans se sentir gêné le moins du monde. A moitié stupéfait, Hyacinthe regarda le garçon qui lui faisait toujours aussi crânement face, partagé entre l'envie de rire et celle de s'enfoncer un peu plus. Il avait, décidément, beaucoup trop bu. Et puis il était fatigué. Et surtout, il se sentait le besoin de se trouver des excuses, ce qui était sans nul doute le plus préoccupant de ses symptômes: il n'aimait pas se faire battre sur ce qu'il considérait comme son propre terrain.

Mais on pouvait au moins reconnaître à Victor un certain cran. Ou, au moins, le goût de s'amuser. Il bondit avec entrain sur la table et dévida d'une traite un discours tout ce qu'il y avait de plus fallacieux, dont on ne savait trop où il voulait aller (enfin, Hyacinthe avait bien une idée de la ligne finale, mais les moyens employés pour y arriver étaient quand même particulièrement sinueux. Hugo avait l'esprit particulièrement tordu, bien qu'il ne perde jamais le Nord.)

Lorsqu'il quitta sa scène pour venir se rasseoir, Hyacinthe lui tendit un verre plein, un sourire un rien ironique aux lèvres. Il aurait bien applaudi, mais il avait besoin de sa main pour pousser vers l'orateur improvisé de quoi se remettre de son discours.

-Convaincu? Tu l'as eue par surprise, oui! J'appelle pas ça convaincre. C'était de la démagogie à l'état brut, sans même les élégances et les arguments autour. Je vous ai compris! Mais ça ne veut rien dire, c'était un trait de génie, un vrai à l'état pur, mais alors quelle malhonnêteté!! J'admire, vraiment, mais quand même, les manipuler à ce point c'est pas un peu moyen? Méprisant? Mais je reconnais quand même que la stratégie, pour peu conventionnelle qu'elle soit, est intéressante. Quoique!.. Elle te prendra pour un fou, qui a trop bu et qui du coup s'est trouvé un fond de générosité insoupçonné dont il a absolument dû faire bénéficier quelqu'un, coup de chance, pour une raison ou pour une autre c'est tombé sur elle et allez! elle a récupéré la pièce. Elle la mettra de côté -Claire met tout de côté, mais pour ce qu'elle gagne... Ça attire pas le chaland, les torrents de larmes, elle aura peut-être même une ou deux intentions de prière pour toi, et c'est tout.

Il étouffa un baîllement dans son verre fort opportunément porté à ses lèvres.

-Je crois pas qu'on puisse appeler ça une vraie victoire. Arrête moi si je te trompe. Et j'dis pas ça pour faire du mauvais esprit, regarde, je t'ai fait un compliment avant. Et puis tes arguments étaient presque beaux, d'une certaine manière. Ne te moque pas. Je te le dis en prévention, parce que j'ai l'impression que c'est bien ton genre, alors je préfère anticiper. Et alors, comme ça, tu veux aller Rue Férou?

L'idée lui tira un rire. La simple pensée de l'enfant provoquant et volontaire tirant à lui toute l'attention -parce qu'il ne fallait pas se leurrer, c'est ce qui arriverait sans aucun doute possible-, discourant à tort et à travers sur tout et surtout sur n'importe quoi et interrompant les discussions les plus sérieuses pour les tirer vers des réflexions aussi savantes que burlesques, avait de quoi amuser. Le tableau n'était pas banal.

-Ça c'est beaucoup demander. T'as rempli à moitié ton contrat, je remplis le mien de la même manière. Bois et on verra plus tard. Et puis en plus tu t'y ennuierais. Pas parce que tu es cynique, on doit bien en avoir un ou deux dans le lot, même s'ils s'en défendent, ou alors des gens qui se disent cyniques sans parvenir à l'être -ça aussi ça existe, mais remarque je dois confondre avec quelqu'un d'autre, c'était une médisance gratuite. Toujours est-il... Que je doute que tu t'y plaise. Mais un jour, peut-être.. Plus tard, si jamais on se recroise, ce qui n'a rien de sûr du tout, vu comme tu as l'air de sillonner les routes, pas vrai? Du Sud au Nord, t'as pas envie de te lancer dans la diagonale inverse maintenant, des fois, d'Est en Ouest?
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la conjuration des alcoolos  EmptyDim 25 Sep - 12:55

Mel éclata de rire et tout en buvant son verre, la piquette devenait presque bonne quand on la lui offrait, elle contrat gaiement les arguments de Hyacinthe. Ce que c’était amusant quand même d’avoir une vrai argumentation. Les monologues étaient drôles bien entendu et drôlement pratiques pour camoufler la vérité, mais c’est toujours un peu dommage que les gens ne lui donnent pas l’occasion de rebondir. Elle devait faire tout les efforts de conversation toute seule et n’était jamais repoussé dans ses limites. Ce n’était pas ainsi que l’on progressait et que l’on devenait un arnaquer faux jetons moraliste ! Aussi elle ouvrit de grands yeux, comme si elle était surprise des protestations de Hyacinthe :

- Mais Hyacinthe ! Si tu veux donner le pouvoir au peuple et une certaine égalité, il faut forcément s’attendre à une démagogie et à la prise par surprise des péquenots, pour les convaincre. Tu crois quand même pas qu’on va obtenir quoique ce soit d’eux en leur disant la vérité et la dureté de l’existence. Regarde, j’ai eut beaucoup plus de succès avec mon discours que toi avec le tien. Et ça tient pas à nos seuls charisme. Même toi tu reconnais la beauté de la démagogie et son efficacité D’ailleurs nul par dans les termes de notre accord il n’était interdit de faire preuve de démagogie.

Face à l’invitation refusé, elle eut un grand mouvement faussement déçu et magnifiquement théâtrale.

- Alors là je suis vexé. Tu te comportes comme si j’étais un de ces morveux insouciants et incapable de se tenir en place. tu me reproche des lacunes dans la façon que j’ai de penser et de me comporter mais tu ne m’offre pas l’occasion de m’améliorer que ce soit par l’exemple ou par l’accouchement des idées. heureusement que tu n’étais pas le gardien du banquet, sans le moindre doute on aurait été privé du témoignage de ce grand génie qu’est Socrate. Bon ce n’aurait pas été entièrement de ta faute. Quelle idée de faux génie de se contenter de parler et de ne jamais au grand jamais écrire ses idées. Franchement, le mec était pas très intéressé par le futur quoiqu’il en dise. Et il avait de ces idées de temps en temps. Mais toi t’es vraiment d’un élitisme et d’une étroitesse d’esprit impressionnante, ça me fait penser à ce mec qui...

Malheureusement pour ses effets et pour l’histoire qui allait suivre une main énorme vint s’abattre sur l’épaule de Mel. Et une voix rocailleuse aux lourds accents de marin se fit entendre :

- T’es là petit furet ! Et ben il est temps pour toi de cesser ton tour de singe savant et de rentrer.

Mel ne moufta pas et se contenta de se lever. Liviers elle le connaissait. C’était un des hommes de main du Lorraine, pas le plus patient ni le plus gentil. Mais bel et bien le plus à mène à la bastonner s’il estimait qu’elle abusait un peu trop de sa patience. Mais elle estimait qu’elle ne pouvait pas tirer sa révérence comme ça :

- En terme de diagonale, je me contente pour l’instant de parcourir Paris. Et c’est déjà pas mal. Il y a tant à faire et à voir dans notre belle capitale. Dont visiblement le salon de la rue Férou.

Elle lui fit un clin d’oeil :

- Comme je manque pas de ressource c’est sans doute là bas qu’on se reverra. C’est à dire….

- FURET !

Mel se tue et adressa une révérence ample et outré à Hyacinthe :

- À dieu alors ! Et passe mes amitiés à Claire.
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