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 Malin de Cauvigny - Le pire diable chasse le moindre.


Malin de Cauvigny - Le pire diable chasse le moindre. EmptyVen 1 Sep - 19:59

(Ft.  Matthew Goode)

1. Identité

Métier/Titre(s) : prêtre sataniste, noble, vrai prêtre également de temps en temps
Âge : 38 ans
Origines : française
Langue(s) parlée(s) :  français, latin, grec, araméen
Situation amoureuse: célibataire par voeux et par manque de constance
Religion: le capitalisme opportuniste et le libéralisme sauvage (un peu le catholicisme satanique aussi)
Groupe: rue Payenne. Le meilleur endroit pour trouver de puissants contacts pour enrichir son cercle. De toute façon, ce serait déchoir aux yeux de son entourage que de fréquenter un autre salon. Il ne dédaigne pas pour autant la rue Ste Anne où il peut s’amuser, trouver de riches investisseurs. Par contre les idéaux de la rue Férou… il les laisse bien volontiers à Arthur.  
QUE PENSER DES POISONS ? A BANNIR OU LA FIN JUSTIFIE LES MOYENS ?  : La fin justifie les moyens. Mais sa pratique très régulière des poisons a introduit chez Malin une légère paranoïa. Qui n’a de légère que le nom qu’il lui donne.

TROIS VOEUX SONT OFFERTS A VOTRE PERSONNAGES, LESQUELS SONT-ILS ? :
- être débarrassé de son introversion instinctive
- la connaissance universelle
- la richesse infinie
Des trucs réalisables quoi

SE SENT-IL EN SÉCURITÉ ? : Non. Il est dans un secteur concurrentiel et meurtrier. La vision de Gabriel de la Reynie lui attire aussi régulièrement quelques sueurs froides

QUEL EST SON RAPPORT À LA RELIGION ? : Pratique et rentable. Ritualisé à l’extrême. Assez fondamentalement ennuyeuse.

UN CAUCHEMAR RÉCURRENT ? : Il est poursuivie par une rousse qui hurle en allemand qu’elle va lui arracher les cheveux.

QUELLE EST SA PRINCIPALE AMBITION ? : Il veut devenir riche, toujours plus riche.


2. Anecdotes
Introverti, Malin n’aime guère passer du temps avec les gens et trouve que le temps de qualité est toujours en petit comité ou seul. ◊ Il n’aime pas la viande. Il en mange pour indiquer son rang et sa richesse mais la consistance et l’odeur l’écoeurent facilement. ◊ Imprévisible il peut être à l’heure, en retard, absent, en avance, il n’y a aucun moyen de le savoir. ◊ Il réfléchit énormément, dans ces cas il porte toujours deux doigts à sa bouche. ◊ Il monte les marches trois par trois et en mettant une main dans le creux de ses reins. ◊ S’il entre dans une pièce, il tient à se considérer dans les 10% les plus intelligents. ◊ ◊ Ses livres sont rangés par thème. ◊ Enfant, il était amoureux d’une des aides de cuisine de son père et pour son mariage (à elle), il lui avait offert un collier « emprunté » à la maitresse de son père. ◊ Il raffole de la pâte d’amande. ◊ Il a une cicatrice en forme d’étoile sur le genoux. ◊ En souvenirs de son temps comme alchimiste, il se couvre toujours les mains d’une pâte odorante mais change souvent les parfums ◊ Il donne toujours l’impression de connaitre la chute d’une blague que tout le monde ignore. On peut trouver ça charmant ou exaspérant.  ◊ Il ne dort que peu la nuit mais fait régulièrement des siestes de vingt minutes ◊ Il n'a aucune oreille musicale ◊


Dernière édition par Deus le Ven 1 Sep - 20:06, édité 1 fois
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Malin de Cauvigny - Le pire diable chasse le moindre. EmptyVen 1 Sep - 20:03

Histoire

(Petite citation au choix)

Beaucoup de gens écrivent par vanité, surtout leur mémoire. Ils souhaitent que quelque chose d’eux reste après leur mort et qu’on les lise avec admiration, mélancolie ou d’autres sentiments flatteurs pour leur narcissisme lattent. Je peux citer bien des personnes ayant cet amour-propre les poussant à mettre sur du papier, dont le prix est au demeurant en hausse, pour subsister après la mort. Personnellement je ne pousse pas si loin l’amour de ma personne. D’ailleurs je ne souhaite pas que jamais on lise ces écrits, cela signifie que j’ai subi une fin suspecte. Ce document a pour unique vocation de m’assurer une compagnie posthume dans la chute. Il faut bien dire que je suis d’un naturel sociable. Et que même dans la mort, il me déplairait d’être seul.

** ** **

Certaines naissances sont attendues et inespérées, il en va ainsi de la mise au monde de notre divin souverain, la mienne se révéla inattendue et absolument pas espéré. Un effet de surprise qui joua sans doute assez peu sur ma destinée mais préfigurait de façon assez intéressante mon caractère. Mon père possédait déjà son héritier depuis quatorze ans et une maitresse fort couteuse depuis presque onze longues années. Longues pour ma mère, mon auguste  géniteur se serait lasser d’elle qu’il l’aurait mise à la porte. Quoiqu’il en soit, le comte de Cauvigny pouvait déjà s’enorgueillir d’une situation familiale complexe mais finalement assez réussi, de son point de vue. Le fait de céder une fois de temps en temps à ses devoirs conjugaux n’aurait jamais dût lui imposer un petit être braillard et onéreux. L’effroi de mon père fut poussé à son paroxysme quand une vieille nourrice bigleuse annonça d’un ton pontifiant qu’au vu de la forme du ventre de ma mère, elle attendait une fille. Une légende familiale dit qu’à ce moment, il rentra en hurlant dans le presbytère du prêtre l’ayant persuadé d’honorer une fois tout les quatre mois sa femme. Les vociférations visaient principalement le coût exorbitant des filles. Il fallait les éduquer, au moins pour éviter qu’elle ne vous fasse honte, les habiller pour que les fils veuillent les épouser, et les doter pour que les père acceptent que les fils en question les épouses. Avoir une fille était un investissement ruineux. L’abbé s’occupait de mon père depuis les fonds baptismaux, ses crises de nerfs le laissaient totalement de marbre. Un enfant de coeur qui assistait à la scène prétendit que l’abbé se contenta de rappeler à mon père que sa dernière confession datait un peu.

Ce fut sans doute autant par tradition que pour rendre à Dieu ce qu’il lui avait donné que mon père choisit dès ma naissance, ou même avant ,j’ignore quand précisément il prit sa décision, de me destiner aux ordres. Il s’agissait très certainement d’une solution d’économie aussi. Ma famille possède des racines trop aristocratiques pour jamais songer à gagner de l’argent mais par un effet de symétrie assez commun au sein de la noblesse française, le talent pour s’éviter des dépenses inutiles s’y révèle assez répandu. Ainsi pour mon père la messe était dite et je la prononcerai bientôt. Ma vie serait consacrée au Dieu qui me mettait sur sa route. Mais je m’acharne à penser que les circonstances de ma naissance n’ont qu’assez peu joué sur la vocation imposée qui a modelé ma vie. Mon père en homme résolu daigna dévoiler assez vite  ses plans d'avenir pour ma personne. Ma mère ne s'intéressait pas beaucoup aux conflits aussi elle ne tenta pas de lutter contre ma future carrière. Et avec ce fatalisme et cet amour des bons mots qui la caractérisait, elle déclara : "une robe en vaut bien une autre ».

Me voilà donc marmot vagissant destiné à une carrière dont personne ne se demandait vraiment si elle allait me convenir.. D’ailleurs je n’ai pas crié, pas même gémi quand pour me baptiser l’abbé tenta de me noyer au nom de la pureté de mon âme. Il s’agissait au regard du commun de la preuve - irréfutable - que le divin exerçait déjà un appel fort sur mon âme innocente. Je ne me permettrais pas d’en juger. Au fond de ma petite enfance, je ne garde que peu de souvenirs et la plupart doivent être forgés sur les récits que l’on m’en a fait. Et les récits ne présentent pas un intérêt suffisant pour que je couche par écrit mes premières années. Ce passage me sert donc uniquement de prétexte pour introduire mon entourage proche qui porte sans doute une lourde part de responsabilité dans la conclusion de mon caractère. À moins que vous ne pensiez comme le père Grégoire que le mal s’est niché en moi sans que quoique ce soit ne soit venu l’aider.

Mon père donc, assez peu heureux d’avoir un second fils. À l’heure où j’écris, il vit encore. Si vous êtes dans son entourage dites vous bien que son caractère n’a point changé par la force des années. En peu de mots, un homme profondément fantasque et centré sur sa vie et ses besoins. Militaire de carrière, il en gardait un mépris profond pour la contradiction et une autorité ne venant pas de lui. Avant qu’ils ne se raréfient ses cheveux prenaient une intéressante nuance  rouge lorsque le soleil passait à travers. Une fois par mois, il me convoquait pour un entretien particulier dans son cabinet de travail. C’était terrorisant, exaltant et assez ennuyeux.

Deuxième personnage d’importance, et décédée depuis longtemps, ma mère. Femme grande, mince présentant une ressemblance troublante avec un hérons. Autant de par son long cou, ses cheveux qui sont lentement passés du blond pâle au blanc pur, que par son calme, sa patience, son pragmatisme et sa capacité à planer au dessus des problèmes du quotidien.  Elle se souciait de la pureté de son âme, du silence dans sa maison et de ses chiens de races. Une troupe de chiens de chasses et d’attaques qu’elle vénérait alors même qu’elle ne supportait pas la chasse et se montrait d’un pacifisme passif assez exaspérant.

Enfin, Vincent, mon frère ainé. Homme assez remarquable dans sa banalité. Grande lecture, courte pensée. Générosité et égoïsme qui s’équilibrent à la perfection. Une certaine mollesse d’âme et de caractère qui peut passer pour de la patience et une capacité à recracher des connaissances entassées pouvant passer pour de l’intelligence. Un lecteur attentif comprendra que je ne suis pas objectif, mais un contemporain honnête attestera que le portrait est véritable même si par économie de temps je ne mentionne pas les qualités qu’il a nombreuse. Il appartient à cette catégorie d’homme que l’on devrait apprécier mais où la fin de chaque rencontre vous fait sentir un soulagement intense et d’autant plus délicieux qu’il est coupable. En toute honnêteté, je l’apprécie plus que je ne devrais. Mais le voir me rappelle toujours que je l’apprécie mieux de loin.

Ajoutons à la liste des acteurs de ma, toute, petite enfance le curé responsable de ma naissance. Je ne l’ai jamais connu mais une fois par an je le remercie d’avoir eut ce sermon. Lorsqu’il vivait je lui envoyait toujours de l’argent, du vin et des fleurs. Maintenant qu’il se trouve être mort, je me contente de penser à lui. Plus rapide, moins couteux mais tout aussi sincère. J’apprécie la vie qu’il m’a donné même s’il n’avait pas prévu que je la passerai ainsi. Au fond, la vie se révèle souvent imprévisible et moi encore plus. Cela dispense mon ennuie et aussi celui de mes proches.

Le décor de mes premières années est celui du château familial. Assez prévisible je le concède. Dans l’arrière pays berrichon dont la principale richesse est sans doute le mouton, à moins que ce ne soit le bélier. Je n’ai pas hérité des terres, évidemment, et de toute façon je n’ai jamais été un homme de la campagne. C’est amusant et ça vous fait apprécier le charme de la ville mais on ne peut pas y construire une vie. Et puis mon commerce est la pureté de l’âme humaine, ce que l’homme se mets sous la dents pour ne pas séparer spirituel et temporel trop vite ce n’est pas mon problème. Le berrichon outre les moutons que j’imagine probablement, possède une campagne que je vois comme assez morne, assez verte et avec de gros nuages un peu partout. Il s’agit d’une licence artistique vous vous en doutez. Quelque jour il devait pleuvoir et je suis presque sur qu’en hivers la neige et le gel colorait l’herbe de blanc. Comme je ne compte pas raconter de souvenirs extérieurs particulièrement intéressant pour un lecteur indolent ce n’est pas un problème. Figurez vous un château dans un espace bucolique où les femmes ont les joues rouges, les animaux sentent mauvais et les paysans s’expriment dans un patois qu’il est humainement impossible d’apprécier. Voilà, maintenant pénétrez dans le château et dirigez vous dans la salle à manger. Une salle à manger est toujours un bon indicateur sur le propriétaire des lieux. À notre table on trouvait toujours des mets de choix, mon père est un connaisseur de bonne chère même s’il ne la tue pas toujours lui même. On trouve aussi une quantité  de vin importante qui est toujours utile pour avaler des vipères. Il s’agit d’une table alliant donc à la fois les plaisirs cher à mon géniteur, et cher au vu de notre situation financière, et le pragmatisme de ma mère. Autour de cette table, on trouve un petit groupe qui dîne à la lueurs des bougies dans le claquement de couverts contre la porcelaine. Les trois acteurs plus tôt mentionné, et votre serviteur, réunis à l’extrémité nord de la table, tassé presque. Puis à l’extrémité sud, le plus loin des mets, là on espère qu’on oubliera de les servir la maitresse de mon père et sa fille.

Ne vous imaginez pas que je parle de la couteuse maitresse de ma naissance. Celle là est partie lorsque j’avais cinq ans et je n’ai aucun souvenir de sa personne. (Lorsque je dis partie, je veux dire qu’elle a trouvé un amant plus riche, elle n’est pas morte… Elle l’est peut être maintenant mais ça ne compte pas). Je parle de la nouvelle, et actuelle, maitresse de mon père. La tenante du titre depuis trente ans donc ! Une mauresse, ou une éthiopienne je n’ai jamais comprit la différence précise entre ces races. Une personne ayant la peau noir, les dents blanches et les cheveux crépus. Je ne me souviens plus des circonstances de son arrivée. Je ne vois pas ma mère hurler à mort, elle a sans doute prit la chose avec résignation un petit peu comme mon futur enrôlement dans les ordres. Je ne sais pas non plus ou et comment mon père l’a trouvé. Un jour, elle s’est installé pour dîner à notre table et elle n’a jamais cessé de le faire depuis. Maintenant que j’y pense, je n’ai aucune idée de ce qu’elle fait en dehors des repas. Ça ne me passionne pas. Mais quand même ! Elle ne doit pas être enfermée dans un donjon toute la journée. À la mère est venue s’ajoutée la fille, Antiope (la pauvre est née en pleine crise de préciosité de mon père). Plutôt fine, la peau plus claire que sa mère, tout le monde dit qu’elle a mes yeux mais je suis toujours trop fasciné par la masse incroyable de ses cheveux pour en tenir compte. Je suppose que j’aurais put l’apprécier mais je n’ai jamais fait l’effort de trouver quelque chose à lui dire. Mon père hésita longtemps entre entre la marié à un bourgeois pas trop regardant et en faire une religieuse. Il est toujours plus attentif au bien être de sa batarde qu’à celui des enfants. Il choisit le bourgeois mais ce dernier mourut d’une chute de cheval quelques jours après la noce.

Quoiqu’il en soit de mon enfance je garde donc uniquement le souvenir de ces dîners passés dans le silence, et que je revis les rares fois où je reviens. Ce n’est pas vraiment que nous sommes gênés, même si manger face à la maitresse était une humiliation pour ma mère. Mes parents n’avaient que peu de choses à se dire. Sans se détester, il s’agissait d’un couple si mal assortis que toute forme de conversation tournait court. Je parlais à mon frère, mais par respect pour ma mère ignorait les intrus. C’était interminable dans une pénombre dorés et très vite j’en conçus une véritable répulsion pour la viande, qui me suit encore aujourd’hui.

**

Ce furent les jésuites, je n’ai jamais compris ce choix, qui se chargèrent de mon éducation. Je ne sut jamais s’ils furent content de moi. Je ne manquais pas d’intelligence et les épreuves théoriques ne me posaient pas de problèmes. En revanche, je possédais déjà un mélange de malaise et de répulsion terrible à la pensée de groupes trop grands. Impossible de me faire travailler en équipe ou argumenter en public. Je me murais dans le silence et un jeu de sourcils et de sourires sardoniques me permettaient d’approuver ou ironiser ce que l’on me proposer. Je ne sais d’où me venait ce caractère. Il n’y a pas une once de timidité en moi et le regard des gens ne m’intimide pas. Mais je les trouve si épuisants, si bruyants, si irrationnels. C’est plus fort que moi, leur compagnie m’épuise. Et je résistais à ma façon. Je résistais aussi aux matières théologiques. Leur absence de logique et l’aspect irrationnel de ces choses m’ennuyaient. Je ne comprenais pas qu’on puisse passer autant de temps en suppositions, en miracles et en causes aussi vaseuses que « la volonté de Dieu » pour expliquer «  la transformation de l’eau en vin ». Cette absurdité me perturbaient et le caractère si profondément théorique de la chose me perturbait. L’idée de passer le restant de ma vie à étudier ça me révulsait. J’avais hérité du pragmatisme de ma mère mais pas de sa résignation.

Étrangement si les gens m’épuisaient je présentais un véritable talent pour la mise en forme et la manipulation. Ce n’était jamais moi qui mettais en oeuvre les plus cruelles de mes farces, et toujours les autres qui se faisaient prendre. Prudemment, je restais en retrait mais ça me divertissait. Il s’agit sans doute du meilleurs de mes années d’études. Ça et mon initiation aux sciences rationnel par quelques jésuites plus intelligent que la moyenne. Ils comprirent que la théologie m’ennuyait, que la rhétorique me servait mais que jamais je l’étudierais. Par contre comprendre le fonctionnement matériel de notre monde apparaissait infiniment plus passionnant que les caprices d’une divinité. On me laissa donc étudier, souvent par la pratique, ce qui me semblait digne d’intérêt.

**

La cour ! Que dire de la cour ? Sans doute rien de bien. Ce fut pour moi une expérience pour le moins amer et même si j’en tire de grands enseignements et une direction pour ma vie future. S’appesantir sur les échecs ne fait aucun bien. Mais par honnêteté envers mon honorable lecteur, qui doit mener à leur perte mes éventuels meurtriers, je vais quand même coucher par écrit les causes de mon échec comme courtisan. Une part vient de ma famille, importante mais pas suffisamment pour s’imposer en elle même. Nous nous devions d’être toujours placé dans l’orbite de gens plus puissants. Et moi, pauvre prêtre n’ayant que mon apparence et ma culture pour moi, je me plaçais dans l’orbite de mon frère lui-même dans l’orbite d’un grand seigneur. Pour gagner en prestige et en puissance, il s’agissait d’un billard à trois bandes hasardeux. Je n’ai jamais aimé le hasard qui s’oppose à ma nature prudente. Autant dire que m’en remettre à la chance pour tenter de gravir un peu l’échelle sociale ne me tentait guère. Pourtant je me pliais à ce jeu pendant des mois.

Je me sentais comme un cabotin. Ou un chien savant. Pas la peine de faire preuve d’intelligence, ici. Il fallait juste se montrer plaisant. Je ne m’y montrais pas mauvais. Je misais parfois sur le bon cheval. Mais des incompétents mieux nés que moi pouvaient toujours venir rafler la mise sous mon nez. Le jeu voulait que j’accepte la défaite en souriant et que je prononce les félicitations rituelles. Je m’y pliais malgré des aigreurs d’estomacs indéniable. Mais les Cauvigny ne perdent jamais leur amabilité, c’est une cause de fierté dans la famille. Je perdis donc une ou deux fois d’assez bonne grâce ce qui me valut d’être reconnu par les courtisans comme un homme ayant la défaite aussi élégante que ses tenus. Mais je ne gagnais pas en puissance. Et surtout pas en fond. Il est dur de s’élever socialement, comme en témoignent ces bourgeois qui veulent gonfler leur titre. Et qu’on ne pense pas que commencer en haut, médiocrement en haut mais en haut, rende l’ascension plus facile. Peu importe où l’on se trouve il s’agit d’un exercice complexe. Et la réussite de cet exercice m’a été refusé plusieurs fois. Heureusement cette expérience fut aussi riche en enseignement qu’elle le fut en défaites. Dans le prolongement de mes années d’études, j’eut le loisir d’apprendre combien l’âme humaine se révélait petite et étriquée. Après tout j’étais prêtre. Les confessions peignaient pour mon seul ennui la diversité et l’homogénéité troublante des considérations humaines. Honte et orgueil apparaissaient vite comme grands moteurs de la vie de ces gens. Ils entrainaient dans leur sillage les sept péchés capitaux. Paresse, avarice, cupidité et colère viennent de ces deux sentiments. L’orgueil ayant ceci de fabuleux qu’en tant que péché, il peut être entrainé par la honte ou par lui même. Ma famille en est l’exemple parfait. L’orgueil a entrainé l’orgueil chez Vincent et ma mère tandis que c’est la honte qui a créé le même péché chez ma soeur Antiope. Sans vouloir faire de généralité, l’orgueil comme source des mots est bien plus présent à la cour que la honte. Et cette dernière est toujours alimenté par une histoire torturé et exploitable.

Durant ces années, comme m’aplatir, mentir et manipuler menaient nul part je continuais d’approfondir mon amour des sciences. Mais pour ne pas totalement contrarié ma profession religieuse je m’enfonçais un peu plus profondément dans le mysticisme. Je dois reconnaitre que l’alchimie me passionnait et que certaines maitresses n’existèrent dans ma bouche que pour justifier ces longues nuits d’études. L’intelligence et les études ne sont pas bien vus au sein de la noblesse. La richesse non plus d’ailleurs. On la tolère mieux parce que c’est utile pour s’acheter des tenues couteuse et de l’alcool, deux choses très appréciées par l’aristoractie. Mais quand même. Au fond ne pas avoir de problèmes d’argent, ça fait un peu bourgeois non? L’alchimie vient comme une passion couteuse et compliquée. Et pour laquelle je ne montrais pas beaucoup de talent une fois sortie du domaine théorique. J’eut même de nombreux ennuies avec mes voisins parce que mon appartement dégageait une odeur trop nauséabonde. Je tiens à préciser qu’elles n’étaient pas volontaire et que la faute est sans doute venu des produits de seconde main que j’ai acheté. Les études occultes ont ceci de fascinants qu’elles vous entrainent toujours plus loin dans le noir. Ce qui n’est pas un comportement très rationnel. Mais en acquérant savoir, connexions et avidité on veut toujours aller plus loin. Les sciences terrestres me menèrent donc à l’alchimie qui mena aux sciences noires et au satanisme. Vous vous douterez que ce raccourcit vint du fait que je ne tiens pas à étaler sur des pages et des pages le cheminement tortueux de ma pensée. Je ne m’en souviens pas entièrement de plus. Mais il m’apparut assez rapidement que si j’étais capable d’engloutir des sommes monstrueuses dans de telles pratiques je ne devais pas être le seul. Et donc comme ce n’était pas vraiment un commerce je pouvais le pratiquer sans y déroger.

**

À ce moment du récit, je dois introduire un nouveau personnage, d’une importance cruciale. Arthur Duplessy. Je ne dirais pas qu’il maitrisait l’âme humaine mieux que moi. Mais il avait une façon de jouer sur l’irrationalité de son entourage, un talent pour appuyer peur, enfance, croyance et fascination que je ne pouvais posséder. Pour subjuguer femmes et riches, il ne fallait pas juste appuyer sur la froide rationalité. Il fallait parler aux peurs de l’enfances, aux contes religieux, et aux frayeurs nocturnes.Avec un visage gravé dans la gravité, des paroles mesurées, un regard sombre et vifs Arthur incarnait la figure parfaite du satanisme. Sans oublier qu’astrologie, religion et magie noire demeuraient liés dans l’esprit des gens. Par chance, cet intellectuel ambitieux se passait bien facilement de scrupules et aimait l’argent plus que l’exactitude de la science. Surtout après qu’on se soit dispensé de ses services comme astronome royal. Je vous ait peint son esquisse en peu de mots. Je ne vois que peu de choses à ajouter, si ce n’est un amour du jardin que je trouve toujours un peu consternant. Une vague tendance à désapprouver mes maitresses, ce que je trouve un peu intrusif de sa part. Notre coopération fut basé sur une mutualisation des relations, des connaissances, des charismes et des ambitions. Il fournissait l’aura glaçante qui contentait les foules ayant besoin d’être théorisé et je mettais au service de notre cause un talent pour la mise en scène que je me soupçonnait pas. Incroyable à quel point égorger un bébé en écorchant de l’amaréen fait de l’effet au foule et peut se révéler lucratif. Ça subjugue les femmes en recherche d’amour et les hommes voulant se débarrasser de leur grand tante. Au delà de efficacité de notre collaboration, je dois avouer que j’apprécie assez les qualités d’Arthur et que passer du temps avec lui sans messe noir est toujours intéressant. Ses filles sont charmantes aussi, même si la cadette promet de devenir plus redoutable, froide et psychotique que son père. Rien de bien étonnant, les femmes ont toujours eut les capacités de surpasser les hommes dans le bien comme dans le mal.  

Ma collaboration avec ce charismatique astronome connut bientôt un succès retentissant qui nous força à quelques aménagements de nos activités. Abuser la crédulité des masses avec du sang, des étoiles et des paroles marmonnées en araméen se révèle toujours infiniment plus efficace lorsque l’on donne un caractère concret aux prophéties tant désirées. Et finalement quitte à prédire la mort prochaine d’un ainé gênant autant s’assurer qu’elle arrive. Il s’agissait de se montrer subtil évidemment, on ne pouvait pas nous soupçonner de jouer avec le destin. Quoique… je suppose que certains se seraient réjouit cyniquement de notre efficacité. Mais les âmes faibles ont besoin de croire au surnaturelle et pas uniquement à l’action efficace d’un sous-traitants diligent. Et nous voilà, Arthur et moi, coincés au milieux de mimique et de satineriezqui ne valent pas mieux que les bondieuserie. Au contraire même ! On se plaint parfois de la complexité de l’eucharistie mais maintenant que j’ai un point de comparaison je dois avouer que les pères de l’Eglise nous ont quand même bien simplifier la tâche. Il faut voir le cirque que c’est d’organiser une messe noire. C’est salissant, c’est cher, c’est long et on est forcé de tout le temps se renouveler entre les pentacles, les formules, les abjurations et les sacrifices. C’est que les gens ne supportent pas la routine dans l’invocation du diable. Curieux quand même. Je suppose que quitte à plonger dans une secte autant ne pas faire les choses à moitié. Et on est toujours plus exigeant lorsqu’on choisit un culte auquel croire que lorsqu’on subit la religion imposé par ses parents. Ça me laisse perplexe, comme un lecteur perspicace s’en serait douté.

À titre d’exemple, je pourrais m’étendre des heures sur cette anglaise. Elle a quitté son ile pour des raisons obscure, à mon sens le temps justifiait un exil mais elle a eut besoin d’une plus grande motivation. Une motivation qui se dessine en demi-teinte dans les silences si elle parle de son époux ou de sa famille. Une motivation prouvant que cette femme n’a pas froids aux yeux.  Une motivation qu’elle me souffla dans une fausse confesse alors qu’elle se jetait à corps perdu dans cette religion du démon que je prêche pour les initiés. Et sa croyance m’étonne toujours en ce que cette femme devrait avoir conscience de la matérialité des solutions aux problèmes de l’existence. Et pourtant elle s’encombre d’une nouvelle foi dans le démon. Prières, messes, confesses, tout ça la patronne pour un peu que ça ait l’air de faire appel aux sciences obscures. Ce qui est dommage pour elle, mais aussi pour moi. Le charme de ce visage dessiné d’une main experte est clairement masqué par la perplexité un peu dégoutée qui me frappe dès qu’elle se comporte comme une exaltée. Le fanatisme religieux a un pouvoir castrateur. Sur moi en tout cas, la Rome papale montre que visiblement il y en a qui trouve ça excitant. Judith révélait toutes les qualités d’une fanatique religieuse, et un talent pour la dépense sans contexte. Mais qu’est ce qu’elle était exigeante. Du temps, de l’argent, du drame !

À propos de drame, une autre femme est rentrée dans ma vie en même temps que Judith, il y a quelque mois. Singulièrement plus petite. Ma fille. Le concept en soi me laisse perplexe. Je ne vais sans doute pas conserver le possessif bien longtemps pour parler de Sélène. (Je n’ai eut aucun droit de regard sur le prénom mais j’y reviendrais). Bref. La fille de mon principal apothicaire qui devient grosse ! Et son incapable de père qui ne pense pas plantes, aiguilles ou que sais-je encore. J’aime autant vous dire que ça ne m’a pas rassuré sur le professionnalisme de ce fournisseur qui m’a livré une descendance inopportune. Mais comme il exerçait un monopole insupportable sur des poudres que je devais conserver, j’ai cédé, reconnu le bébé (je ne pouvais que difficilement nié la paternité, elle était vierge puis son père l’a enfermé) et prit le marmot avec moi. Par commodité domestique, je fit monté ma soeur à Paris. Pas de mari, pas d’enfants, pas d’avenir (notre père avait enfanté un autre batard lui ayant volé la place de favoris), elle se présentait comme la candidate idéale pour servir de nourrice, gouvernante, et autres choses destinées à s’occuper des enfants. C’est elle qui a choisit Sélène comme prénom. Peut être qu’elle voulait Sereine, ce qui n’est pas un prénom mais Antiope manque tristement de jugeote. Ou Sérena. Mais ma fille est brune. Jamais une Sérena sera brune. Et Sérena sonne de toute façon conne et fille facile. Sélène donc est dans ma vie ce que l’aumône aux pauvres est dans l’existence d’un Harpagon Tartuffe. Une inconvenance avec laquelle je compose. Surtout parce que quand son grand-père est mort, Antiope a menacé de tout raconté à notre frère si j’abandonnais le bébé. Et comme c’est lui qui tire les cordons de la bourse. Bref. Depuis 8 mois au lieu de vivre seul (avec domestiques), je vis seul, avec domestiques et soeur et bébé. Ce que c’est contraignant. Ça joue sur mon rythme de sommeil, ma capacité à amener des femmes. Et ça a condamné une partie de mes appartements. Une tannée ! Et puis c’est petits, ça ne sait ni parlé, ni marché. Et même celle qui sait parlé n’est finalement pas bien intéressante. Depuis que l’une a amené l’autre je note une apparition récurrente de marques sur ma peau qui indiquent que mon rythme de vie n’est pas aussi sain que ce qu’il l’a été. Je vais sans doute porter des stigmates de vieillesses précoces et cette perspective  me pousserait presque à me convertir au culte que j’ai moi même créé/

Pour éviter à d’autres de se retrouver dans ma situation, ou ne pas subir une diabolique répétition de mes erreurs. J’ai repéré, formé, placé Sophie. Petite chose vicieuse, avide d’argent et qui me doit tout. Au service d’une italienne que j’estime personnellement assez niaise, elle est mes yeux et mes oreilles dans l’entourage du ponce. Qui assume moins sa fille que moi. Moi au moins je ne mens pas. Je ne m’en vais pas raconter partout que c’est ma nièce. Certes, je ne l’assume pas et personne ne sait qu’elle existe. Mais je ne m’en pas sur nos liens de parentés. Alors que lui l’a caché puis a mentit ce qui a mes yeux est une double lâcheté que je ne pourrais jamais pardonné. Jamais. Heureusement qu’il a jamais eut à conquérir des cités tel un Borgia ou un César. Donc Sophie, sur laquelle j’ai une maitrise totale, me rapporte au fur et à mesure que je le juge nécessaire des informations sur sa maitresse. Et ce n’est qu’un exemple des nombreux pions que j’ai mit en place. Mais c'est amusant. Parce que même si certaines histoires ne sont pas politiquement exploitables, elles sont parfois un tel reflet d'imbécillité que j'en ris seul. Il faut dire que je suis un homme qui s'amuse de peu.

Il y a les pions et les collaborateurs. Moins utile qu’Arthur mais une agréable alternative au grand-père de ma fille, la marquise de Brinvilliers. Jolie, intelligente, portée sur les poisons, elle pourrait devenir mon fournisseur principal si elle n’avait pas un domestique aussi gênant. Je veux dire. Elle est charmante, très porté sur l’argent et assez peu sur le fanatisme. J’aimerais que plus d’adhérant du cercle ait sa rationalité. Certes, elle marmonne des trucs en faisant ses potions (comme si ça apportait une quelconque efficacité au poison que de réciter le nom des apôtres à l’envers). Mais elle ne fait pas de crises avec des yeux révulsés ou des vêtements déchirés pendant qu’on invoque le diable. Ce qui pourrait être appréciable au vu de ce que je devine de la silhouette. Ces épisodes de démence s’accompagne toujours d’un frisson qui me remonte la colonne vertébrale. Une réaction parfaitement rationnelle face à l’irrationnel que déclenche une mascarade chez les gens. Et Eduard Ortega son domestique est d’un comique sans nom. Un de ces idiots gouvernés par leur coeur et qui veut la protégé de moi. Il s’imagine que je ne suis pas un être fiable. Mais je ne vois pas ce qui lui fait dire ça. Il n’empêche que c’est follement divertissant. Ce visage brutale, mal dessinée et incapable de distinction qui se froisse et se plisse comme une feuille avec laquelle on forme une boulette. C’est d’une drôlerie que les expressions frustres et animale de ce grand imbécile. Vraiment. Et quand il essaie d’être subtil. Mais c’est à mourir de rire ! Littéralement. Presque autant que lorsqu’il doit contenir sa colère parce qu’il ne peut pas lever la main sur moi. Mais cette contraction. Et cette colère dans le regard. Un de mes grands plaisirs quotidien que de jouer sur la corde sensible de cet imbécile pour l’énerver. Des fois je vais voir la Brinvilliers juste pour ça. Après une nuit troublée par les hurlements d’un bébé rien de mieux que de détruire la matinée d’un domestique en lui insufflant une colère et une rage qu’il ne peut pas expulser. Comique, comique, comique. Je pourrais mélanger affaire et plaisir en me mettant dans le lit de la Brinvillier juste pour augmenter sa rage. Je pourrais aussi faire croire que je couche avec. C’est physiquement moins éprouvant (non pas que je dédaigne l’effort) mais intellectuellement beaucoup amusant. Oh le beau quiproquo ! Ces mémoires m’ouvrent des perspectives que je ne peux pas attendre pour mettre en action. Voilà pourquoi je vais m’en tenir là quitte à ajouter quelques menus détails ultérieurement.


Comme je sais que l’intelligence et la patience ne sont pas des qualités requises pour intégré la police, d’ailleurs il n’y a pas de qualité au sein de la police contrairement au salon de la rue payenne. Je tiens à la disposition de mon diligenté lecteur une liste précise avec des chef d’inculpation. Ainsi je mâche le travail de la justice royal qui serait bien assez aimable de frapper si jamais la justice divine se penche d’un peu trop près sur mon cas. Peut être que cette liste atténuera un petit peu mes péchés. Au moins, ça m’amuse de me dire que je ne serais pas le seul à mal finir.

Sincèrement votre,

Malin, Abbé de Cauvigny.



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