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 Cueillez, cueillez votre jeunesse. [PV. Athénaïs]


Cueillez, cueillez votre jeunesse. [PV. Athénaïs] EmptyLun 26 Nov - 2:40

    Mignonne, allons voir si la rose
    Qui ce matin avoit desclose
    Sa robe de pourpre au Soleil,
    A point perdu ceste vesprée
    Les plis de sa robe pourprée.
    Et son teint au vostre pareil.
    Las ! voyez comme en peu d’espace,

    Mignonne, elle a dessus la place
    Las, las, ses beautez laissé cheoir !
    O vrayment marastre Nature,
    Puis qu’une telle fleur ne dure
    Que du matin jusques au soir !
    Donc, si vous me croyez mignonne,
    Tandis que vostre âge fleuronne
    En sa plus verte nouveauté,
    Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
    Comme à ceste fleur la vieillesse
    Fera ternir vostre beauté.

    Louise referma le livre et expira bruyamment, comme si elle s'étouffait. Se raclant la gorge, elle déposa le recueil de poèmes de Ronsard à côté d'elle, sa jolie main blanche tremblant légèrement, et qui passa sur son front, aussi blême que son visage. Avec la robe rose clair au corps de jupe brodée de marguerites, associée à sa pâleur de cire, Mademoiselle de La Vallière ressemblait plus que jamais à une poupée de porcelaine. Une poupée de porcelaine qui se promène, comme les funambules, sur un fil de fer. Une poupée de porcelaine qui sait que, d'une seconde à l'autre, elle va tomber et se fracasser la tête, ne laissant plus, derrière elle, qu'une toilette vide et un petit coeur qui a résisté à la chute. Enfin, presque. Il est cassé en deux.

    Elle rejeta la tête par derrière, s'appuyant sur le dossier du fauteuil en velours bleu, et ferma les yeux. Après l'avoir terrorisée, la notion de vieillir, de perdre sa beauté semblait maintenant si loin. Elle regarda son reflet dans un miroir non loin. Elle était belle, certes, mais pour combien de temps durerait sa beauté? Et elle était lasse, lasse. Lasse de la vie en général. C'est terrible d'être dans la fleur de l'âge et d'être lasse de la vie. La mort viendrait.
    Et peut-être l'enfer... Mais Louise faisait partie de ces femmes trop sensibles, esseulées par leur amant. Et elle était amoureuse. Follement, désespérément. C'était sa raison de vivre, point. Mais ces temps-ci, Louis semblait si préoccupé par autre chose... Il ne lui restait plus que lui, maintenant que ses deux enfants avaient disparu. Quant à celui ou celle qui, peu à peu, prenait vie dans ses entrailles, elle se sentait développer en elle la possessivité d'une lionne. Elle, la douce Louise? Oui. Cet enfant était à ELLE, cette fois-ci.

    Lorsqu'elle ouvrit ses yeux bleus, elle vit une personne de dos, une jeune femme, qui refermait une des portes du salon de Diane. Lorsque la dame en question se retourna, Louise reconnut le joli minois de sa meilleure (et seule) amie, Athénaïs de Montespan, qui, l'apercevant, se dirigea aussitôt de son côté, un grand sourire aux lèvres. Le visage de la favorite s'illumina. Exceptionnellement, tout l'après-dîner, elle avait été toute seule dans le salon, puisque, habituellement, il y avait toujours quelqu'un soit pour la fusiller du regard, le mot "catin" aux lèvres, soit pour la toiser d'un air narquois, soit pour s'approcher innocemment pour demander d'intercéder en une faveur pas si innocente que ça... Se levant en sautant presque, la duchesse de La Vallière prit les mains de son amie et les serra très fort, son sourire irradiant son visage et la rendant plus jolie que jamais.


    - Que je suis heureuse de vous revoir! Vous avez été cruelle de m'avoir laissée sans nouvelles si longtemps. Alors, vos salons chez votre amie, Madame Scarron, sont-ils toujours aussi spirituels?

    Vous avez été cruelle de me laisser sans nouvelles. Pauvre Louise. Dans sa naïveté touchante, elle n'avait rien compris. Rien compris des manoeuvres d'Athénaïs, qui, en se rapprochant d'elle, en profitait pour faire de l'oeil à un Louis XIV qui, dans sa jeunesse, avait été séduit par la pureté de la robe blanche, mais qui devenait de plus en plus attiré par les couleurs riches de l'orchidée. L'orchidée, symbole de l'amour précieux, l'amour pédant, intéressé, et superficiel. Tellement superficiel. Et plus épineuse que sa soeur la Rose, bien que ses épines soient invisibles, tant on est ébloui par sa beauté.

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Cueillez, cueillez votre jeunesse. [PV. Athénaïs] EmptyDim 2 Déc - 19:38

Le dimanche était passé à une allure incroyable. Son mari étant de retour de campagne militaire, la marquise de Montespan avait donc passé la fin de semaine avec lui et les enfants. Cela avait le don de l'ennuyer prodigieusement, mais il le fallait afin d'éviter une dispute supplémentaire. Les accrocs avaient tendance à se multiplier ces derniers temps. Plus le temps passait et plus le mari et la femme se rendaient compte qu'ils n'avaient pas tant d'affinité que cela finalement. Elle aimait briller, il aimait se terrer dans l'ombre, elle avait de l'esprit et avait le goût du luxe, il aimait les choses simple et point trop compliquées. Il adorait ses enfants, et pour l'heure la marquise ne se sentait point la fibre maternelle. Il fallait dire qu'elle avait été quelque peu découragée lorsque leur fille Marie-Christine, leur premier enfant, ne se calmait que dans les bras de son père alors qu'elle n'était qu'un nourrisson, tandis qu'Athénaïs n'arrivait à rien avec elle.

Ce dimanche était donc, et fort heureusement, passé relativement vite, d'autant que la mère du marquis était venue les visiter. Et en belle-mère qui se respecte, cette femme n'avait cessé de juger et toiser l'épouse de son fils, ce qui avait le don s'agacer profondément celle-ci qui n'avait pas tendance à se laisser faire loin de là. Ainsi, la veille de la reprise s'était achevée par une énième dispute.

Athénaïs était donc on-ne-pouvait plus heureuse de reprendre son poste en ce lundi matin. Elle avait d'ailleurs promis à Louise de la Vallière, son amie et collègue de travail, de venir un peu plus tôt afin de lui conter sa soirée au salon de Ninon de L'Enclos, où elle avait été introduite grâce à son amie Françoise d'Aubigné, la veuve Scarron.
C'est donc vêtue d'une robe bleu azur relevée par la blancheur de trois rangées de dentelles sur la surjupe et aux manches que la marquise fit son apparition dans le salon de Diane, lieu du rendez-vous entre les deux jeunes femmes. Étrangement, il n'y avait personne. D'habitude, en cette heure, les salons grouillaient de courtisans qui attendaient pour le lever du Roy ou se préparaient pour leur journée. La marquise prit soin de refermer la porte et se retourna, ayant pour seule vue celle de son amie assise sur un fauteuil. Elle se dirigea donc vers Louise qui s'empressa de se lever pour la saluer. Leurs mains s’étreignirent et la chaleur de celles de Louise firent un bien fou à Athénaïs qui venait de l'extérieur et dont les gants de cuir n'avaient suffit à réchauffer ses blanches mains lors du trajet. Le sourire de Louise faisait plaisir à voir, quoi qu'elle étaient bien souvent de nature enjouée. Elle semblait pressée de connaître le compte-rendu de la soirée de salons de son amie. Athénaïs sourit à son accusation, lâchant délicatement les mains de la favorite une fois que les siennes furent réchauffées.


-Eh bien, accusez donc la fin de semaine et la présence de mon mari, sans quoi je serais restée ici avec vous.

Elle jeta un heure à la pendule qui l'informa qu'elles avaient encore au moins une demi-heure pour deviser ensemble avant que de devoir se rendre auprès de la reine pour le début de leur service.

-Je suppose que vous attendez impatiemment que je vous conte mon arrivée chez Madame de L'Enclos ? Commença-t-elle l'air fier. Eh bien j'avais donné rendez-vous sur place à mon ami Stefano Sforza, qui souhaitait connaître les salons, ce qui me permettait de ne point y arriver seule. Mais à cause de mon fieffé mari, aventure dont je vous épargnerai le fastidieux contenu, j'arrivai en retard. Mon pauvre milanais est donc entré sans moi, et lorsque j’accourrai à mon tour à l'intérieur, je l'ai trouvé seul assis, sirotant un doux vin blanc, attendant mon arrivée. Madame de L'Enclos quant à elle était rayonnante, égale à elle-même et à la hauteur de sa réputation. Elle reçoit fort bien et est fort érudite en bien des domaines.

Tout en parlant, Athénaïs s'était assise sur le fauteuil qu'avait laissé libre son interlocutrice. Machinalement, elle attrapa le livre que celle-ci avait laissé, et probablement commencé à lire en l'attendant. Un recueil de poèmes de Ronsard.
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Cueillez, cueillez votre jeunesse. [PV. Athénaïs] EmptySam 22 Déc - 16:11

Louise ne put s'empêcher de sourire devant la boutade d'Athénaïs, répondant que la fin de semaine chargée et son mari l'avaient empêchée de rester avec elle. Elle avait toujours été sincèrement désolée pour Athénaïs. Elle était mariée à un homme qu'elle n'aimait plus... Alors ça, c'était franchement affreux, un mariage qui partait comme cela, à la dérive, sans que rien puisse l'arrêter. Elle, Louise, avait la chance d'être aimée d'un homme... Un roi, certes, mais pour la belle, cela n'avait aucune importance. Elle rougit de plaisir, devant le fait que son amie aurait bien mieux préféré rester avec elle, de façon sincère. Athénaïs était comme une bouffée de fraîcheur, la seule personne avec qui elle pouvait parler de tout et de rien, et rire comme de fraîches jeunes filles.

Voyant Athénaïs jeter un coup d'oeil à la pendule, elle vit qu'il lui restait une demi-heure pour retourner dans la lourde atmosphère des appartements de la Reine. La Reine, qui allait être tout souris pour Athénaïs, mais qui la regarderait d'un air profondément méprisant, le mot "putana", qui veut dire prostituée, en espagnol, aux lèvres. Elle allait devoir s'armer de courage. Aussi décida-t-elle de profiter le plus possible de ce petit moment avec Athénaïs. Celle-ci d'ailleurs, ne tarda pas à raconter sa soirée avec Mme de l'Enclos, racontant la petite aventure qu'elle avait eue avec son mari, la faisant arriver en retard, de sorte qu'elle ne put introduire elle-même un certain gentilhomme milanais. Mais grâce à l'hospitalité de Ninon, tout s'était arrangé.Tout en parlant, Mme de Montespan s'était assise sur le fauteuil qu'avait laissé libre son interlocutrice. Louise s'assit auprès d'elle, attentive à ses moindres paroles Machinalement, elle attrapa le livre que Mlle de La Vallière avait laissé, et qui l'avait tant troublée. Un recueil de poèmes de Ronsard.

Louise rougit fortement, même s'il n'y avait pas de raison d'être. Craignait-elle qu'Athénaïs découvre sa détresse de tout à l'heure? Par un petit sentiment de pudeur, peut-être. Louise toussota et balbutia:


- Oh, tiens, je l'avais déjà oublié, celui-là...

Elle sourit quelque peu exagérément, tentant de cacher son trouble, visible par sa rougeur. Louise détestait rougir. Quand elle était nerveuse, triste, folle de joie, elle rougissait. C'en était insupportable. Vraiment!

- Une lecture fort agréable, je dois dire... Pleine de sensibilité... Sûrement, vous les avez déjà lus, étant donné que je ne suis qu'une pauvre débutante!

Seigneur, faites en sorte qu'Athénaïs ne s'aperçoive de rien. Seigneur, faites en sorte que Louise ne soit pas dévorée par ce vautour, dans ce moment de faiblesse. S'il vous plaît.
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Cueillez, cueillez votre jeunesse. [PV. Athénaïs] EmptySam 29 Déc - 17:30

Athénaïs aimait parler, conter, mettre en scène... Dans la narration, elle était dans son élément. Alors qu'elle contait donc sa soirée riche en informations intéressantes sur les uns et les autres, elle remarqua que Louise avait rougi en évoquant sa lecture des poèmes de Ronsard. La favorite n'avait pas son pareil pour trahir ses émotions, malgré le soin qu'elle apportait à tenter de les dissimuler. Ainsi, son sourire exagérer et ses joues devenues en quelques secondes écarlates ne tardèrent pas à mettre à puce à l'oreille à son interlocutrice. Voyant l'état de Louise, Athénaïs ne put s'empêcher de sourire. Qu'avait-elle donc à rougir ainsi ? Le roy lui aurait-il glissé un billet quelque peu compromettant à l'intérieur du recueil ? Après tout où était le problème ? Tout un chacun savait la position de la duchesse de la Vallière... Alors pourquoi une telle gêne tout à coup ?

-Oui, Ronsard fait partie des auteurs que j'ai maintes fois lus. Ses poèmes sont de renommée nationale... Ne me dites-pas que vous ne vous y étiez jamais employée ? Ajouta-t-elle avec un petit rire.

La marquise ne comprenait pas non plus pourquoi la duchesse se rabaissant en se qualifiant de débutante... Que se passait-il dans sa tête ? Elle plongea donc ses yeux azur dans le regard de son amie afin de sonder en quelques sortes son âme. Cachait-elle quelque chose ? La curiosité d'Athénaïs était piquée au vif, il fallait qu'elle découvre le pourquoi du comment.

-Qu'avez-vous donc, mon amie ? Vous me semblez tout à coup préoccupée... Quelle est donc la cause de votre trouble ? Il ne s'agit tout de même pas de cette lecture ? Demanda-t-elle en désignant du regard le recueil de poèmes.

Louise était vraiment différente des autres femmes de la Cour. Elle était parfois d'une timidité maladive qui venait d'on-ne-savait où et qui la faisait rougir à tout-va. Comme c'était présentement le cas d'ailleurs. Ce genre d'attitude avait le don, à la longue, d'agacer la marquise qui elle, était dotée d'un très fort caractère, bien trempé, et qui ne se laissait jamais marcher sur les pieds. Cela lui jouait parfois des tours, c'était ainsi qu'elle avait bien failli ne plus être à la Cour après les péripéties auprès d'Henriette d'Angleterre, mais à présent elle était au service de la reine, et donc d'autant plus respectée. Il en était de même pour Louise qui de plus était favorite du roy ! Elle était donc la femme la plus enviée, la plus jalousée, mais aussi la plus admirée, que n'en profitait-elle pas ?! Cela était bien incompréhensible pour Athénaïs qui trouvait alors sa collègue bien fade en comparaison aux occasions de briller qui étaient à ses pieds.
Dans un élan d'amitié quelque peu jouée, Athénaïs pris délicatement les blanches mains de son interlocutrice dans les siennes.


-Allons, reprenez-vous et contez-moi ce qui vous tracasse ainsi. C'est à mon tour de vous écouter, j'ai déjà bien trop parlé...

Trop parler ? Jamais ! Mais il fallait parfois se taire pour avoir matière à parler la fois suivante... Louise accordait sa confiance à Athénaïs, celle-ci serait donc probablement bientôt au fait des pensées de la douce favorite et pourrait ainsi choisir l'oreille privilégiée à qui, à son tour, elle les confierait, en grand secret bien entendu...
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