Elle s'était refusée toutes les gloires qu'aurait pu lui obtenir un seul de ses regards azurés. Personne - ou presque -, ne parvenait à comprendre la raison de cette privation, tant le charmant ensemble formé par l'étendue de sa beauté et la brillance de son esprit plaisait et attisait l'admiration...

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Marie-Madeleine Gabrielle Adélaïde de Rochechouart de Mortemart n'est autre que la fille du Duc de Rochechouart de Mortemart et de Diane de Grandseigne. La plus jeune de la célèbre fratrie Mortemart – et aussi la plus belle -, avait choisi un chemin radicalement différent de celui de ses frères et sœurs, en préférant la piété au faste de la Cour du Roi Louis XIV et le silence au brouhaha de ses sublimes liesses.

Mais pourquoi donc ? Par amour pour le Seigneur, vous dirait-elle... Et possiblement par peur également : quel était cet affreux monde où les conspirations et les méchantes rumeurs s'alliaient pour mieux mettre à genoux celui qui venait à contrarier.

Marie-Madeleine demeure à la fois mortifiée et fascinée par les histoires que lui rapportent ses aînées jusque dans le cloître de son couvent. Elle ne fait qu'écouter la conversation le plus souvent, s’efforçant de taire certains jugements plutôt stricts. Le dernier exemple en date concerne Louise de La Vallière dont les agissements sont - pour Mademoiselle de Mortemart -, tout bonnement inconcevables et même condamnables.

Cet attrait coupable pour les intrigues de Cour, elle s'évertue le plus souvent à le chasser en se noyant dans ses lectures, ses réflexions et traductions. Elle est infiniment instruite, seulement n'a pas beaucoup l'occasion de le montrer entre ses quatre murs. Et ne nous leurrons pas, si Mademoiselle de Mortemart a toutes les difficultés du monde à éteindre sa maladive soif de savoir, c'est en grande partie parce que le savoir était devenu sa seule liberté depuis presque cinq ans. Cinq années de dévotion entière et de pure ferveur.

Elle se souvenait encore - avec une clarté douloureuse -, du jour ou elle avait décidé de prendre le voile à Fontevrault. Marie-Madeleine n'était alors âgée que de 17 ans et tentait de survivre à un immense chagrin, celui d'avoir vu disparaître l'être le plus cher à ses yeux. Oh ! Si cela était un péché que d'avoir profondément aimé un autre que le tout-puissant, alors en effet elle avait été pécheresse et à sa plus grande honte l'était encore aujourd'hui. Mais comment l'oublier, son beau missionnaire au sourire ravageur...

Cet amour voué à l’échec aurait fait pâlir les plus connus des dramaturges. De toutes les personnes qu'elle tenait sous son charme, Marie-Madeleine s'était éprise d'un Chevalier de l'ordre de Malte. Un jeune homme qui avait eu le désavantage de ne pouvoir choisir son destin, mais possédant assez de dévotion et de noblesse pour respecter les vœux que son rôle lui imposait et cela malgré les tendres sentiments qu'il lui portait.

Il dut bien vite se joindre aux campagnes contre les Turcs et les pirates de la Méditerranée. Lorsqu'elle apprit qu'il n'en reviendrait pas, l'affliction de Mademoiselle de Mortemart fut si grande qu'elle souhaita le suivre dans la mort. Cependant, sa bonne conscience ne pouvait se résoudre à un tel acte.

Elle retrouva le courage de vivre grâce à sa famille et à la religion. Sa "vocation" fut grandement encouragée par son père, Gabriel de Mortemart... Lequel ne disposait pas d'une somme assez conséquente pour lui constituer une dot digne de son nom. Fragilisée et pensant son âme sœur éteinte, elle se donna toute entière à Dieu et son culte.

Ah... Et qui vous recommande?: