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 Coup de théâtre...au théatre || TOUS


Coup de théâtre...au théatre || TOUS EmptyLun 6 Avr - 22:46

Molière jeta un coup d’œil satisfait dans les coulisses derrière lui. Les comédiens semblaient un peu tendus, comme toujours lorsqu’ils jouaient – bien qu’ils connaissent parfaitement leur rôle : la pièce n’était pas nouvelle, ils donnaient le Dom Juan. La plupart se changeaient ou rajustaient simplement leur costume, étouffant leurs rires devant les drôleries de La Grange faisant le pitre. Seules, Madeleine et Armande, fâchées depuis le matin, chuchotaient, l’une et l’autre ayant les yeux brillants de colère. Mademoiselle de Brie se trouvant toute proche et prête à tenir son rôle habituel dans les coulisses, autrement dit celui de la médiatrice cherchant toujours à faire retomber les passions (et Dieu sait qu’elle avait fort à faire dans la troupe !), il se désintéressa fort vite de la querelle. Et reporta ses regards vers la scène, où Mlle La Grange et Brécourt, vêtus en paysans, se donnaient la réplique pour la scène Première. Encore quelques minutes et le dramaturge irait les rejoindre, puisque lui-même tenait son rôle traditionnel de Sganarelle…
La représentation s’annonçait excellente. Le premier acte avait été joué avec brio, devant une salle comble. Il avait d’ailleurs eu la joie de constater que certaines personnes d’importance assistaient à la pièce – ce qui ne manquait pas de le surprendre pour une pièce dont la première avait été donnée plus d’un an auparavant. Lorsqu’on tenait compte du fait qu’au nombre de ces personnalités se trouvait Monsieur, les choses s’expliquaient mieux; le Prince venait très régulièrement au Palais-Royal, et ne manquait pas une occasion d’affirmer au dramaturge qu’il y trouvait toujours du plaisir. Sans doute avait-il convaincu un nombre plus important de ses amis de l’accompagner aujourd’hui… Ou alors c’était le comédien qui se faisait des idées.
Tandis que Brécourt-Pierrot prenait un air marri pour dire à sa Charlotte « Jerniquenne, je veux que tu m’aimes», Molière, sans se retourner, chuchota :

«  Prêt, La Grange ? C’est à nous dans quelques instants. »

En se déhanchant plus que de raison pour faire rire les comédiennes, La Grange vint se placer à ses côtés : « Prêt, moi ? Toujours ! Comment peux-tu en douter ? » A faire rire son public quel qu’il soit, cela, Molière voulait bien le croire…
Ils restèrent silencieux et concentrés pendant que les deux comédiens se lançaient leurs dernières répliques. Puis, La Grange précédant Molière, ils quittèrent l’abri des coulisses pour devenir, une fois de plus, Sganarelle suivant Don Juan. Tout en prenant la figure du valet écoutant doctement son maître, le dramaturge embrassa d’un regard rapide la salle. Dire que le public buvait leurs paroles serait abusé, bien sûr ; jamais la salle ne tenait un silence religieux. Cette pensée l’amusa, puisqu’il paraissait que Dieu n’avait pas droit de cité dans ces lieux (il se demanda si l’évêque de Vannes qu’il avait cru reconnaître à l’entracte était gêné par cette absence divine. Visiblement, non.) . Quelques spectateurs s’étant attardés durant l’entracte regagnaient encore leur places, tandis que les dames dans les loges murmuraient derrière leur éventail et que les occupants du poulailler, dont le comportement ne variait de celui des « Grands » que par le niveau de distinction, parlaient par petits groupes. A défaut du Dieu des Chrétiens, celui du théâtre devait veiller sur eux : la soirée s’annonçait sans encombres et la pièce, justement interprétée. Satisfait, il se concentra uniquement sur son jeu, oubliant le public.
Qui se rappela bien vite à sa mémoire. Lui qui espérait une soirée tranquille… Un grand cri couvrit soudain sa voix.

« Au voleur ! Arrêtez-le ! »

Molière pesta. Une telle alerte ne s’était pas produite depuis longtemps. Comme par un fait exprès, l’éclat venait des loges ; autant dire que la pièce était gâchée. Faisant signe aux comédiens qui sortaient des derrières de scène qu’on stoppait tout, il chercha du regard  Madeleine, qui était comme toujours la plus apte à le seconder dans de telles conditions.

«  Madeleine !  Fais éclairer la salle ! Et vous autres, bloquez les issues ! »

Laissant ses comédiens prendre en mains les mesures pratiques et élémentaires qui s’imposaient, il se précipita vers l’escalier, vite ralenti cependant par les groupes compacts qui d’ores et déjà se formaient. Après avoir joué des coudes et écrasé des pieds pendant quelques cinq minutes, il réussit à se frayer un passage jusqu’à l’endroit du litige. Jugeant que mieux valait être au courant des grandes lignes de l’affaire – le nom de la victime, par exemple – avant de songer à résoudre le problème, il questionna la première personne dont il réussit à capter l’attention, un laquais dont il ne chercha pas à identifier la livrée :

« Savez-vous qui est la victime ? Vous avez vu ce qu’il s’est passé ? »

Devant l’air ahuri et le silence de l’homme, il l’écarta et se dirigea à grands pas vers l’attroupement, agacé et guère plus avancé. A défaut d’en connaître davantage sur les circonstances du vol, il y a une chose dont il était sûr : pour un représentation idéale, la soirée était un peu trop mouvementée…
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Coup de théâtre...au théatre || TOUS EmptyMer 8 Avr - 13:35

Aurore n'en revenait pas d'être au théâtre. Elle qui n'y allait jamais était ravie d'être là. Son maître lui avait demandé de venir pour remplacer un de ses valets, qui ne pouvait sortir du lit, terrassé par une fièvre quelconque. Aurore n'était que sous-femme de chambre, et accompagner le Petit Marsan dans ses déplacements ne faisait pas partie de ses fonctions. Elle voyait donc cela comme un signe de confiance.

Elle n'était jamais allée au théâtre et se régalait. Ce soir-là, la troupe du roi jouait
Dom Juan, pièce qui faisait des émules pour une raison qui échappait à Aurore. Certes, elle ne pouvait ignorer l'impiété de Dom Juan, mais n'était-il pas puni à la fin par l'espèce de grande statue ? Elle avait entendu dire que c'était précisément cette statue qui posait problème... Toutefois, cela la dépassait. Elle se contentait de suivre la pièce avec amusement, prête à se manifester si son maître lui faisait signe. La domestique se tenait derrière lui, debout au fond de la loge que Charles de Lorraine partageait avec d'autres nobles. Il riait à chaque réplique cinglante du séducteur, tout en échangeant avec ses voisins des mots qu'Aurore n'écoutait pas.

Il y eut un entracte, durant lequel le jeune noble sortit de sa loge pour aller discuter avec des connaissances et se dégourdir les jambes. Aurore le suivait, à quelques pas de distance. Elle admirait la tenue des Dames, observant leurs robes, leurs éventails et leurs rubans. La domestique avait l'air bien à côté d'elles, avec son tablier et ses jupons. La Gouvernante en chef avait tenu à prêter à Aurore un trousseau d'une propreté immaculée, mais, à côté des parures des Dames de la cour, la tenue d'Aurore manquait de clinquant.

Ils revinrent dans la loge alors même que le spectacle recommençait. Au bout de quelques scènes, le Petit Marsan demanda à Aurore d'aller lui chercher un verre de vin, ce qu'elle fit aussitôt.
Elle sortit de la loge et se dirigea vers la salle des spectateurs. Elle en revint au bout de quelques secondes, en marchant doucement, le regard fixé sur le verre qui avait été bien trop rempli - elle ne tenait pas à tacher son tablier neuf. Au détour du couloir qui menait à sa loge, Aurore entendit des bruits qui n'avaient rien à voir avec le spectacle. Elle vit quelqu'un, grand, brun, courir vers elle et la percuter avec violence. Il était poursuivi de loin par deux ou trois soldats. Aurore n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit. Elle perdit l'équilibre et l'arrière de son crâne vint cogner le sol. Il y eut des bruits d'éclats de verre. Elle vit danser des étoiles devant ses yeux.

Elle sentit qu'on la redressait. Ses paupières papillonnaient et elle mit un moment avant de voir tout à fait la personne qui la secourait. C'était un soldat.


Qu'est-ce que c'était ? balbutia Aurore en apercevant que sa robe avait été aspergée de vin.

Sa tête lui lançait, mais elle savait que la douleur passerait. Elle se rendit compte alors de l'effervescence qui avait pris possession des couloirs. Manifestement, il y avait quelque chose de vraiment pas normal.
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Coup de théâtre...au théatre || TOUS EmptyDim 12 Avr - 23:25

On s’ennuyait rarement lorsque l’on séjournait au Palais-Royal. Mis de côté les visites de courtoisie qu’à l’occasion on se devait de faire à la reine douairière d’Angleterre, les divertissements ne manquaient pas. Ou n’avaient par le passé pas manqué. Puisqu’entre deuil d’Anne d’Autriche et désastre du bal, les dernières semaines avaient été successivement mornes et désagréablement mouvementées. Heureusement le train de vie habituel semblait se remettre en place, en témoignait cette presque banale mais néanmoins agréable après-midi au théâtre.
Suivant l’idée de Philippe, on s’en été en effet allé assister à une pièce mise en scène par Molière. Rien d’original –ce qui justifiait que la proposition eût d’abord fait soupirer Madame-, mais finalement une représentation toujours aussi fine et drôle. De ces rares occasions où Henriette ne regrettait pas d’avoir suivi l’avis de son époux. Ce Dom Juan restait pour le moment une valeur sûre. Mais que Molière ne se repose pas trop sur ses lauriers, il serait bientôt attendu de lui un peu de nouveauté. Si certaines modes duraient, pour autant elles n’étaient jamais éternelles.

Durant l’entracte les Orléans ne se parlèrent pas, préférant l’un et l’autre converser avec un entourage dont ils jugeaient tous deux la compagnie bien plus agréables que celui ou celle avec qui il partageait un nom. Alors qu’Henriette médisait à voix basse sur cette peste de La Vallière dont il paraissait que le roi lui avait tout juste offert une sublime bague sertie d’un énorme rubis, une de ses dames du palais l’interpela. Quelle impolitesse, quand bien même elle prétextait le sujet d’importance !

- Il vous manque un bracelet, Madame.

Remarque ridicule. Le bijou n’avait pas le moindre défaut, impossible qu’il ne se détache sans raison. Sans doute la demoiselle avait-elle simplement cru qu’Henriette en portait un à chaque bras. D’un air détaché elle répondit donc, levant au passage la main pour appuyer son dire.

- Ne soyez pas sotte, il…

Mais en menant son poignet à hauteur de visage elle s’arrêta subitement. Car manquait en effet le bracelet de saphirs, récent cadeau de son frère le roi d’Angleterre. Une pièce superbe, portée pour la première fois aujourd’hui et qui n’avait pas pu glisser toute seule. Cela ne faisait aucun doute : un voleur gambadait avec une petite fortune cachée dans une poche. Prenant conscience de la situation, Madame blêmit. Mais puisque sous tant de fard on ne pouvait remarquer une soudaine absence de couleurs aux joues, on ne noterait pour le moment qu’un silence abasourdi.
Panique immédiate dans l’entourage, on vérifiait qu’il ne manquait rien, et alors que deux dames et au moins un mignon de Monsieur découvraient avec stupeur qu’un de leurs effets s’était envolé, un courtisan vit une silhouette s’enfuir et immédiatement cria au voleur.
Aussitôt Henriette se leva pour, comme tout le monde, tenter de voir le chapardeur. En vain. En dépit, son regard s’attarda un instant sur un garde resté immobile à quelques mètres d’elle. Incapable imbécile.  

- Eh bien ne restez pas planté là, intima la duchesse, vous aurez bien le temps de méditer votre incompétence plus tard.
Après avoir laissé passer sous son nez un escamoteur de pierres précieuses, mieux valait qu’il le rattrape –et vite !- s’il tenait à sa carrière.
- A présent ne croyez-vous pas qu’il serait plus efficace de le pourchasser plutôt que d’attendre qu’il ne revienne nous saluer ?

Le Suisse ne broncha pas, songent par ailleurs que les Orléans avaient sans doute plus encore à cœur la sécurité de leurs bijoux que la leur. Et puis que pouvait-il arriver de plus ? Un petit malaise tout au plus. Et dans ce genre de situation une marquise armée d’un éventail était souvent bien plus efficace qu’un soldat et son épée. Une fois de plus l’hypothèse se vérifia puisqu’à peine fut-il parti, Madame se laissa tomber sur sa chaise, tête penchée en arrière et prétendant manquer d’air. Ses saphirs, ses pauvres saphirs. Voilà une disparition qui avait de quoi couper le souffle.
Le noble public était à présent aux aguets, entre stupeur et alarme. La nouvelle du vol semblait déjà répandue et aussitôt la pièce complètement oubliée. Ne restait plus qu’à souhaiter une belle réactivité générale afin que le mécréant soit arrêté et que le scandale en reste là.
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Coup de théâtre...au théatre || TOUS EmptyMar 23 Juin - 21:35

La nouveauté était-elle le fil indispensable du succès ?  Monsieur répondrait avec beaucoup de sérieux, et sans éclaircissements, oui mais que c'était insuffisant. La capacité à recréer était toutefois au cœur de l'élégance d'une réussite. Molière comprenait bien cela et c'était la raison pour laquelle Philippe d'Orléans s'enthousiasmait et tolérait les redites de son dramaturge adoré. Le texte n'était pas fixe entre ses mains, il était fluide, fait d'eau et de vapeur, capable de se mouvoir entre les lèvres des comédiens et les dentelles de leurs personnages. Molière avait compris en effet, et la simple preuve était dans le fait que le texte de son cher Dom Juan était cousu de prose et non pas de vers, comme l'aurait voulu toute œuvre achevée. Molière aspirait à la grande Comédie, mais craignait le marbre et en cela le Frère du Roi savourait la douceur et la gaité de la troupe qui portant le nom du Roi, était toujours sienne dans son cœur.
Philippe profitait donc des roulements des uns, des accents des autres, du beau minois de quelques-uns en particulier. Il riait, pouffait, arrêtait soudainement d'écouter, reconnaissant un passage qui l'ennuyait et se mettait donc à divertir sa petite et chère compagnie. L'entracte avait été rapide, ponctué de friandises, de piques, de discrètes caresses. L'ignorance avec Madame son épouse convenant parfaitement au Duc, on poursuivit l'entracte ainsi avec beaucoup d'enthousiasme et d'énergie quant à établir si oui ou non Louise de Prie, grande parmi les bigotes, avait davantage qu'une courtoise sympathie pour François Salviat, petit grammairien au regard perfide, mais au visage intriguant. On soutenait qu'il y avait quelque chose à faire de ce dévot-là, pour peu qu'on le poussa aimablement dans la bonne direction.
Ce furent bien entendu les hauts cris qui le détournèrent un tant soit peu de son occupation fort chaste, à savoir observer dans quelle position les courbes de Beuvron étaient plus flatteuses.

- Qui égorge-t-on ?
minauda Mademoiselle de Gourdon.

Le frère du Roi n'eut pas même le temps de se redresser pour comprendre d'où venait la panique, quoiqu'il comprit assez vite que cela rayonnait autour de son épouse. En écho à la vague d'agitation qui les frappa rapidement, un autre cri à sa proximité se leva.

- Ma bourse ! On m'a volé m'a bourse !


Monsieur avait haussé un sourcil de surprise. Un vol ? ENCORE ? Foutre ! voilà qui commençait véritablement à pousser à l'obstination la plus irritante ! Instinctivement il porta sa main bijoutée à son bras, compta ses bracelets et ses bagues dans un regard, s'assura que sa broche de rubis était toujours là. Une fois rassuré sur ce fait, Philippe se leva de la chaise sur laquelle il avait voulu de nouveau s'avachir.
Monsieur le Duc d'Orléans fut alors la scène de sentiments fort contradictoires. Il se souvenait encore des railleries que son épouse avait proférées au lendemain du bal dont il ne fallait plus parler. Aussi éprouva-t-il un certain plaisir lorsqu'il comprit que son épouse était cette fois la principale victime de cet attentat.
Toutefois, observer qu'une nouvelle fois on pouvait se servir chez lui comme dans un moulin déplut davantage à son Altesse royale. Il traversa la foule des courtisans pour rejoindre son épouse et tourna le regard vers le Suisse qui s'éloignait maintenant et qu'il aurait très certainement tancé davantage s'il ne s'était finalement ébranlé. Philippe encore étonnamment silencieux arriva donc à son épouse... Pour la voir s'évanouir.
En suivant la vie du Frère du Roi on aurait compris que le personnage était complexe, empli de tares, peu contrebalancées par des qualités qui s'exprimaient de manière plus ou moins inopinées, le plus souvent sans prévenir. Parmi les défauts de son Altesse on pouvait compter une crainte quasi maladive des évanouissements. Ces absences qui ne lui semblaient en rien naturelles évoquaient chez le Frère du Roi l'apparition soudaine d'une ombre de mort. Les crises d'apoplexie frappaient aussi soudainement que la foudre, et bien plus tard Philippe en ferait lui-même les frais. En attendant, le jeune Prince ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux en voyant la tête de la Duchesse basculer en arrière, sentit son petit cœur se soulever.

- Sang du Christ ! De l'air ! Ecartez-vous !


Alarmée, la voix du Duc était plus aiguë encore qu'à son accoutumée et eut l'effet escompté, les courtisans s'écartant comme une volée de moineaux. Observant Henriette, il s'assura qu'elle n'était pas déjà absente. Une fois assuré du contraire, Philippe, sans s'avancer davantage, daigna adresser quelques mots à son épouse, retenant son aigreur habituelle.

- Voulez-vous faire chercher Esprit, Madame ?
s'enquit-il d'une voix blanche, le médecin n'étant pas avec eux il faudrait donc courir le récupérer.

Le regard attiré par le bras d'albâtre de son épouse, il sut aussitôt ce qu'il manquait pour l'avoir lorgné toute l'après-dîner. Le magnifique bracelets de pierre aux reflets d'un bleu si intense, Philippe avait très libéralement pris la résolution de porter celui-là sitôt le dos de son épouse tourné. S'il disparaissait... jamais il n'en aurait l'occasion et jamais il ne pourrait faire rutiler la lumière dans ces pierres qui étaient si joliment taillées.

- Le bracelet de votre frère...

Il eut un mouvement incontrôlé d'irritation, déployant son éventail d'un geste sec hérité de sa mère et s'éventa avec un agacement grandissant, sans considérer un instant que cet air qu'il produisait pour lui-même aurait pu être salvateur pour son épouse. Il ne put poursuivre ce qui aurait été des accusations d'inattention, de bêtise pure, de négligence, ses yeux noirs passant cette fois à un homme qui fendait la foule autour d'eux afin de les rejoindre.

-Eh bien Molière !? Est-ce là une nouvelle farce ? Sa véracité me semble par trop indécente pour pouvoir être appréciée.

Le ton était cinglant, les consonnes accentuées pour claquer sur le palais du Prince qui ne dissimulait en rien son déplaisir. Philippe d'Orléans se désintéressa de son épouse qui trouvait secours auprès d'âmes plus sincèrement concernées.

-Beuvron ! BEUVRON ! Alors !? Ce voleur trouvez-le !


La colère s'était fait attendre mais était bien présente. Philippe s'impatientait et menaçait d'exploser entre les mains du pauvre Lieutenant et amant qui s'était déjà éloigné, craignant la tempête royale des deux époux combinés. S'ils n'étaient plus des alliés naturels depuis quelques années maintenant, les Orléans parvenaient parfois à une alliance aussi surprenante que dévastatrice pour leur cible et que par tous les moyens il valait mieux éviter.
Monsieur
Monsieur

À s'habiller sans péril, on triomphe sans goût
À s'habiller sans péril, on triomphe sans goût
Titre/Métier : Fils de France, Frère unique du Roi, Duc d'Orléans
Billets envoyés : 4140
Situation : Marié à Henriette d'Angleterre

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Coup de théâtre...au théatre || TOUS EmptySam 27 Juin - 9:15

Cela ne faisait que quelques jours que j'étais revenu à la Cour et déjà les mondanités emplissaient mes journées. Les ragots et les informations également. J'avais appris que, pendant mon absence, Philippe s'était un peu plus "rapproché" d'un lieutenant, un nommé Beuvron. Tiens donc, ils n'étaient point si proches lorsque je suis parti, il faudra que je sois sur mes gardes...sans mauvais jeu de mot, naturellement. Je n'avais pas encore pu avoir un seul instant en tête-à-tête avec Philippe et j'avoue que cela m'ennuyait. Une chose que j'avais appris en vivant dans l'entourage du Prince, c'était la patience et heureusement, j'en avais à revendre. Il me faudra m'assurer que ce Beuvron n'est pas une menace, mais pas aujourd'hui, non, aujourd'hui Monsieur avait décidé que nous irions voir une pièce de Molière et cela m'enchantait. J'appréciais cet auteur, je n'ai jamais eu la chance de converser avec lui personnellement, mais j'espère qu'un jour j'en aurais l'occasion. Son sens de l'humour est assez particulier, mais j'aime son ironie sous jacente, ses pièces pouvaient se regarder de deux façons et c'était cela qui les rendaient si divertissantes, vous pouviez assister deux fois à la représentation de la même pièce que vous trouveriez encore quelque chose que vous n'aviez pas compris la première fois.

J'étais donc allé à ce divertissement avec un plaisir certain. Le premier acte avait été un régal. Molière et ses comédiens s'étaient surpassés. Cela ne m'étonnait guère d'ailleurs. Pendant l'entracte, deux "clans" se formèrent autour du couple princier. Madame avait sa propre "cour" et Monsieur la sienne. Cela n'étonnait plus personne, la mésentente au sein du couple était de notoriété publique, de même que le fait que Madame détestait les mignons de son mari qui le lui rendaient bien. Moi je ne pouvais pas me permettre de dire ce que je pensais de cette femme, après tout, elle "au-dessus" de moi, donc je me contente de ne pas la provoquer, ce qui n'est déjà pas si mal.

Nous étions en grande conversation avec Philippe pour entendre quelques ragots à propos de Louise de Prie et François Salviat. J'aimais bien me tenir au courant de ce qu'il s'était passé à la Cour pendant mon absence et pour cela, Monsieur était une source d'informations intarissable. Soudain, un cri retenti dans l'assistance, un voleur semblait sévir ou avoir sévit dans la salle. Plusieurs exclamations à divers endroit de la pièce se firent entendre, chacun se plaignant d'un objet lui ayant été dérobé. Machinalement, je mis la main à mon cou...Seigneur, le médaillon que m'a offert m'a défunte mère venait de m'être dérobé. Je n'en fis pas la remarque, de toute façon, il était trop tard.

Il y avait du mouvement autour de Madame, cela s'agitait. Je suivis Philippe lorsqu'il se précipita vers son épouse.


- Si vous le voulez, je peux aller le chercher moi-même.

Oui, hors de question de laisser un garde s'en charger, ils n'ont pas spécialement l'air réactifs. Philippe était tendu comme un arc, et le pauvre Molière en fit les frais. Je tentais quelques paroles apaisantes, même si cela était assez dangereux en un tel moment.

- Allons Monseigneur, Monsieur Molière déplore tout autant que vous ce qu'il vient de se produire et je doute qu'il trouve cela d'un grand comique.

Toutefois, lorsque Monsieur s'énerva sur son amant, le fameux Beuvron, je n'intervins pas, je les laissais se débrouiller et préférais m'enquérir de la santé de Madame, simple question de courtoisie et politesse envers une personne de sang royale. Je notais dans un coin de ma tête que, tout lieutenant qu'il fut, Beuvron était aisément impressionnable. Certes, les colères de Monsieur étaient dévastatrices, mais c'était une habitude à prendre. Machinalement je mis de nouveau la main à mon cou et soupirais....il aurait peut-être mieux valu que je ne vienne pas à cette représentation, ainsi j'aurais toujours le médaillon de ma mère.
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