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 La Comtesse des Grands Froids (Stasya Bazdéiev)


La Comtesse des Grands Froids (Stasya Bazdéiev) EmptyDim 9 Oct - 11:41

"Expliquez moi, Frère Basile, pourquoi est-ce vous, un moine Dominicain, qui m'apportez une missive du Lieutenant de police de Paris ? Bien que vous soyez le très bienvenu dans ma demeure, et l'un des tout premiers visiteurs que je reçois – avec plaisir – dans ce bureau, j'admet avoir du mal à comprendre. Manque-t-on à ce point d'effectif parmi nos gardiens de la paix pour que leur chef en soit réduit à demander à d'éminents serviteurs de Dieu de jouer les coursiers ?"

Le ton de l’évêque de Vannes était, comme à son habitude, calme, posé et très courtois, mais ses yeux sombres et inquisiteurs sondaient le regard quelque peu fuyant de son visiteur vêtu de noir et de blanc. Le frère Basile accueilli ses paroles aimables d'une inclinaison de son chef tonsuré. Il promenait son regard sur les boiseries du bureau d'Aramis. La pièce était de taille modeste mais confortable. Un pan entier de mur était occupé par des étagères alourdies de livres et de feuillets divers. Le mur opposé était percé de hautes fenêtres donnant sur la petite cour et le jardin de curé. Les vitres aux verres teintés filtraient les rayons du soleil de septembre, qui projetaient sur le parquet de chêne ciré des aplats de lumières colorées, aux tons pourpres et bleutés. De chêne également était le lourd bureau derrière lequel était installé l'évêque, paré de ses atours noirs de Jésuite. Sur le mur derrière lui, au dessus du foyer en pierres apparentes d'une petite cheminée, un grand crucifix de bois était fixé, soutenant un Christ d'argent qui semblait fixer les visiteurs par dessus la tête d'Aramis.

"C'est moi qui me suis porté volontaire, Monseigneur. C'est une affaire d'une certaine importance, et je craignais que messire de La Reynie n'en saisisse pas l'entière portée, et ne manque de... diplomatie."

"Non, effectivement, la diplomatie ne figure pas en première page du registre des nombreuses qualités du Lieutenant." interrompit Aramis avec une pointe d'humeur, en agitant entre ses doigts la feuille ornée de l'écriture de Gabriel de la Reynie.

"C'est votre passé militaire, sans doute, qui explique que messire de La Reynie se soit autorisé ce ton si martial qui lui est propre. N'en prenez point ombrage Monseigneur. Hum... que disais-je ? Oui, pour le Lieutenant c'est une question qui relève de la sécurité du Royaume, et je ne doute pas que vous vous seriez réjouit de répondre à cette... requête, pour cette seule raison."

"Pensez-vous ? A votre place je serai moins enclin à un tel optimisme, Frère Basile. On a tendance en cette ville à voir un espion en chaque étranger. Or cette jeune femme, telle que vous me la décrivez, ne semble guère si terrifiante. A vous écouter ce n'est qu'une exilée d'une contrée lointaine et barbare, aux coutumes étranges et à la langue gutturale, et qui peine à aligner deux phrases d'un français correct. Une jeune femme de noble naissance certes, mais qui semble loin de posséder les caractéristiques propres à faire d'elle une espionne comme semble le redouter le Lieutenant. Offrez-lui donc un confesseur, faite lui un peu de catéchisme et aidez comme vous le pouvez cette pauvre créature à s'intégrer du mieux qu'elle puisse dans les cercles mondains de la Cour. Elle y apportera une dose nécessaire de fraîcheur, de simplicité et d'exotisme. Je crains d'avoir bien trop de travail de mon côté pour prendre le temps de parrainer la première aristocrate étrangère venue, pour m'assurer qu'elle ne soit pas l'espionne d'un quelconque empire du bout du monde, avec tout le respect que je dois à De la Reynie."

"Monseigneur," reprit le moine avec un malaise évident, "voilà pourquoi je me suis fait le messager du Lieutenant. C'est qu'il n'est pas le seul à souhaiter vous voir confier la tâche de guider cette pauvre âme égarée. Il y a des gens qui s'inquiètent de voir ce couple d'étrangers, chrétiens peut-être mais non catholiques, et dont on ignore les desseins, arpenter ainsi nos salons, y répandre leurs idées... On dit que ce Bazdéiev voue une passion plus que douteuse pour l'astrologie, et autres élucubrations païennes et mystérieuses. Certaines personnes haut placées souhaitent simplement s'assurer qu'il n'y a là rien de plus qu'une excentricité d'étranger... Que rien ne menace la spiritualité chrétienne... Avoir un honnête et dévot gardien de la Foi Catholique dans l'entourage de ces russes les rassurerait beaucoup. Et ce gardien jouirait, cela va s'en dire, de leur plus grande estime..."

Cette fois le moine soutint le regard d'Aramis plus d'une dizaine de secondes. L'évêque se fit songeur, triturant entre ses doigts la feuille de papier. Il ne voyait que trop bien à qui le dominicain faisait allusion. Des lumières semblaient s'allumer dans son esprit, éclairant les corridors imaginaires de nouvelles opportunités, d'une voie à suivre des plus profitables. Pendant une longue minute, il n'y eut pas d'autre bruit que les rumeurs de la cour où des domestiques déchargeaient des meubles et des coffres d'un chariot – l'emménagement de l'évêque dans sa nouvelle demeure était encore récent, ne datant que de quelques jours à peine, et il y avait encore fort à faire.

"Je serai dans deux jours en visite au Prieuré Sainte Catherine, voisin de la Maison des Jésuites, dans la rue Saint Antoine." Déclara Aramis en posant le billet du Lieutenant sur son bureau. "Après none, je devrais pouvoir ménager un moment dans mon emploi du temps pour m'entretenir avec cette Comtesse des Grands Froids, si cela lui convient. Vous pourrez dire à De la Reynie, ainsi qu'à nos... autres connaissances, que j'accepte."




Pendant deux jours il y avait pensé comme à une corvée. Et néanmoins, alors que l'heure approchait, il devait reconnaître qu'il était gagné par une certaine curiosité. C'est à peine s'il écouta la ribambelle des péchés communs que lui servirent, tour à tour, les novices génovéfains du prieuré qui, trop heureux de se voir accorder l'absolution par un véritable évêque, se succédaient dans le confessionnal pour avouer leurs pensées impures et autre récits d'onanisme, aussi semblables que déprimants les uns les autres. Pour chacun d'eux il se contenta d'hocher la tête et de les sermonner avec plus ou moins de conviction dans la voix avant de leur infliger un certain nombre d'Ave Maria et de Pater Noster puis de les renvoyer à leurs tâches quotidiennes. Enfin les trois coups de cloche sonnèrent none, et il s'extirpa avec une grimace de l'étroite cabine de bois qui sentait le renfermé.

Contraint et forcé mais affichant un masque dévot et impassible, il co-dirigea l'office avec l'Abbé, puis reçu avec une impatience dissimulée les interminables remerciements de celui-ci, alors que la chapelle se vidait et que les novices retournaient vaquer à leurs occupations liturgiques. Quand il demanda au vieil homme la permission de jouir seul de la chapelle pour y recevoir une noble personne en confession, ce dernier accepta aussitôt en baragouinant de nouvelles obséquiosités avant d'enfin s'éclipser à son tour.

Aramis soupira, fit quelque pas dans la chapelle, il avait besoin de se dégourdir les jambes. Il se demandait à quoi pouvait bien ressembler cette comtesse russe. Il s'imaginait malgré lui une femme à la carrure d'ogre, le dépassant de deux têtes, vêtue de fourrures, parfumée d'alcool fort et baragouinant un dialecte guttural incompréhensible d'où saillirait de ci de là quelques mots vaguement français.

Enfin, Charles Mauser, son très germanique secrétaire particulier que les Lorraine avaient attaché à son service – et qui depuis y était resté – entra dans la chapelle pour annoncer l'arrivée de la Comtesse. Aramis hocha la tête, lui fit signe de l'amener à lui, et s'installa à un prie-Dieu devant l'autel pour arborer l'apparence dévote que l'on attendait de lui. Son index pianotant sur la rambarde trahissait son impatience et sa curiosité grandissante alors que des bruits de pas se rapprochaient derrière lui.

Il se signa comme s'il terminait une prière, se redressa lentement d'un air solennel puis fit face à sa visiteuse. La surprise bloqua dans sa bouche les paroles de bienvenue qu'il avait préparées. Elle ne ressemblait en rien à ses attentes, du moins concernant ses attentes physiques. Agréablement surpris, il inclina légèrement la tête en arborant un chaleureux sourire et tendit sa main ornée de son anneau d'évêque, songeant avec une nostalgie certaine que quelques années plus tôt c'est lui qui se serait empressé de baiser la main de cette ravissante étrangère.

"Madame la Comtesse, c'est un réel plaisir de vous rencontrer. On m'a beaucoup parlé de vous, mais les éloges que l'on m'a fait de votre grâce étaient bien en dessous de la réalité."
Henry d'Aramitz
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La Comtesse des Grands Froids (Stasya Bazdéiev) EmptyDim 23 Oct - 16:09

- De quoi ils ont peur?
- De quoi ont ils peurs.


La correction vexa quelque peu Stasya qui estimait que Gabriel pouvait au moins avoir la correction de laisser sa grammaire vacillante en paix lors de cette épreuve. Mais impitoyable comme toujours, le lieutenant de police ne laissait pas passer la moindre faute. Sans doute était ce la voie du progrès mais bon sang qu’est ce qu’il était exaspérant ! Elle compensa sa frustration en mordant férocement dans une pâtisserie française et en se brulant la langue avec une longue rasade de thé. Puis repris avec sécheresse :

- Eux craignent ils que je balade dans la rue avec une hache pour passants tuer?

L’image amena un sourire sur les lèvres de Gabriel qui corrigea néanmoins, toujours aussi péniblement tatillon ;

- Craignent ils que je me balade dans la rue avec une hache pour tuer des passants? Je te déconseille le verbe « balader » Stasya, tes domestiques peuvent assurément s’en servir, mais dans la bouche d’une dame ce n’est pas tolérer.

Il eut pour toute réponse un regard noir que l’on pouvait à merveille traduire du russe au français et ce sans trop d’effort. Un regard qui faisait trembler bien des gens mais face auquel Gabriel ne cilla pas. C’était que le diable ne manquait pas d’entrainement. Et plus encore que ce que Stasya imaginait. Imperturbable, le lieutenant poursuivit d’une voix parfaitement calme et sereine :

- Sans doute sont ils nombreux à s’imaginer cela. Nombre de mes compatriotes vous visualise comme des barbares en fourrure vociférant et vous saoulant. Et d’autant plus si les compatriotes en questions ne sont que des grenouilles de bénitiers, des tartuffes ou de pieux imbéciles ne quittant pas leur couvent.

Stasya n’avait pas tout compris mais le ton était limpide, même si parfaitement maitrisé. Quoiqu’il en soit, elle choisit de ne pas se laisser faire. Elle coula un regard en direction de Vladimir qui plongé dans des calculs astrologiques depuis le début de la discussion ne semblait pas vraiment se soucier de la paranoïa scandaleuse que subissait sa femme. Le soutien dans le couple c’était quand même pas ça. Stasya poursuivit :

- Vous avez religion plus tolérante en France. Mais mouvement gâché cette chance, regardez comment traiter vous comédiens. Vous finirez comme Russie et c’est être terrible.

Gabriel se leva en ajustant sa tenue et avec un sourire amical :

- À propos de comédien, je dois y aller.

- Quel comédien?


Sans la moindre honte Gabriel mentit affirmant en secouant la main :

- Molière a vomi sur un vicomte de rien du tout il y a quelque jours. Ce qui a relancé une cabale de dévotion et je dois calmer les choses.

Certes la chose était vrai. Mais actuellement, ce n’était pas du tout le dramaturge qu’il prévoyait d’aller voir. Mais malgré l’amitié qu’il ressentait pour le couple russe, il existait des choses que l’on n’avouait pas. Comme sa relation avec une certaine comédienne, qu’il espérait bien pouvoir protéger de la cabale. Une protection qu’elle accueillait avec un soupir exaspéré prétendant « en avoir vu d’autres ». Il se rendit compte qu’il avait quelque peu perdu le fil de la conversation en voyant Stasya le fixer avec inquisition.

- Excusez moi, je pensais déjà à la lettre que j’écrirais à qui de droit.

Il baisa avec affection la main que la comtesse lui tendait et affirma avec douceur ;

- Ne vous inquiétez pas pour cette histoire de confesseur. S’il vous déplait, je trouverez comment l’évacuer.

Un choix judicieux que cet évêque. Assez prestigieux et connu pour plaire aux dévots, avec lesquels il avait des accointances exaspérante, mais finalement pas assez établi pour qu’il soit dangereux. Et puis il avait un autre avantage. Gabriel précisa avec un sourire :

- Et puis c’est un ancien mousquetaire. Un peu comme les hussards qui te manquent.

Personne ne releva le tutoiement et sur un dernier salut à Vladimir, qui y répondit distraitement toujours plongé dans ses calculs, Gabriel partit. Laissée seule avec son dépit Stasya s’avachit un peu sur son fauteuil songeant à délasser son corset pour pouvoir enfin un peu respirer. Finalement, elle se tourna vers son mari et articula sèchement :

- Un militaire qui devient homme de dieu?

Pour elle les deux offices étaient importants mais foncièrement incompatible. Et loin de l’avoir rassuré l’affirmation de Gabriel la plongeait dans des abîmes de perplexité. Sans doute une nouvelle preuve que les français étaient des gens bizarres, paradoxaux impossibles à comprendre et dans l’habitude assez peu fiable. Stasya soupira et tout en se massant les tempes confia d’une voix quelque peu piteuse :

- La Russie me manque.

Elle n’aimait pas du tout l’idée de devoir se confier à un inconnu surtout de façon visiblement absolu. Et cette nouvelle vexation faisait naitre en elle un puissant mal du pays. Sentiment qui fut visiblement perçu parce que deux mains douces se posèrent sur ses épaules et qu’abandonnant enfin son ouvrage Vladimir entreprit de la rassurer.

***

Le père Aramitz étant un ancien militaire c’est avec la minutie d’un général gérant une bataille que Stasya avait préparé la confession. Jetant au diable, c’est le cas de le dire, ses principes religieux, elle avait convenu en son fort intérieur de ne parler que de ce qui l’arrangeait. Et de ne pas céder un pouce de terrain. À commencer par la tenue. On lui imposait un couvent. Soit. Elle porterait une robe magenta provocante, ne renoncerait pas aux fards et n’oublierait pas les bijoux. Le voeux de pauvreté des uns s’arrêtait là où commençait le mauvais caractère des autres. Mauvais caractère qui fondit bien vite en voyant le sourire timide de l’aspirant qui devait la mener jusqu’à la chapelle. Sourire timide, salutation empressée et questions qui se bousculaient, furent récompensés par un air adoucis et la promesse qu’elle passerait après la confession pour s’entretenir avec les moines de la Russie. Chose qu’elle fit d’ailleurs quelque temps. Elle était arrivée en avance et acceptait de répondre aux questions en attendant que « monseigneur » ait fini de prier. On la présenta entre temps au secrétaire de Monseigneur qui alla l’annoncer. Étrangement nerveuse Stasya fit les cent pas en attendant qu’on l’emmène.

Finalement, elle traversa la chapelle d’un pas nerveux et vif. Elle aurait préféré le décrire comme martial mais c’était très dur d’être martial avec robe, corset et chaussures en soie. L’évêque était moins petit et bedonnant que dans son imagination. Mais il avait pas non plus l’air d’un militaire. En tout cas, elle ne lui voyait ni cicatrice, ni rudesse. Avait il vraiment connu la guère cet homme au sourire aimable? Elle choisit de réserver son jugement la dessus.

En voyant la main se tendre devant elle, Stasya eut un mouvement de sourcil quelque peu intriguée. Elle savait qu’elle devait la baiser comme celle d’une dame. Mais le mouvement lui paraissait grotesque et empli de soumission. Finalement, n’était elle pas une barbare russe. Donc jouant la carte de l’ignorance, elle se contenta d’une révérence aimable et d’un sourire gracieux en entendant le compliment. Avant de sortir les crocs, histoire de bien faire comprendre qu’à elle on ne la faisait pas. Et qu’elle était pas très contente d’être convoqué pour une inquisition de grenouille de bénétier (ou un truc du genre).

- Sans doute que l’on a parler à vous plus de rumeurs sur fourrure et barbare de Russie grotesque.

Elle poursuivit avec son air de grande dame :

- Je également demeure ravie de faire connaissance votre.

Enfin dans une mesure très générale, elle l’inspecta des pieds à la tête et poursuivit :

- On m’a parlé de vous également. Moucheret était dans le passé de votre emploi, dans l’armée. Étrange de devenir ensuite évêque. Tradition en France?
hop:
Stasya Bazdéiev
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La Comtesse des Grands Froids (Stasya Bazdéiev) EmptyDim 23 Oct - 19:30

La jolie étrangère ignorait visiblement l'étiquette, mais Aramis décida de ne pas s'en formaliser - lui même n'étant guère friand de ces farces - et s'empressa de baisser la main avant qu'une gêne ne s'installe. Il cilla tout en gardant son sourire intact lorsqu'elle prît la parole. S'il s'était fait une fausse idée générale de la personne, au moins ses appréhensions quant à la maîtrise de la langue étaient-elles justifiées, et il se concentra pour déceler, sous les fautes de français et l'accent qui les enrobait, le sens des paroles de la comtesse. Celle-ci semblait tout à fait consciente de l'image peu flatteuse que se faisaient les français sur ses compatriotes, et l'évêque se sentit piqué d'une pointe de honte et de culpabilité d'avoir lui-même cédé à ces à-priori grotesques. C'est en silence qu'il se soumit à l'examen visuel de la comtesse russe, se demandant comment tout cela aller tourner.

Les paroles qu'elle prononça alors le laissèrent stupéfait. "Moucheret". Il eut envie de rire mais parvînt à se retenir. Il n'eut guère été de bon ton de s'esclaffer d'une erreur de français quelques minutes à peine après avoir fait la connaissance de celle qu'il était sensé guider dans les méandres spirituels du catholicisme. Son sourire s'élargit néanmoins, et ses yeux brillèrent d'une sympathie sincère. Il s'appliqua à parler assez lentement et en soignant méticuleusement son articulation pour lui répondre.

"Veuillez me pardonner, chère Comtesse, je crois que le terme que vous cherchiez était "mousquetaire". Pour répondre à votre question, Madame, ma situation n'est en effet pas très commune en France. Voyez-vous, le schéma classique chez les familles nobles veut que le premier né mâle fasse carrière dans les armes et le second au service de Dieu. En ce qui me concerne je suis le seul mâle auquel ma défunte mère a donné la vie. Je ne saurais m'expliquer autrement qu'en vous disant qu'après plusieurs années à servir par les armes - entendons-nous bien, ce furent des années exaltantes que je ne regrette en rien et dont je garde des souvenirs et des amitiés précieuses - j'ai senti grandir en moi le besoin d'une vocation plus pacifique... plus spirituelle, et proche de la parole de Notre Seigneur. J'ai donc laissé l'épée pour un livre de prière."

Menteur, pensait-t-il. Seuls la vanité et l'attrait pour les avantages conséquents d'une carrière religieuse l'avaient poussé à choisir cette voie. Quant à son épée, loin d'être reléguée dans un placard poussiéreux, il l'avait maniée plus d'une fois depuis qu'il était entré dans les ordres, et elle ne se trouvait jamais très loin, toujours prête à servir. Mais c'était le genre de chose dont il était tout à fait dispensable de faire part à la jeune femme.

Cela mis à part, il décida de jouer la franchise avec elle.

"Je dois effectivement vous avouer que l'image que je me faisais de vous était tout à fait erronée, motivée par les discours de personnes tout aussi ignorantes que moi quant à votre nation et ses ressortissants. Je suppose que c'est la faiblesse de tout un chacun de souvent s'imaginer supérieur à ceux dont on ignore tout. L'ignorance est un fléau qui engendre trop souvent peur, méfiance et préjugés. J'espère que vous m'aiderez à soigner la mienne en m'instruisant de ce que vous pourrez sur votre pays et ses coutumes. Je ne peux qu'avouer ma curiosité à ce sujet."

Il s'interrompit et leva les yeux vers les vitraux qu'un rayon de soleil éclairait, projetant sur le sol dallé des motifs colorés.

"Puis-je vous proposer de poursuivre cette conversation en plein air ? Ce couvent dispose d'un petit jardin tout à fait charmant, et le temps magnifique dont nous jouissons aujourd'hui ne se prête guère à l'enfermement derrière des murs de pierre."

Le jardin était effectivement des plus agréables, orné de fleurs, de quelques arbres et de statues. Il y régnait un silence paisible uniquement troublé par le chant d'une tourterelle qui avait fais son nid sous un avant-toit du monastère. C'était une chose qui troublait Aramis que, même situés au cœur d'une ville aussi bruyante et foisonnante que Paris, les établissements de ce type semblaient toujours nimbés d'un calme invitant à la spiritualité et à la méditation. De quoi créer le doute même chez l'athée le plus convaincu.

Offrant son bras à la comtesse, il l’entraîna vers un banc de pierre que surplombait une statue de la Vierge délicatement sculptée.

"Tout comme nous autres natifs du Royaume de France pouvons nous montrer ignorants des us et coutumes d'un pays aussi éloigné que le votre, j'imagine combien certains de nos usages peuvent vous paraître... déconcertants. En vérité je ne vous envie pas, Comtesse, car je ne peux qu'imaginer la détresse dans laquelle je me trouverais si les rôles étaient inversés et que je sois moi-même contraint de m'adapter à un pays dont j'ignore tout. Une langue étrangère à maîtriser, tout un mode de vie à apprendre... Je vous admire et vous souhaite tout le courage possible. Aussi, si je puis vous aider d'une quelconque façon, je suis, Madame, votre serviteur."

Il hésita un instant, rassemblant ses pensées.

"Je ne sais pas vraiment ce que l'on a pu vous dire sur moi. Ni sur l'objet de notre rencontre. Pour faire simple, je suis sensé être... en quelque sorte... le garant de votre âme éternelle. Parlons franchement, nombreux sont ceux qui s'imaginent sans doute que de n'être point née catholique vous voue à la damnation et que votre âme en est entachée. Billevesées que cela. Je ne suis pas de ceux qui pensent que l'on sera écarté de la Bonté Divine simplement parce qu'on ne prie pas de la même façon ou dans la même langue que d'autres. Cependant, comprendre la Foi de ce pays et ses préceptes vous sera un atout précieux pour vous intégrer. Le Catholicisme a son lot de défauts, mais il y a aussi du bon et j'espère vous en convaincre. J'imagine que vous avez des réticences, des à-priori, après tout vous n'êtes pas venue à moi pour le plaisir de ma compagnie ou de mon discours mais parce que quelqu'un vous l'a recommandé, n'est-ce pas ?"

Il lui sourit.

"Prenons l'objet de notre rencontre d'aujourd'hui. On m'a demandé d'être votre confesseur. On vous l'a sans doute expliqué, l'objet de la confession et d'avouer vos pêchés, qu'ils soient en acte ou en simple pensée, en toute humilité, sincérité, et esprit de contrition, afin d'obtenir le pardon de Dieu et de repartir l'âme en paix avec la promesse du Salut. Cela vous paraîtra peut-être étrange et inopportun, je présume, de vous confier sur des sujets aussi intimes auprès d'un étranger comme moi dont vous ignorez tout, et cela même si le secret de la confession et sacré et que tout ce que vous me diriez resterait absolument entre nous. Et je vous comprend parfaitement. Je me souviens de ma toute première confession, quand je n'étais encore qu'un enfant. Si j'avais été sincère j'aurais passé plusieurs heures dans le confessionnal. J'y ai passé à peine une quinzaine de minutes, ne confiant au curé que ce que je voulais bien lui confier, c'est à dire des péchés mineurs et dont tout le monde était au courant. Personne n'est dupe. Nous avons tous nos hontes et nos petits travers que l'on ne voudrait pas avouer, pour rien au monde. Je ne m'attend pas à ce que vous me dévoiliez les secrets de votre âme et de votre conscience en ce jour, je pense que pour cela une relation de confiance est primordiale entre le confesseur et le confessé, et que cela ne se fait pas du jour au lendemain. J'espère que vous viendrez un jour à m'accorder l'honneur d'une telle confiance, et que vous pourrez alors vous ouvrir à moi en toute quiétude sur les différents sujets qui travaillent votre âme. En cela je ne vous forcerai pas, en aucune façon, je vous en fait la promesse."

Il s'arrêta un instant, n'ayant pas l'habitude de parler autant. Puisqu'on lui demandait de veiller sur l'âme de la jeune étrangère, il s'imposait d'être le plus ouvert et le plus franc possible. Son regard s'attarda un instant sur un jeune novice qui traversait le jardin à pas précipités, sans doute en retard pour ses corvées. Il reprit, soignant toujours son élocution et espérant que son discours soit limpide pour elle.

"Le maître mot de la confession est le Pardon. C'est en vérité l'une des plus belles choses, à mes yeux, que prône notre Foi. Le Pardon apaise l'âme. Etre pardonné de ses fautes par ceux que l'on a heurté. Plus important encore, pardonner soi-même à ceux qui nous ont offensé, trouver cette force de renoncer aux attraits de la rancœur et du désir de vengeance, qui certes peut agir à court terme comme un moteur, mais qui se révèle vite un poison pour l'âme... Et se pardonner soi-même nos erreurs, ce qui est peut être le plus difficile mais aussi le plus salutaire. Voyez-vous, Madame, où je veux en venir ? Comprenez-vous l'importance de la Confession, et ses bienfaits ?"
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La Comtesse des Grands Froids (Stasya Bazdéiev) EmptyLun 31 Oct - 17:54

Dehors Stasya surveillait son jupon pour ne pas le tâcher. Il avait plut plus tôt dans la journée et les dalles humides menaçaient à tout moment de déposer une pellicule noire et humide sur la soie rouge. De plus en faisant ainsi, elle pouvait prétendre ne pas voir les novices un peu partout autour d’eux. Visiblement le monastère leur donnait suffisamment de temps libre pour assouvir leur sécurité. Plus elle y pensait, plus Stasya regrettait de ne pas avoir prit avec elle hache et fourrure. Au moins, elle aurait assuré le spectacle et donner quelque chose à commenter.

Evidemment, elle n’avait pas comprit les détails du particulièrement long discours qu’on lui tenait. Mais elle en avait quand même saisie les grandes idées. Et il lui fallait reconnaitre une certaine reconnaissance. L’évêque répondait à ses questions, reconnaissait ses préjugés et tentait visiblement de l’aider. Charité chrétienne ou hypocrisie? Cela restait dur à estimer. Après tout. Aucun des deux n’avait réellement choisit d’être là. Même si le pauvre homme devait faire semblant du contraire pour sauver au moins un peu les apparences. Elle prit le prétexte d’un vol d’oiseaux qu’elle tenait à observer pour ne pas répondre directement. Il lui fallait peser ses mots. Après tout sa première bravade devait avoir semblait hostile au prêtre. Autant ne pas totalement se l’aliéner dès le départ. Qui savait la force de nuisance exact que possédait cette homme. Tentant de se souvenir de l’intégralité des règles de grammaire et de son vocabulaire, Stasya répondit :

- Saviez-vous qu’en Russie nous sommes chrétien orthodoxe?

Ce n’était même pas une question de principe. La plupart des gens semblaient considérer qu’en tant que russe, elle vouait un culte à des forces occultes ou qu’elle dansait nue à la pleine lune. Aussi préciser un ou deux détails sur la réalité de sa confession et de ses croyances n’était pas entièrement un mauvais début. Stasya vérifia encore une fois que sa robe n’était pas souillée avant de développer quelque peu sa pensée.

- Notre peuples avaient la même croyance jusqu’à Constantin. Et je crois sincèrement en notre seigneur Jesus.

En reconnaissant sa croyance, elle se signa avec un respect qui n’avait rien de feint. Elle reprit avec un sourire plein de fossettes :

- Je pense être moins difficile à enseigner que sauvages d’Amériques ou encore siamois. Ainsi, la confession est une chose familière à moi.

Elle adressa un signe de la main amical à un des novices qui depuis longtemps l’espionner. Puis elle reprit un ton sérieux pour continuer à expliquer :

- Je comprends la confession et ses bienfaits depuis mienne enfance. Mais...

Elle chercha ses mots et reprit :

- Cela demeure un hypocrite exercice. Vous même dans ce que votre histoire est, vous le dites. Et c’est d’autant plus hypocrite que vous n’êtes points mien confesseur. Vous êtes un homme imposé par état pour veiller à ce que moi je devienne pas dangereux pour la France.

Elle se tapota le bout des doigts en réfléchissant avant de reprendre et de proposer :

- Enfin, vous aviez une raison. Pour le temps que j’ai a resté ici, j’ai besoin de comprendre France et religion. Surtout votre paradoxe entre permission et rigueur. Enfin paradoxe français tout court. Oh et votre position sur comédie et musique semble intéressante.

Elle reprit avec un sourire qui se voulait aimable :

- Je ne refuse point la votre aide. Mais une confession à laquelle je ne crois pas et un pardon que je ne donne pas vous le droit de donner est une perte de temps. Ainsi vous me guiderez mais je ne menterrais et paraderiez point une si sérieuse chose que ma religion. Car je ne compte devenir une catholique.

Au moins, on avait eut l’avantage d’une mise au claire simple et définitive. Il fallait mieux éviter de perdre son temps avec des simagrées alors qu’elle avait mieux à faire de sa vie. Et sans doute l’évêque aussi. Quoique. S’il avait accepté avec un préavis si court de la rencontrer c’était que l’homme ne devait pas être débordé. Stasya reprit en s’asseyant sur un banc de pierre :

- Donc, par quoi devons nous commencer? Souhaitez vous une liste de différence entre mienne religion et votre, ajoutons alors sauvage du continent ou anglicans. Ce sera plus divertissant.
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La Comtesse des Grands Froids (Stasya Bazdéiev) EmptyDim 6 Nov - 13:17

Il patienta, lui laissant le temps de réunir ses connaissances linguistiques. Il craignait d'avoir été trop long ou compliqué dans son discours et d'avoir égaré la jeune femme. Il entrouvrit les lèvres pour s'en assurer quand elle lui répondit. Il détourna alors le regard, feignant d'observer un buisson fleuri, pour éviter qu'elle ne le voie crisper la mâchoire et se maudire intérieurement de sa stupidité. Quel âne il faisait, lui un Évêque, d'oublier de telles choses en la présence d'une noble étrangère devant laquelle il était sensé passer pour une éminence spirituelle ! Il se reprit rapidement et l'écouta avec un sourire aimable, et se signa en même temps qu'elle avec un air dévot tout en adressant mentalement des pensées bien moins courtoises à De la Reynie et aux pontes de l'Ordre qui lui imposaient cet exercice.

"Je vous demande pardon, si je vous ai offensée. Pour être franc j'ai bel et bien lu quelques traités sur l'orthodoxie lors de mon passage au séminaire il y a plusieurs années, mais je dois avouer que je ne pensais pas rencontrer un jour une représentante de ce culte, et beaucoup de détails, j'en ai peur, ont échappé à ma mémoire."

Ses yeux dérivèrent vers un coin du jardin, là où un novice rougissait en souriant d'un air idiot au petit signe que lui avait adressé la comtesse. Il suffit d'un regard d'Aramis pour que le godelureau pâlisse soudain et rentre dans un bâtiment à pas précipités. Entre temps la jeune femme avait repris la parole dans un français hésitant. Aramis l'écouta attentivement. Elle était d'une franchise désarmante, à laquelle il n'était pas habitué de la part de gens venant de l'aristocratie. Il ne put s'empêcher un sourire en l'entendant parler d'hypocrisie.

Oui l'hypocrisie était bien le maître mot de toute la noblesse et le clergé en France, il en était conscient bien sûr, et assumait lui même le fait d'en jouer à longueur de journée. Mais se l'entendre dire de la part d'une étrangère, d'un point de vue extérieur, c'était autre chose. Il en fallait de peu qu'il ne se mette à rougir de la même façon que le jeune novice. Elle ne cachait pas non plus sa connaissance des véritables raisons de leur rencontre, des raisons qui agaçaient Aramis tant il les trouvait stupides. Il lui fit face, fronça légèrement les sourcils, son sourire s'éteignit alors qu'il adoptait un masque martial dur et impassible.

"Madame la Comtesse, veuillez me répondre sans tergiversations, et en toute franchise. Avez-vous oui ou non l'intention de corrompre le bon esprit catholique des hommes et femmes de la Haute Noblesse du Royaume ? Avez-vous pour projet de semer le doute dans leur spiritualité et de les tourner vers Satan ? Complotez-vous, vous et votre époux, dans le but de renverser la royauté Française ? Peut-être projetez-vous d'assassiner le Roi ?"

Il la fixa quelques instant de ses yeux froids et pénétrants, puis éclata de rire.

"Vous et moi sommes parfaitement conscient de l'absurdité de ce... tutorat. Je n'ai aucun désir d'espionner vos faits et gestes d'un air suspicieux pour tout rapporter à ceux qui m'ont demandé de vous rencontrer, pas plus que vous n'avez l'intention de vous transformer en parfaite catholique. Cependant, si nous sommes ici, c'est bel et bien qu'on nous l'a demandé à chacun avec insistance, comme une requête plus ou moins polie mais ferme. Alors je suggère, ma très chère Comtesse, que nous jouions nos rôles dans cette farce, ainsi le public applaudira. Cela ne veut pas dire qu'il nous faut nous y plier de mauvaise grâce, nous pourrions tout deux trouver cela... enrichissant."

Il se tourna vers le coin du jardin où son valet attendait, immobile comme une statue, à une distance respectable, et fit dans sa direction un geste discret mais sans équivoque, pointant son pouce vers ses lèvres. Charles disparu et revînt quelques instants plus tard avec une bouteille et deux coupes d'argent.

"Partagerez-vous une coupe de vin avec moi, Comtesse ? C'est un Bordeaux de 1660, de ma cave personnelle. Un bon vin apporte toujours une touche agréable à toute conversation, même les plus hostiles. Vous conviendrez qu'il s'agit là d'un bienfait offert par mon pays, malgré tous les défauts que vous venez de citer."

Charles leur servit deux coupelles et retourna docilement à son poste, chassant du même temps, d'un geste de la main, deux novices qui s'approchaient de l'Evêque et de son invitée.

Aramis fit tournoyer son vin d'un geste gracieux du poignet avant de lever sa coupe vers la jeune femme.

"Je bois aux mystères et aux merveilles de votre lointain pays." il avala une petite gorgée et s'humecta les lèvres avec une mine satisfaite.

"L'hypocrisie, ma chère, est un art tout à fait développé au sein de la Cour. Et ceux qui savent la manier avec la plus grande habileté sont les plus respectés. Gentilshommes et nobles dames se doivent de paraître auréolés de toutes les vertus, dignes de l'héritage de l'ancienne Chevalerie Française des Capétiens. De la même façon, le pouvoir et la richesse sont respectés, car vus comme les symboles d'une noble lignée, ou d'une grande intelligence... Vous conviendrez, bien que cela reste entre nous, que richesse, pouvoir et intelligence ne vont pas toujours ensemble... Mais bon, c'est ce que le commun des hommes aime à penser. Et enfin, et c'est sans doute le plus important, il est une chose que tout bon gentilhomme et toute bonne noble dame ne doit surtout jamais être : ennuyeux.
Maintenant, essayez de combiner ces trois éléments ensemble : la Vertu, la Richesse, et le fait de ne point être ennuyeux. Et vous aurez à la fois la recette et l'explication de l'hypocrisie à la Française, ce compromis entre rigueur et permission que vous décrivez si bien. Les choses sont-elles si différentes à la Cour des Tsar ?"


Il but à cela, puis se tourna vers elle avec un sourire.

"Maintenant, je serais en effet tout à fait intéressé de discuter avec vous des ressemblances et des différences entre nos façons d'honorer Dieu. Vous avez par deux fois mentionné les sauvages des Indes Occidentales, êtes vous coutumière du sujet ? Je dois admettre que la perspective de ces terres et ces peuples encore inexplorés me passionne. Je suis régulièrement en affaire avec des armateurs, des négociants et des marchands qui font le trajet deux fois par an jusqu'aux Antilles et la Nouvelle France. Les objets et les récits qu'ils en rapportent sont des plus fascinants."
Henry d'Aramitz
Henry d'Aramitz
"Quand on vit avec les fous, il faut faire aussi son apprentissage d'insensé." Alexandre DumasLa Comtesse des Grands Froids (Stasya Bazdéiev) 1467899321-payenne
Titre/Métier : Évêque de Vannes, Général des Jésuites.
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La Comtesse des Grands Froids (Stasya Bazdéiev) EmptyDim 27 Nov - 15:52

Les excuses furent acceptées avec un sourire aimable et un hochement de tête entendu. Stasya n’était pas rancunière par nature et de toute façon elle avait été confronté à suffisamment de préjugé pour faire la part des choses. Il y avait l’ignorance et la méchanceté. Et elle avait bien assez à faire à la dernière pour passer l’éponge sur la première. Sans compter qu’il valait mieux que les français ne découvre pas comment les russes les représentaient. Ça ne dressait pas un portrait très glorieux de ses compatriotes. La fausse interrogation la prit tellement au dépourvu qu’elle courut dans le piège de l’évêque et afficha une mine franchement choquée. Bouche entrouverte et yeux ecquarquillée grands, elle pouvait dire adieu à sa dignité. Elle ressemblait à une carpe privée d’eau. Pas un portrait très glorieux. Heureusement alors qu’elle s’apprêtait à répondre, il éclata de rire. Et elle se joignit à lui avec un léger sourire en coin.

- Vous avez failli obtenir mienne confession. Je suis du Tsar agent pour semer chaos en France. Et je pourrais être capable de parler votre langue sans soucis.

C’était tellement ridicule. Si les espions se confessaient la politique n’irait pas bien loin. Et puis qui pouvait la soupçonner? Elle n’était clairement pas de l’étoffe dont on faisait les espions. Pas assez minutieuse ou aventureuse. Contrairement à son mari. Mais Vlad était pas un homme à faire se genre de chose. Elle accepta le verre de vin qu’elle fit durer en bouche. Décidément cette confession ne correspondait pas aux pratiques habituelle. Ou les français étendaient leur art de vivre jusqu’à la religion. Ce qui n’était pas particulièrement désagréable. On attirerait plus facilement les vins dans les bras de Dieu si on leur promettait des grands crus plutôt qu’une obligation de repentance. Peut être était ce le secret de longévité des dévots? Ils étaient financés par des vignerons ! Oh mon Dieu. Entre Gabriel et cet évêque elle avait développé un esprit tordu.

En attendant, elle nota en direction d’Aramitz.

- Mien français est vraiment mauvais. Peut être devriez vous… simplifier vos choses? Je progresserais mais vos discours sont complexes et je ne peux tout m’approprier en fois.

Puis elle haussa les épaules avant d’avouer :

- Les sauvages n’avait que peu d’intérêt pour moi. Avant que vos gens nous confondent. Il parut moi intéressant de voir les différences.

Elle sourit :

- Mien époux est plus intéressé dans sujet. Il m’a appris que vos peuple juger eut avoir âme abandonné par Dieu. À Valladolid? Bref. N’est ce pas un peu arrogant de vous de choisir qui Dieu abandonne?

Elle tenta d’expliquer sa pensée :

- Comédiens, sauvages, russes et cathares. Vous choisissez qui Dieu aime et qui Dieu aime pas… Ce qui est étrange. Mienne Eglise fait de même mais pas les même choix.

On était censé être guidé par le saint Esprit mais visiblement ce dernier n’était pas particulièrement fiable dans ses prescriptions. Quoiqu’il en soit, Stasya poursuivit avec une grande curiosité :

- Qu’avez vous appris sur eux? Sont ils vraiment si « sauvages »?

Elle poursuivit avec un sourire en coin :

- Et je serais enchanté de vous en apprendre plus sur ma Russie. Peut être devrait-on convier les novices? Ils sont visiblement curieux. Et ne doivent pas souvent pouvoir apprendre en dehors des textes.

Elle eut un sourire :

- Ils curieusement sont attachant. Oh et croyez que j’ai oublié votre passé mousquetaires, pas. Je compte bien tout apprendre sur armée votre, comme espionne évidemment.

Autant moquer la situation autant que possible. Puis elle était sincèrement intéressé par le parcours de cet homme. Et par les choses militaire. On ne se refaisait pas. Elle avait grandi en fille de hussard et cousine de hussard et chasseuse au loup, à l'ours et autre chose. Même si elle aimait jouer aux grandes dames au fond ce genre de divertissement et de violences maitrisée lui manquait. Autant dire que l'idée de pouvoir s'enrichir de quelques récits supplémentaires n'étaient pas pour lui déplaire.
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