La reine-mère l’avait fort obligée à poser devant la cour pour dresser son portrait. Une peinture qui flattait la jeune femme, relevait la pâleur de son teint, la dotait de deux pommettes rosées et d’une fine bouche en cœur vermeille. C’était là le travail de l’artiste qui avait pris soin de gommer les rondeurs encore enfantines de son visage poupin, et avait refusé de faire apparaître le grain de beauté trop voyant qui siégeait sous son nez saillant, masculin, détonant ; petit-brun que son mari Monsieur de Monaco avait toujours voulu faire arracher, ressemblant à une mouche mal placée qui, dans son langage, lui donnait l’air d’une petite effrontée. On aurait pu la croire de taille raisonnable, mais elle était grande, ses épaules ayant la largeur des ses hanches de mère, et ses pieds un peu trop larges pour que les chaussures de dernière mode lui soient confortables. Payez le tissu au mètre et ses robes sont plus qu’hors de prix, pour sûr. Ses cheveux blonds cendrés, presque roux, tombaient en cascade dans son dos, et il fallait plusieurs heures de patience pour démêler sa crinière sans lui tirer sur le crâne, ce qui la plongeait dans un fort courroux. Elle aimait porter une coiffure Garcette, le front dégagé et des anglaises chatouillant le bas de sa nuque. Dans ses yeux sombres luisait une lumière douce, un soupçon de coquinerie, de séduction aussi. Son principal atout charme était sans aucun doute sa poitrine, deux jolies poires bien faites, emprisonnées dans des robes trop grandes, trop larges, trop lourdes pour une femme. « Regardez-moi dans les yeux quand je vous parle », disait-elle parfois à son mari qui voulait l’entretenir de telle ou telle nouvelle. De ses deux grossesses elle portait la trace : quelques marbrures disgracieuses trônaient sur ses cuisses et ses fesses, ses hanches s’étaient élargies. Pourtant, elle faisait tourner la tête des hommes, à commencer par le Marquis de Puiguilhem, son cousin. On disait d’elle qu’elle était « fraîche comme un sorbet », quel doux compliment. Et pourtant, elle était loin d’être la plus belle du royaume, mais savait rire de ses défauts, comme de ce nez vilain qu’elle tenait de son séducteur de père.

Ses contemporains la disent vive d’esprit et cultivée. Elevée avec les nièces du Cardinal de Mazarin, parrain de notre Roy Louis XIV, Catherine-Charlotte de Piémont a reçu une éducation de choix, et maitrise, à la différence de son mari, les arts de la cour, la fameuse « étiquette ». Derrière une apparence plutôt sage se cache une amoureuse de la vie et une « vorace des plaisirs » comme le dit si bien Madame de Sévigné, qu’ils soient doux et sucrés, ou sensuels et suaves. Catherine est aussi rêveuse que séductrice. Elle est une mère de deux enfants avant d’être une épouse, et ne porte guère de sympathie à l’égard de son époux Louis Ier de Monaco, de trois ans son cadet.
Fort catholique, elle a participé à la fondation d’un couvent de Visitandines en 1663, établissement réservé à l’éducation des filles de l’aristocratie française. Est-elle vraiment pieuse ou cherche-t-elle à se racheter de ses péchés auprès du Seigneur ?
On murmure qu’elle maîtrise le bon goût mais dépense des sommes astronomiques pour recréer chez elle ce qui se fait de mieux à la cour et aime les belles robes et les beaux bijoux. Rien n’est trop beau pour la Princesse de Monaco.
On la surnomme « le Torrent ». Elle porte bien ce nom qui la fait toujours sourire, car elle se reconnait bien dedans, avec sa force de caractère borné, son entêtement parfois. Il faut toujours se méfier des gens calmes, ils sont les premiers à vous mordre au sang si vous les provoquez.
Quoi qu’on en dise, c’est une femme rieuse, enjouée, n’hésitant pas à se moquer d’elle-même avant de rire des autres. Ne faut-il pas rire de tout, des petits bonheurs comme des grands malheurs ? Il ne faut cependant pas oublier de lire, s’élever spirituellement et laisser trainer ses oreilles pour être la première à détenir la dernière petite rumeur et la partager.
Et s’il n’y a pas que des amis à la cour, ce n’est point une raison pour ne pas s’entourer. Car s’il y a une chose que ne supporte pas Catherine-Charlotte, c’est la solitude et les tête-à-tête avec son époux. Cela pourrait-il expliquer son besoin presque maladif de croquer l’homme (et la femme, peut-être) et de se faire remarquer ?
 

   

Vous voulez que je vous raconte qui je suis… Très bien, prenez place près de moi, devant la cheminée, je vous prie. Ils sont beaux, n’est-ce pas, ces fauteuils ? Bien… N’hésitez pas à vous servir de ces délicieuse mignonneries, mon récit sera plus ou moins long. Mais, s’il vous plaît, ne m’interrompez pas. J’aime me perdre dans mes souvenirs, et en faire ressurgir le moindre détail.
Comme vous le savez sans doute, je suis née le 27 février 1639, ce qui fait que j’ai… vingt-six ans, déjà. Bien, mon père le duc Antoine de Gramont était maréchal de France, séducteur et amoureux des femmes, et ma mère Françoise Marguerite du Plessis était l’une des nièces de feu le Cardinal de Richelieu. J’ai eu la chance d’être élevée avec les nièces de Mazarin, de recevoir toute l’éducation qu’une jeune fille de bonne famille devrait maîtriser. Oh, mais c’est sans compter sur mes frères qui m’ont fait parfois la vie dure. Remarquez, cher ami, cela m’a inculqué le devoir de défense. Et puis, ils n’étaient pas méchants, bien au contraire. J’ai eu une enfance heureuse, mes parents m’ont chéri plus que de mesure, et j’ai grandi dans la paix. Grace aux relations qu’entretenaient mes géniteurs avec Mazarin, j’ai eu droit à un beau mariage avec Louis I de Monaco, duc de Valentinois de trois ans mon cadet le 30 mars 1660. Mon époux n’est pas méchant mais nous ne sommes pas faits pour nous entendre. Il est si timide, si avare, et effacé. Et si je peux vous faire une confidence que vous n’irez répéter à qui voudra l’entendre, Louis est quelque peu naïf. Oh, il a sans doute appris quelques unes de mes aventures extra conjugales, mais il ne m’en a jamais rien dit. Que chacun aille en paix, et fin de l’histoire. De toutes les façons, je ne l’aime guère, il n’est point à la mode, et ce n’est là un secret pour personne. De notre union son nés deux enfants, Antoine et Marie-Thérèse, nés respectivement en 1661 et 1662. Je n’ai pas perdu de temps, pensez-vous ? Mais mon cher, un mariage doit être consommé pour être légitime, et donner une progéniture à son époux est un devoir conjugal que nous les femmes devons remplir. C’est là notre seul devoir.
En mars 1662, soit deux ans après mon union avec Louis, je suis devenue Princesse de Monaco à ma plus grande joie. Et avec ce rang est venue la charge de Surintendante de la maison de Madame, Henriette. Sachez qu’elle est sans aucun doute ma plus chère amie. Bon… Bien sûr, la duchesse d’Orléans éprouvait de la jalousie lorsque le Roy Louis XIV s’est détournée d’elle au profit de Louise de la Vallière, et il est vrai qu’elle cherche une vengeance. Cette jalousie féminine n’est-elle point passionnante ? C’est bien parce qu’elle m’a poussée devant sa Majesté le Roy qu’il a pu me remarquer. C’était en 1665.  
Mais il n'y a pas que le Roy. La cour regorge d'hommes à qui s'abandonner. Et il y a Henriette, dont mon frère Armand est tombé amoureux il y a de cela quelque temps déjà. Comme je le comprends. Je n'ai rarement vu femme si belle, si douce, et j'ai le sentiment que tout est naturel avec elle.
Ai-je oublié de mentionner quelque chose à mon sujet ?
Ah, oui... Je suis bâtisseuse. Déjà dans notre domaine à Monaco, j'ai fait construire un escalier digne de celui de Fontainebleau dans la cour d'honneur. Et en 1663, j'ai participé à la fondation d'un couvent de Visitandines où les filles de l'aristocratie pourront bénéficier de la meilleure éducation possible. C'était là un devoir chrétien. Le savoir, le goût des livres et l'esprit ne sont pas qu'un don de Dieu, très cher.

Je crois n'avoir rien de plus à vous dire mon cher. Je n'ai que vingt-six ans, après tout, le plus long reste à écrire.

Prénom (Pseudo) : Almerya † Âge : 21 ans † Comment êtes-vous arrivé jusqu'ici ? Recherche de RP sur l'époque † comment trouvez-vous le forum ? Ça a l'air vraiment sympa !  † Le code du règlement : OK by Monsieur
† Une citation/ phrase à mettre sous le vava (qu'on mette avec l'image de votre groupe ) • Anguis in herba • † Un dernier mot ? Un mot très poétique : Au temple de l'amour règne Aphrodite sur son trône d'étoiles.

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