Louis-Victor de Mortemart. Voila un homme qui plait aux dames. Et c’est tant mieux puisqu’il n’est pas du genre fidèle avec Madame son épouse. Et si les professionnelles ont leur charme, rien n’est plus amusant que de séduire et de conquérir. Mais quels sont ces charmes? Déjà il n’est point nain. Il fait même près de six pieds de haut. Oh certes on peut trouver plus grand mais ceux là font de plus grandes cibles lors d’une bataille, et ont moins d’aises sur un vaisseau de Sa Majesté, mais il reste bien au dessus de la moyenne des hommes, sans parler des Dames qui trouvent là épaule a la hauteur. Mais la taille ne fait pas tout, d’ignobles géants seraient de véritable Apollon si la beauté se mesurait avec une toise. C’est juste que ça aide. Son charme doit venir d’ailleurs…. Oh mais oui bien entendu, ces Dames raffolent de cette tignasse. C’est un bosquet, c’est une forêt, que dis-je c’est une jungle! Cette soyeuse crinière brune attire forcément les mains de ces dames qui se dameraient pour pouvoir y enfouir leurs mains, ce doit être ça. Mais n’y a-t-il que cela? Cela ferait un peu cour comme argument physique pour ces dames. Il doit bien y avoir un autre argument. Cette peau peut-être, qui connait les embruns et tranche donc avec les habitudes de la cour ou ces monsieur n’ont point connaissance des embruns de la mer, et donc cette forme d’exotisme plairait a ces dames? Allié a une musculature due a l’éducation martiale et a la vie militaire, des mains tenant barres et fleurets avec la même aisance qu’elles tiennent pichets et demoiselles, et des traits qui ont su trouver un juste milieux entre délicatesse et virilité, il y a effectivement amplement de quoi charmer les dames appréciant ce genre de charme. Mais il y a quelque chose de plus. Quelque chose de différent. Les yeux. Oh certes ce pourrait être simplement leur couleur, c’est joli des yeux bleus. Mais non ce qu’il y a de particulier c’est le regard qu’ils offrent. Ce regard a vécu. Des moments de bonheur et d’amitié, que ce soit avec sa Majesté, avec sa famille ou autrui, qui ont offert une tendre douceur au regard du noble homme. Mais il a aussi combattu sur terre comme sur les flots afin de défendre son Roi. Et la guerre et ses horreurs ont laissé leur trace dans ce regard. Infime, discrète, mais qui surgit parfois.

L’Âme. Qu’y a-t-il de plus complexe que l’Âme Humaine? De toutes les créations du Tout Puissant, on est tenté de répondre que rien n’est aussi complexe, par vanité. Mais même s’il y a Création Divine plus complexe, ça n’enlève rien à la complexité de l’Âme. Maintenant, intéressons nous a une âme précise: celle de Louis-Victor de Mortemart, Duc de Vivonne. Oh on le dit brave et spirituel, toujours prêt à faire preuve de bravoure et d’esprit au service de Sa Majesté. La vérité est en fait plus complexe. Oui il fait de l’esprit, mais comme tout homme qui a la chance d’être cultivé peut le faire lorsqu’il a le mordant nécessaire. Cela n’a rien d’exceptionnel, c’est un trait de famille, source d’amusement au sein de la fratrie. Quand a la culture, c’est un plaisir qu’il a. Lire, assister a des pièces, particulièrement celles de Molière, sont un plaisir sans cesse renouvelé grâce a la créativité des auteurs anciens et modernes. Quand a la bravoure… Louis-Victor est à la fois prudent et joueur. Très joueur. Comment concilier cela? Par la loyauté pardi! Louis-Victor est d’une absolue loyauté envers son Roi. Par conséquent il fera toujours ce qui est nécessaire pour vaincre au nom de celui-ci. La prudence l’incite à revenir toujours vivant, ce qui est tout de même utile, et a limiter les pertes afin de ne pas remporter de victoire à la Pyrrhus. Mais en quoi il est joueur? Et bien pour tout le reste pardi!
Si sa loyauté l’incite a agir, que la prudence ne trouve aucune autre façon d’agir, il jouera son va tout et prendra des risques, d’ou sa réputation de bravoure… Oui mais ce n’est pas là qu’il est le plus joueur.
Placez Louis-Victor à une table de jeux et il jouera pour le simple plaisir du jeu, prêt à passer des heures en agréable compagnie de cartes à jouer, de joueurs et de supporters. Mais là n’est pas le jeu qu’il préfère. Oh il l’aime, mais son jeu préféré c’est: l’art de la Séduction. Qu’y a-t-il de mieux comme jeu d’essayer de séduire et de prendre le risque de l’être? Qu’y a-t-il de mieux que le plaisir d’une charnelle étreinte pour conclure un jeu brillamment mené? Et oui c’est peut-être là le soucis de Louis-Victor: il est loyal mais n’est pas fidèle. Il accomplira toujours son devoir, il sera toujours respectueux, et même généreux, mais la seule personne a qui il est fidèle en plus d’être loyal c’est son Roi. Les Femmes? Nombre de femmes sont passées dans sa vie et si toutes ont été bien traitées, aucune n’a pu obtenir sa fidélité plus de quelques mois.

   

Il y a maintenant trois décennies, Diane de Grandseigne mis au monde un fils, à la plus grande joie de son époux, Gabriel de Rochechouart de Mortemart. Un fils parmi plusieurs filles, il était des plus désirés. Gabriel de Mortemart était Premier Gentilhomme auprès de Louis XII, Roi de France: cela lui permit d’offrir une enfance exceptionnelle a son fils: Au delà de l’éducation due a son rang, rude et sévère mais destinée a le rendre excellent, le petit Vivonne eu droit a l’amitié du futur Roi de France. Participant aux jeux du Roi, le divertissant par ses bons mots et son habileté, ils grandirent ensemble et Louis-Victor gagna le surnom de Vivonne, décerné par le Roi. La fidélité de sa famille lors de la Fronde ne fait que renforcer sa situation auprès du futur Louis XIV. Et une fois en âge, c’est ensemble qu’ils se mettent a courir les jupons comme des fripons, enchainant les conquêtes de charme. Cependant il viens un moment dans la vie d’un noble ou les conquêtes ne peuvent plus se limiter aux femmes, et ou il faut appliquer l’enseignement militaire: Du haut de ses dix sept ans, Vivonne rejoint l’armée de son Roi. Cette année 1653 est la première des nombreuses années ou Louis-Victor de Mortemart s’illustrera par les armes. Et à l’âge de dix neuf ans, auréolé de ses victoires, de l’amitié de son Roi, et d’un nom des plus nobles, le voila marié à Antoinette de Mesmes, la fille du Président du Parlement de Paris. Au début tout se passa bien et Vivonne offrit ses ardeurs à son épouse qui mit bientôt au monde leur premier enfant, mais lors des campagnes militaires il ne faisait guère abstinence et cela déplut à Madame. Et finalement, peu après la conception de leur cinquième enfant, Louis-Victor jugea que les campagnes militaires ne l’éloignaient pas suffisamment de Madame. Ainsi en 1663, après dix années dans l’armée et seulement huit années de mariage, Louis-Victor rejoint la Marine de son Roi. Celle que l’on nomme encore La Royale saura séduire Louis-Victor qui s’illustre alors à nouveau au service de son Roi en tant que Capitaine de Vaisseau et Pair de France. Et lorsqu’il est de retour en France, il revient vers son Roi, et les dames de sa cour, préférant se tenir loin de son épouse, lorsqu’il ne part pas s’encanailler dans les diverses quartiers de Paris. A ce rythme certains se demandent s’il aura un sixième enfant avec elle ou non, lorsqu’ils ne se demandent pas combien de bâtards ont pu naitre de ses frasques. Ils sont pourtant assez jeunes pour le faire. Mais non, il revient a la cours et amuse la galerie avec ses bons mots et ses histoires de marin, lorsqu’il ne séduit pas une Dame. Et, point non négligeable, il y retrouve ses adorables sœurs ce qui est toujours un immense plaisir car la fratrie non seulement s’apprécie mais partage des goûts communs ce qui aide a renforcer les liens. Et les absences rendent les retrouvailles d’autant plus délicieuses.
Ainsi en compagnie de ses sœurs et de son Roi, Louis-Victor profite des charmes de la cour, et des représentations des pièces de Molière avec la sublime Madeleine Béjart, lorsqu’il ne navigue pas. Les festivités sont cependant plus sombres depuis quelques temps: La Reine Mère est morte. Cela a chagriné celui qui a grandit près de son fils, le Roi car c’est une figure de son monde, de son enfance qui disparait et il partage la peine de son ami et souverain qui, bien qu’il le cache autant que possible, est naturellement fort chagriné de la chose. Par conséquent, il a décidé de rester aussi longtemps que possible a la cour, pour soulager la peine de son ami et Roi… Et peut-être aussi un peu sa propre peine?

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