La plus jeune des Mortemart passe également -à tort ou à raison- pour la plus belle des trois sœurs. Pourtant Marie-Madeleine ne tire aucune vanité de cette beauté et a su rester très simple dans sa mise; si elle possède les yeux azurés, les cheveux châtains légèrement frisés et le nez un rien aquilin des Mortemart, elle n'a jamais eu l'intuition de Françoise-Athénaïs qui sait si bien se mettre en valeur par un peu de rouge, ou l'élégance de Gabrielle qui sait si bien combiner toilettes et bijoux, et elle ne cherche pas à les acquérir. Et si elle n'a pas les dents magnifiques de Françoise-Athénaïs, elle peut compter sur le dessin charmant de son sourire et sur la profondeur de ses yeux pour détourner l'attention de leur mauvais alignement -ou à défaut, pour attirer l'indulgence-. En revanche, elle possède, bien qu'à un moindre degré, la grâce de ses sœurs, et de fort jolies mains, qui font l'objet de la seule coquetterie que s'autorise la jeune religieuse, puisqu'elle aime à les laisser nues autant que faire se peut pour en laisser admirer la finesse toute aristocratique. D'une taille moyenne et d'une tournure agréable, elle ne cherche pas à dissimuler quoi que ce soit dans son apparence -et d'ailleurs, l'habit de religieuse qu'elle a choisi d'endosser suffit bien mieux que toutes les ruses d'élégantes à masquer les petits défauts d'un corps ou d'une démarche... comme par exemple ce décolleté auquel, hors des quatre murs d'un couvent et dans une robe de Cour, on pourrait peut-être reprocher son manque de générosité.

L'esprit des Mortemart... Toute une école! Marie-Madeleine, à l'instar de ses sœurs, le possède au plus haut point: c'est l'art de briller par cette ironie si fine, si délicate, propre à la maison de Mortemart, dans toute conversation, et de se montrer charmante en toute occasion par des propos bien ciselés, s'appuyant sur de grandes connaissances. En ce domaine, la cadette n'est pas en reste puisque dès son plus jeune âge, elle faisait son miel de l'étude de la philosophie et des langues, qui pour elle sont des amusements; il n'en est pas de même pour la théologie, qu'elle apprendra un peu plus tard, et pour laquelle elle ne cache pas son intérêt. Femme d'esprit donc, mais il serait réducteur de s'en tenir à cette seule facette d'un caractère bien plus riche: et tout d'abord, il faut souligner sa grande piété. Si la prise de voile de Marie-Madeleine a soulevé beaucoup d'interrogations et d'incompréhensions -peut-être à juste titre- il n'en demeure pas moins que la dévotion de la jeune fille est notoire. Mais peut-être faut-il voir une explication à ce choix dans la fragilité des finances de la famille de Rochechouart, et dans la fierté de son père, pour qui, comme pour tant d'autres, l'entrée au couvent vaut bien mieux que l'humiliation d'une mésalliance, car il n'y a bien que chez M. Molière que l'on se marie sans dot! Pour autant, son champ de vision ne se confine pas aux quatre murs de l'Abbaye-aux-Bois, loin de là! Par son frère et ses sœurs, Marie-Madeleine reste informée de toutes les intrigues et les nouvelles, qu'il s'agisse de la fête la plus grandiose ou de la rumeur la plus volatile, de la Cour, qu'elle regarde de loin et presque avec crainte, mais jamais sans sévérité -serait-ce par regret de son renoncement à la vie des courtisans? Comment savoir... Car elle ne se confie pas facilement, excepté à Dieu dans le secret de ses prières... Et à ses sœurs, peut-être.
Enfin, on pourra dire de la dernière-née des Mortemart qu'elle est généreuse, organisée, méthodique; sensible aussi, et fragile; toutes qualités qui s'accordent fort bien du reste avec sa fonction. Il ne faut pas croire pour autant que Mademoiselle de Mortemart ait toujours été irréprochable... Et peut-être la petite flamme, qu'elle n'a jamais su -ou voulu?- éteindre au fond de son cœur, et qui ne brûle pas, malgré tout ce qu'elle vous en dira, seulement pour son Dieu, irait même tout à fait à l'encontre de ce que l'on serait en droit d'attendre d'elle...

   

Marie Madeleine de Mortemart est née par une belle nuit de 1645, au domaine de Lussac, du M. de Rochechouart et de son épouse, la sublime Diane de Grandseigne; tous deux fort bien en Cour, puisque son père était très proche du Roi Louis XIII et sa mère dame d'atour de la Reine Anne d'Autriche. Dernière-née d'une fratrie de cinq enfants, elle n'en fut que d'avantage chérie, et son enfance fut heureuse.

Rapidement, cependant, Gabrielle, son aînée, les quitta pour le couvent où elle devait faire son éducation, ce qui explique sans doute pourquoi Marie-Madeleine, qui grandit loin d'elle, eut toujours plus de mal à se confier à elle qu'à Françoise, qui n'avait que cinq ans de plus et qui resta plus longtemps à ces côtés, devenant sa confidente. Et peut-être la marquise de Thianges impressionnait-elle aussi sa cadette... Les trois sœurs restèrent cependant très unies.

Très tôt, la petite Marie-Madeleine montra de belles dispositions pour les études, en particulier pour les langues et la philosophie... Sa bonne maîtrise de l'italien, de l'espagnol et du latin, qui indiquait un esprit ouvert et un désir d'apprendre insatiable, lui valurent d'ailleurs d'impressionner, lorsqu'elle fut présentée à la cour, à la sortie du couvent où elle avait pris la suite de ses sœurs, la reine Marie-Thérèse. Marie-Madeleine n'était pas aussi flamboyante que la marquise de Thianges; elle n'était pas, comme madame de Montespan, la "perle des Mortemart", mais elle avait réussi à se faire valoir, par l'étendue de son savoir, qui s'alliait à une grande modestie -car la demoiselle n'avait rien d'une pédante.

Et puis, à 17 ans, tomba cette décision, tout à fait inattendue et qui sans doute en surprit plus d'un, d'entrer dans les ordres. Incompréhensions, questionnements... Marie-Madeleine s'abrita derrière sa grande piété qui n'était un secret pour personne, et on lui prêta une vocation qu'elle n'avait pourtant pas réellement. La vérité? Il y en a deux. L'officielle, est financière, et n'a rien d'inhabituel. L'officieuse n'est connue que de la belle Françoise-Athénaïs, et c'est sans doute celle qui aura le plus contribué à cette décision de la jeune femme.

Maintenant âgée de 21 ans, Marie-Madeleine a pris le voile et prononcé des vœux irrévocables. Elle ne délaisse pas, loin de là, les études et profite au contraire de l'éloignement des fastes de la Cour pour se concentrer sur l'apprentissage du Grec et de l'Hébreu, les traductions de textes anciens et la rédaction d'opuscules.

Prénom (Pseudo) :Jehanne† Âge : 16 ans † Comment êtes-vous arrivé jusqu'ici ? Google † comment trouvez-vous le forum ? formidable! † Le code du règlement : OK by Athénaïs † Une citation/ phrase à mettre sous le vava (qu'on mette avec l'image de votre groupe ) J'ai donné mon cœur à Dieu † Un dernier mot ? Comme j'ai hâte de commencer!

   

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