Molière, "rien ne manquait à ma gloire, je manquais à la vôtre"
Mer 29 Oct - 9:11
Molière
Métier/Titre(s) : Dramaturge, Comédien, Tapissier valet de chambre du Roi Âge : 44 ans Origines : Françaises Langue(s) parlée(s) et niveau de maîtrise : Bon Latin - Bon Italien Orientation sexuelle : Hétérosexuel Situation: Célibataire Date de naissance : 4 mai Religion: Catholique Groupe : Artiste Personnage ayant existé?: Oui Avatar : Robert Downey Junior
Le Miroir ...
Molière. Voilà un nom qu’on prononce dans toutes les strates de la population parisienne. Des artisans au Roi, en passant par les bourgeois et la Cour, chacun connaît le dramaturge, et nombreux sont ceux qui ont déjà été se divertir devant l’une de ses comédies. Ce qui ne signifie pas que le comédien n’a que des amis : comment cela pourrait-il être le cas, lorsqu’on se permet comme lui de critiquer tout le monde ? Paris regorge de Polixènes, de Philamintes et de Sganarelles, qui n’apprécient nullement de reconnaître leurs travers mis en scène et moqués. Celui qui ose exagérer les mauvais côtés des fils du peuples comme de ceux de la noblesse, et qui en fait rire au travers de ses pièces, c’est Jean-Baptiste Poquelin, que le théâtre a fait connaître sous le pseudonyme de Molière.
Bouffon, oui…mais bouffon de la Cour, apprécié par Louis XIV lui-même. Y a t-il besoin d’être beau, pour plaire et faire rire ? Ce ne sont pas des héros tragiques, destinés à émouvoir, parfois jusqu’aux larmes (et n’est-on pas plus sensibles aux malheurs d’un jeune homme avenant qu’à ceux d’un laideron repoussant ?), que Molière incarne, mais bien des personnages comiques, qui n’obligent pas l’acteur à essayer de ressusciter les beautés antiques… De plus, le public, lorsqu’il assiste à une représentation, ne se concentre pas forcément sur le physique du comédien, mais plutôt sur son jeu de scène… Or, Molière excelle dans les grimaces et autres simagrées.
Il est difficile de décrire le visage de Monsieur Molière, sachant que sa profession consiste justement à en changer au gré des textes qu’il interprète. Si l’on veut pour autant le tenter, on pourra sans risques affirmer qu’il est doté d’une chevelure très sombre, presque noire, bouclée et très fournie. Une fine moustache de même teinte vient ombrager sa lèvre supérieure.
On ne peut pas dire que le dramaturge ait des traits très fins, bien au contraire : son nez, loin d’être aquilin, paraît plutôt large, et ses narines sont dilatées. Ses grands yeux sont surmontés de sourcils aussi sombres que les cheveux, et qui ne se distinguent pas par leur finesse, loin de là… Ses lèvres pulpeuses s’accordent bien, de par leur épaisseur, au reste des traits du personnage, formant un ensemble qu’à défaut de pouvoir qualifier de beau, on dira somme toute assez harmonieux. D’ailleurs, le sieur Molière n’est pas issu d’une des grandes familles du royaume, mais est le fils d’un tapissier, et peut donc bien se permettre de ne pas posséder les traits fins et aristocratiques tant recherchés à la Cour.
Côté costume, on peut voir le comédien revêtu de superbes vêtements…lorsqu’il est sur les planches d’un théâtre ! En effet, Molière, contraint par ses finances, qui restent celles d’un homme de l’art, quelque soit sa célébrité, ne peut se permettre le luxe et l’ostentation affectées par les nobles et les bourgeois. La sobriété est donc de mise !
Mais n’oublions pas la tournure globale ! Là non plus, on ne peut pas prétendre que Molière brille par l’extrême élégance et la perfection de son allure… Cependant, malgré ses 44 ans, il conserve un port noble et une certaine prestance, voire même une prestance certaine, que ses représentations en public l’ont aidé à développer. Il n’est pas de haute stature, mais qu’importe ! La scène est assez en surplomb pour qu’on le voie, et on peut toujours entendre sa voix interpréter (et non déclamer avec emphase, il laisse cela aux Montfleury et autres Beauchâteau) les textes qu’il a lui-même rédigés.
Et après tout, quel besoin Molière aurait-il d’être un nouvel Alcibiade ? Il plaît par ses pièces et ses jeux de scène, peut lui chaut que son apparence physique ne soit pas des plus enviées. Son talent est ailleurs, dans les sphères intellectuelles, et non pas dans celles, plus basses et viles, de la matérialité.
... n'est pas le reflet de l'âme
Molière est un artiste. Et son art consiste justement à se faire passer, avec le plus de justesse possible, pour ce qu’il n’est pas. On peut donc le voir certains jours rusé comme Sganarelle, avare comme le serait Harpagon, ou encore vertueux mais misanthrope tel Alceste, à moins qu’il n’incarne un fâcheux inopportun. Avec cela, comment savoir, lorsqu’il descend de la scène, s’il se montrera vraiment sincère et s’il laissera percer sa véritable personnalité ? Son nom de théâtre lui-même prouve que le dramaturge compte bien laisser ses proches, amis comme ennemis, dans l’ignorance de certains aspects de sa vie. D’où vient-il et que signifie-t-il, ce pseudonyme de Molière ? C’est un secret que Jean-Baptiste Poquelin garde jalousement.
D’un âge déjà respectable à la Cour d’un jeune Roi, Molière a l’avantage de l’expérience. Il a eu le temps de découvrir, et même d’approfondir sa connaissance de la nature humaine, durant ses 44 années d’existence sur cette terre. Et il utilise son savoir pour se moquer de défauts de l’Homme. Ne serait-ce pas une sorte de provocation, que l’humble comédien se permet de faire au travers de ces représentations ? Après tout, plus d’un noble peut se reconnaître en Don Juan (ou en tout autre personnage, d’ailleurs…). Mais Molière ose. Et jouit de la protection de Sa Majesté, même si parfois, le monarque lui-même estime que le comédien va un peu loin… Jean-Baptiste se bat toujours pour obtenir la permission de représenter sur scène son Tartuffe, qui a été censuré à son plus grand regret. Et puis, il a une excuse qui fait oublier (ou du moins qui atténue aux yeux de certains) ses incartades et ses abus : Molière et sa troupe amusent, divertissent. Tout le monde ne peut pas se targuer d’être considéré par le Grand Condé comme jamais ennuyant ! On admet généralement que Monsieur Molière est un bel esprit, très libre, par ailleurs…
On peut se moquer de qu’il ne sache écrire que des comédies, le traiter dédaigneusement de bouffon et de Fou du Roi, c’est aussi ce statut si particulier qui l’autorise à se permettre tant de critiques sans être pour autant autrement inquiété. C’est pourquoi il endosse volontiers l’habit méprisé. D’ailleurs, Molière sait répondre aux critiques : il s’en moque, et de la belle façon. Après tout, écrire et jouer, voilà ses deux domaines de prédilection. On craint la plume de l’auteur : qui sait quelle sera la prochaine personne dont le vice sera théâtralement dévoilé au tout Paris ?
Voilà un homme qui divise : ses amis l’aiment et l’admirent passionnément, tandis que ses détracteurs lui vouent une haine éternelle. Et les uns comme les autres sont nombreux ; lorsque l’on a, comme lui, l’audace de critiquer ouvertement tout le monde ou presque, mais aussi celle de bouleverser les codes du théâtre (Comment ! Privilégier la comédie et la prétendre supérieure à la tragédie ! Quant à cette façon d’écrire des pièces en prose ! Rendez-nous notre bien-aimé Corneille !), on ne peut forcément n’avoir que des encenseurs.
On peut s’imaginer l’auteur de ces comédies qui font tant rire comme un homme à l’abord toujours joyeux et jovial, insatiable de paroles et d’amusantes plaisanteries. Détrompez-vous : ceux qui le côtoient savent qu’il garde généralement un air sérieux et rêveur, voire mélancolique. De plus, Jean-Baptiste serait presque taciturne : il parle relativement peu, mais s’exprime toujours avec justesse.
De caractère, Molière n’en manque pas, et c’est vrai qu’il en faut pour parvenir à diriger une troupe de comédiens, ayant chacun une forte personnalité (et pas toujours un bon tempérament…). Il arrive souvent au metteur en scène de se fâcher et d’apostropher un comédien qui « déforme son texte » en ne le prononçant pas de la façon attendue. Car Molière tient à ce que le spectacle soit parfait : il demande à tous de se surpasser en permanence. Sa passion pour son art l’a conduit à délaisser une place offerte par son père et très sûre pour courir les routes de province, malgré les lendemains incertains. Il a donné ainsi une preuve de sa volonté ; et celle-ci lui sera nécessaire, ainsi que l’ambition, pour réussir à se hisser au rang de directeur de la troupe de Sa Majesté le Roi Louis XIV. Mais, malgré son succès, Molière n’oublie pas qu’il est issu du peuple : il se montre généreux lorsqu’on lui demande l’aumône.
Sur un plan plus privé, on ne peut pas prétendre que Molière soit un homme heureux, ni fidèle par ailleurs. Des maîtresses, il en a eu, à commencer par la splendide Madeleine Béjart, dont il était, jusqu’à récemment, marié avec la fille, Armande. Malgré leur séparation, Armande et lui continuent à se voir quotidiennement, puisque « Mlle Molière» joue dans sa troupe. Mais le dramaturge reste blessé de cet échec qu’il a du essuyer lorsqu’il a tenté de fonder un foyer, et noie son chagrin dans le théâtre, au sein de sa véritable famille, sa troupe. Après tout, ses comédiens ne sont-ils pas tous un peu ses enfants ?
Qu ’on l’aime ou qu’on le déteste, qu’on l’admire ou qu’on s’en gausse, Molière est célèbre. Célèbre, oui, mais connu ? Ne sait-on pas que ce que ce rimeur accepte de révéler ? Et qui peut affirmer qu’il se montre tel qu’il l’est réellement…
Dernière édition par Molière le Dim 2 Nov - 12:13, édité 5 fois
Invité
Invité
Mer 29 Oct - 9:11
On naît tous un jour ...
15 Janvier 1622, à Paris
En cette fin de matinée du 15 janvier, le temps était peu clément. La bise glacée qui soufflait dans toutes les rues et s’engouffrait jusque dans les petites ruelles parisiennes obligeait les passants à resserrer les pans de leur manteau autour de leur corps, tentant ainsi d’empêcher de leur mieux le vent de les glacer jusqu’aux os. Même si ces conditions donnaient envie à tous de rester assis dans un fauteuil, à rêver ou à converser devant l’âtre, il fallait bien sortir et travailler. C’est pourquoi le quartier des Halles était, comme à son ordinaire, animé et bruyant. Ceux qui passaient devant la grande bâtisse située à l’angle des rues Saint-Honoré et des Vieilles-Etuves, nommée communément « Pavillon des Singes » du fait du poteau cornier se situant juste devant la maison, et figurant des singes grimpant le long du tronc d’un oranger, ceux qui la longeaient donc, purent voir la porte s’ouvrir sur le propriétaire des lieux. Jean Poquelin, maître-tapissier du Roi, était un homme jeune et de belle prestance, vêtu d’ordinaire avec le soin d’un bourgeois aisé. Pour l’heure, son euphorie lui avait fait oublier sa respectabilité, et Monsieur Poquelin, avec sa chemise mal rentrée dans ses bas, sa perruque mise de travers et son manteau qu’il n’avait pas pris le temps de boutonner, paraissait tout à fait négligé. Mais son visage radieux montrait que le tapissier n’en avait cure. En effet, il était occupé, obsédé même, par une pensée bien plus importante que sa mise. A 27 ans, Jean Poquelin, venait d’être père, mieux encore, il était père d’un garçon ! L’accouchement s’était achevé à peine une heure plus tôt. Pour son plus grand bonheur, Marie Cressé, sa femme, paraissait s’être déjà remise des fatigues de l’enfantement, et son fils, que les passants pouvaient entendre crier par la porte restée ouverte, semblait se porter comme un charme et être robuste. Il ne restait plus à Jean qu’à aller remercier Dieu, et à Lui demander de veiller sur son fils, ce qu’il comptait bien faire dès à présent. C’est pourquoi il se retourna vers la maison, et attendit avec quelque impatience que la vieille Marguerite, la servante, lui remette le poupon bien emmailloté dans ses linges. Une fois qu’il eut son fils dans les bras, il se dirigea d’un pas vif et alerte vers l’église Saint-Eustache, sa paroisse. Aussitôt entré dans le lieu saint, et après s’être signé à la porte, il se dirigea d’un pas plus lent et correspondant mieux au silence et à l’impression de recueillement qui se dégageait toujours des murs épais de la maison de Dieu, vers la sacristie. Alors qu’il allait en atteindre la porte, le curé en sortit. « Alors, mon fils, vous voilà enfin à même de connaître les joies de la paternité ? Comment se porte votre épouse ? »
Poquelin écarta les linges, découvrant aux yeux de l’homme de Dieu le visage du nouveu-né.
« Il va bien. Et sa mère également, qui grâce au Seigneur se relèvera et restera en vie.»
Le prêtre contempla un moment la frimousse ronde et rouge encore qui lui était présentée. Les cris de l’enfant s’étaient calmés, et le poupon, de ses grands yeux déjà sombres, fixa l’écclesiastique. Comme à chaque fois qu’il se trouvait devant deux yeux encore tout innocents, celui-ci sentit monter en lui une vague d’attendrissement et d’amour céleste. Il approcha la main, et , du bout des doigts, traça un signe de croix sur le jeune front.
« In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. »
Selon son habitude, il avait prononcé ces paroles d’une voix douce et lente.
« Quel prénom votre épouse et vous-même lui avez-vous choisi ? » « Il s’appellera Jean-Baptiste. Jean-Baptiste Poquelin. »
1643
« Vite, vite, ils vont commencer ! »
Jean-Baptiste Poquelin releva le nez. Ces cris enthousiastes l’avaient distrait de ses pensées. Qu’était-ce ce donc, qui allait débuter ? Son regard fut attiré, presque contre sa volonté, par ce qui captivait tous ceux qui se trouvaient autour de lui. Oh. Du théâtre. La scène était modeste, bien sûr, ce n’était qu’une petite troupe, et qui sans doute ne comptait que des comédiens peu talentueux, qui ne sauraient pas choisir correctement leurs intonations. Et puis après tout, qu’importe ! Cela lui rappellerait les spectacles que son grand-père l’emmenait voir lorsqu’il était enfant. Et ça aurait toujours l’immense avantage de le distraire un moment de ces pensées qui le torturaient jour et nuit. Ces réflexions si sombres et envahissantes, elles gravitaient toutes autour de son avenir. Le jeune homme était depuis toujours destiné à reprendre la charge de tapissier ordinaire que lui léguerait son père. Mais plus le temps passait, plus son aversion pour cette profession grandissait. Quelle vie ennuyeuse que celle qui lui était dévolue ! Devenir un placide petit bourgeois, qui répéterait tous les jours le même petit rituel, ce n’était vraiment pas ce qu’il avait rêvé. Quant aux études de droit qu’il avait enfin terminées, elles l’avaient convaincu que la voie juridique ne lui convenait décidément absolument. Mais refuser de devenir tapissier, c’était décevoir terriblement les attentes paternelles. Et puis, il fallait bien trouver quelque chose à faire, oisiveté étant mère de tous les vices… Il se secoua. Ca y est, ça recommençait. Il se laissait entraîner dans ses pensées. Il essaya de se concentrer sur la pièce qui se jouait devant ses yeux. Finalement, ça n’avait pas l’air si mal interprété que cela. Non, ça lui paraissait même bien…très bien…voire excellent, dans le cas de cette belle actrice blonde. Oui, décidément, qu’elle était douée ! Tout ses gestes, le moindre des accents de sa voix, absolument tout en elle lui paraissait être on ne plus parfaitement adapté au rôle qu’elle incarnait. Elle était vraiment formidable, et dire qu’elle en était réduite à se produire dans cette petite salle! Sa place était dans le plus prestigieux des théâtres, en tête d’affiche ! Il réussit à s’arracher un moment du spectacle pour observer le public autour de lui. Et fut très étonné de voir ces prunelles, d’ordinaire ternes et comme éteintes, ravivées par un feu nouveau. En se retournant vers la scène, Jean-Baptiste comprit que c’étaient ces acteurs qui insufflaient ce regain de vie à toutes ces personnes abruties par leur quotidien et leurs malheurs. Ici, ils oubliaient tout, et retrouvaient goût à la vie, se passionnaient pour cette reconstitution qui leur faisaient voir différement le monde qui les entourait. Lorsque tout le monde applaudit, Poquelin fit de même, extrêmement frustré que ce fût déjà terminé. Mais au lieu de s’éloigner comme le faisaient tous les autres spectateurs, il s’approcha des acteurs, bien décidé à parler à la jeune et talentueuse comédienne blonde. Il s’aperçut que durant tout le temps de la représentation, il avait lui aussi oublié les tracas posés par son avenir. Ce fut une révélation. Jean-Baptiste Poquelin avait enfin trouvé sa vocation. Il voulait consacrer sa vie au théâtre.
1663
ARISTIDE. Je cesse d’admirer Élomire, et vous méritez toutes ces louanges, que je croyais que l’on devait à cet Auteur Comique. ZÉLINDE. Horace n’est-il pas ridicule, de mettre sa Maîtresse entre les mains d’Arnolphe, qui est un homme déjà sur l’âge, et de plus un des amis de son père ? Je sais qu’Élomire dira qu’Horace est un étourdi ; mais ce n’est pas une raison, et pour excuser ses fautes, il n’aurait qu’à dire, que tous ses personnages sont fous ; mais s’il est ainsi, il devait appeler sa Pièce, L’Hôpital des Fous, et faire paraître les Petites-Maisons sur le Théâtre, comme a fait autrefois Beys. Horace ne devrait pas être si empêché d’Agnès, il n’y a que trop de moyens de garder des filles, cela se fait tous les jours ; il avait de l’argent, et c’était assez : de plus jeunes que lui n’auraient pas manqué d’invention. ARGIMONT. Cette remarque est tout à fait juste.
Molière reposa le texte de Donneau de Visé. Armande, assise en face de lui, le regardait avec attention, guettant sa réaction. Un instant, il conserva l’air pensif et rêveur qui lui était habituel, puis ses traits se déridèrent brusquement et il éclata d’un rire franc.
« Ca t’amuse ? Pourtant, ils se moquent ouvertement de toi et te vilipendient.
- Toute personne qui sort un peu de l’anonymat prête le flanc aux moqueries et aux critiques, Armande. D’ailleurs, peut-être certains estiment-ils que je puis me sentir flatté d’intéresser les Grands Comédiens de l’Hôtel de Bourgogne à un tel point qu’ils me consacrent une pièce entière. - C’est le genre de pièce dont on se passerait bien volontiers. »
Le dramaturge haussa les épaules.Bien sûr, il n’appréciait pas l’attaque explicite de Donneau de Visé, qui ne prenait pas la peine de dissimuler le titre de la pièce qu’il raillait, et qui déguisait à peine celui de l’auteur. Elomire, Molière… qui pouvait ignorer l’anagramme ? Cependant, gronder et tempêter n’était pas la solution. Non, il répondrait à son rival avec les mêmes armes qu’il avait utilisées contre lui. Il écrirait. Mais en attendant, il allait lui témoigner de son mépris. « Je vais me rendre à la première représentation.
- Pour te faire huer par la salle ? A quoi cela t’avancera-t-il ?
- Je ne conçois pas de honte vis-à-vis de mon travail. J’irai la tête haute, fièrement, et je me ferai voir. Oui, je vais me joindre au public et rire de moi-même. C’est ainsi que je montrerai à Donneau de Visé tout l’intérêt que je porte à son chef-d’œuvre. C’est une référence en ce qui concerne la bassesse, ne trouves-tu pas ? Quant à moi, j’estime que l’auteur d’une telle pièce s’avilit plus que celui qui est moqué dans ces lignes. »
Dernière édition par Molière le Dim 2 Nov - 12:27, édité 3 fois
Invité
Invité
Mer 29 Oct - 9:11
Ôtez le masque !
Prénom (Pseudo) : Cécile † Âge :presque 16 ans ... † Comment êtes-vous arrivé jusqu'ici ? Via ma chère soeur, alias Marie-Madeleine de Mortemart/ Auguste de Villiers † comment trouvez-vous le forum ? De ce que j'ai pu en voir, formidable! † Le code du règlement : OK by Monsieur † Une citation/ phrase à mettre sous le vava (qu'on mette avec l'image de votre groupe ) C'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens † Un dernier mot ? Après les trois paragraphes...levez le rideau!
test rp, un minimum de 300 mots est demandé:
« Monsieur Molière, je me dois de vous prévenir que je précède de peu le Roi et la Cour. Etes-vous prêt à donner votre pièce ?
- Monsieur, nous débuterons dès l’arrivée de Sa Majesté. »
Le dramaturge se retourna vers sa troupe. Les comédiens semblaient désinvoltes, et riaient entre eux d’une plaisanterie qui, autant qu’il puisse en juger, avait dû être lancée par La Grange.
« Etes-vous tous prêts ? Aucun de vous n’oubliera son texte ?
- Dans une pièce qui consiste justement à simuler ne pas le connaître ? La question serait-elle ironique ?
- D’ailleurs, quand bien même nous ne nous souviendrions plus de la tournure que tu as donnée à une réplique, nous pourrions toujours improviser. Je te rappelle que ta pièce est en prose !
- Ne t’inquiète donc pas. Il ne me semble pas que nous t’ayons jamais fait défaut ! »
Cela, il devait le reconnaître. Ses acteurs savaient leur métier. Et puis, il était vrai qu’il écrivait pour sa troupe, et de fait il s’arrangeait de son mieux pour concilier le jeu habituel du comédien et le rôle qu’il lui confiait. Cette fois-ci, chacun jouerait sous son nom propre. La pièce était osée : il s’agissait de critiquer ouvertement la troupe de l’hôtel de Bourgogne, leur rivale. Son inquiétude était causée par le fait que son spectacle portait avec beaucoup de justesse le nom d’Impromptu : prévenu trop tard à son goût, il avait dû la rédiger de façon… très diligente (c’était encore un euphémisme), et ils avaient eu un laps de temps très court pour la mémoriser et la répéter. Et il s’agissait à présent de jouer devant le Roi ! Beaucoup ˗ la plupart d’entre eux, même – d’artistes sont perfectionnistes. Et Molière n’échappait pas à la règle, d’où sa frustration. Déjà, la musique de Lully résonnait à leurs oreilles, trahissant l’approche du souverain. Mais tout irait bien. La pièce serait drôle, notamment grâce à la caricature un peu grotesque qu’il comptait donner lui-même des Montfleury et autres déclamateurs de vers (il lui suffirait d’accentuer un peu le trait, leur jeu peu naturel étant déjà si risible…). Et puis, la pièce n’était pas qu’une satire: il y avait glissé quelques phrases témoignant de son attachement au jeune Louis et de son désir de le satisfaire le plus rapidement possible. Ordonnez, Sire, les humbles comédiens que nous sommes tâcheront de vous divertir le plus rapidement possible ! Une telle preuve de son dévouement ne manquerait pas de flatter le monarque. Il jeta de nouveau un coup d’œil vers les acteurs. Ils semblaient détendus, et s’occupaient des derniers détails. Les dames brossaient leur robe, ajustaient leur mise ou leur coiffure, s’entraîdant, tandis que les hommes riaient de ces préparatifs de dernière minute, les accusant de coquetterie. Molière le savait, cette désinvolture n’était que de façade. Tous, malgré l’habitude, restaient nerveux et sentaient monter une certaine appréhension lorsqu’ils interprétaient pour la première fois un nouveau spectacle devant le public. Surtout si le public était composé de l’homme le plus important du royaume et de plus fine fleur de la noblesse. Il n’avait aucun souci à se faire. Ils s’en tireraient honorablement. Il suffisait d’y croire, et de donner le meilleur de soi-même.
« Mesdames et messieurs, le Roi ! »
La troupe entière se fendit en un profond salut. La pièce pouvait commencer.
Dernière édition par Molière le Sam 1 Nov - 21:33, édité 2 fois
Invité
Invité
Mer 29 Oct - 9:23
MOLIEEEEEEEEEEEEEEERE
Comment que je suis trop content de trouver mon dramaturge favori !
Bon courage pour ta fiche en tout cas Si tu as des questions n'hésite pas !
Monsieur
Titre/Métier : Fils de France, Frère unique du Roi, Duc d'Orléans Billets envoyés : 4140 Situation : Marié à Henriette d'Angleterre
Mer 29 Oct - 13:57
Bienvenue officiellement
J'ai vraiment hâte de lire ta fiche ! Donc bon courage, et si au milieu des imprécisions historiques t'as besoin d'aide n'hésite pas à me demander de venir patauger avec toi
Madeleine Béjart
Comédienne aux 1001 masques.
Titre/Métier : Comédienne Billets envoyés : 1036 Situation : Officiellement célibataire, officieusement passe un peu trop de temps chez Gabriel de La Reynie Crédits : AvengedInChain / P!A
Mer 29 Oct - 14:28
Merci beaucoup l'accueil et la proposition d'aide! Je vais relire quelques pièces et essayer de trouver des biographies. Je te contacte si j'ai un problème, encore merci!! Et puis autrement, je vais faire mon possible... On verra ce que ça donne!
Invité
Invité
Jeu 30 Oct - 8:32
Ohhhw, un Molière *w*
Bienvenue parmi nous
Bonne écriture pour ta fichette
Invité
Invité
Sam 1 Nov - 18:01
C'est la classe internationale !!! Bienvenu sur le forum et bonne continuation !!!!
François Vihna
L'homme aux mains d'or
Billets envoyés : 30 Situation : Marié
Sam 1 Nov - 18:38
Merci beaucoup!
Invité
Invité
Sam 1 Nov - 21:37
C'est avec joie et fierté que je peux annoncer : "Au temple de l'amour règne Aphrodite sur son trône d'étoiles"!
Invité
Invité
Dim 2 Nov - 12:05
J'aime beaucoup ta fiche ! Selon mon très humble avis, tu as réussi à bien cerner le perso, et le tout est vraiment agréablement écrit
Je me permets juste deux petites remarques : Molière et Armande ne sont pas divorcés. Concrètement, ils vivent séparément, et au début de l'année 1666 Molière a déserté son hôtel parisien pour aller faire la gueule à Auteuil (et accessoirement passer une partie de son temps ivre mort avec des potes auteurs XD), mais ils sont toujours mariés. Et vraiment pour pinailler, en 1643 la troupe de laquelle Madeleine faisait partie ne jouait pas dans la rue et était même relativement connue (je rechercherai le nom de la salle). Mais c'est du détail ^^
Sinon, comme je le disais, ta fiche est vraiment cool et j'ai hâte de pouvoir jouer avec toi
Madeleine Béjart
Comédienne aux 1001 masques.
Titre/Métier : Comédienne Billets envoyés : 1036 Situation : Officiellement célibataire, officieusement passe un peu trop de temps chez Gabriel de La Reynie Crédits : AvengedInChain / P!A
Dim 2 Nov - 12:26
Merci Madeleine pour tes compliments J'ai corrigé de mon mieux mes erreurs, merci pour tes informations! En effet, j'ai compris ce que tu voulais évoquer lorsque tu me parlais d'imprécisions historiques, pas toujours évident de trouver des informations sur Molière et sa troupe...
Invité
Invité
Dim 2 Nov - 12:36
TU ES VALIDE(E)
Notre spécialiste me disant que ta fiche était du coup "parfaite" (je cite) je peux donc valider cette fiche qui effectivement est très agréable à lire !
Mon bon Molière, vous allez régaler la Cour et le peuple