| | Lun 26 Jan - 21:38 |
| C’était une belle soirée. Aucune pluie, pas de vent trop violent, juste de quoi chasser les odeurs hors des rues de Paris pour les déverser dans les campagnes. On ne pouvait rêver plus belle soirée pour se rendre au théâtre et admirer une prestation de la belle Lina Romanelli, protégée de la Magnifique Madeleine Béjart. Mais ce n’était pas la première du spectacle, a laquelle Le Duc de Vivonne était venu accompagné non pas de Ninon de l’Enclos comme a son habitude mais de son épouse, ce qui avait du en amuser plus d’un. Non c’était une nouvelle représentation a laquelle le Duc était venu afin de supporter la jeune Lina qu’il appréciait et ou il amenait, puisqu’il savait que Madeleine Béjart jouait sur une autre scène ce soir là, une maîtresse de petite noblesse. Et oui le Duc de Vivonne cherchait a ménager sa favorite en n'amenant nul autre femme que son épouse ou une soeur lorsque LA Béjart était sur scène ou dans les coulisses.
Mais ce soir il était libre d'amener qui il voulait, et une charmante dame aux cheveux châtains qui tranchaient avec la clarté de sa peau et de son regard ornait son bras. Mince car sortant d’une récente maladie c’était une récente quadragénaire qui, coquette, donnait toujours son âge en lui retranchant cinq ans. Mais la minceur de la vicomtesse Marie-Louise de la Combe ne déplaisait pas au Duc, qui papillonnait toujours avec des femmes fort différentes tant qu’elles étaient, hors grossesse, plus fines que lui, chose finalement facile a trouver. Quand a l’âge, le Duc était connu pour ne pas s’en soucier et certains disaient même qu’il préférait les femmes de plus de quarante ans comme Madeleine, Ninon et, dorénavant, Marie-Louise semblaient le démontrer.
“Mon cher Duc, je vous remercie de cette invitation. -Mais c’est tout naturel. Il faut bien reprendre les mondanités de la façon la plus plaisante, par le théâtre.”
Répondit le Duc aux propos de la Vicomtesse. Il guida son amie jusqu’à leur loge et l’aida a prendre place. Il remarqua la présence d’un troisième siège et s’en étonna.
“Avez vous prévue la visite d’une tierce personne?”
Demanda-t-il doucement alors qu’il s’asseyait lui aussi. La représentation semblait prête a commencer et l’intrus ne devrait donc point tarder.
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| Louis-Victor de Mortemart Ex Scientia Tridens
Titre/Métier : Duc de Vivonne, Premier Gentilhomme Billets envoyés : 787 Situation : Marié à Antoinette, 5 enfants légitimes
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| | Mar 29 Sep - 17:01 |
| [Mille millions de mille excuses ] Les mèches des bougies avaient déjà été mouchées trois fois lorsque les premiers spectateurs affluèrent. Les lustres s'élevèrent dans les airs sous la poigne des hommes et le théâtre s'illumina. Accrochant les teintures chaudes des rideaux, l'aura des éclairages projeta par delà un fin rayon, dessinant une trainée de lumière sur les chaussures de Lina. Cette dernière observa amusée, cette étrange lame claire qui lui sciait les pieds en deux et réchauffait ses orteils. Aujourd’hui elle se sentait comme ce soulier, tiraillée entre deux bouts de tissus d’une même pantoufle ! Sa troupe. Celle qui l’avait accueillie, lui avait fait traverser plus de villages qu’elle n’avait de doigts et fait rire plus de carillons qu’une église pouvait en contenir. Dirigée par le grand Fiorilli elle n’avait eu de cesse de progresser et de s’améliorer jusqu’à devenir une comédienne sinon hors du commun, au moins douée. Venue au monde au pays des comédiens Italiens, elle était pour ainsi dire, née pour jouer la Commedia dell’ arte.
Et pourtant… en arrivant à Paris, elle avait appris qu’on pouvait aussi bien rire de rien que pleurer de tout. Ici on affichait sans retenu les larmes d’une veuve éplorée, d’une sœur vengeresse ou d’une amante jalouse. On infligeait au spectateur la peine, on torturait ses sentiments jusqu’à en tirer le larmoiement que tous prenait alors pour de l’admiration et révélait le talent de l’acteur en scène. Puis, quand ils avaient bien asséché leur corps, ils applaudissaient, et Lina trouvait cela exaordinaire.
« Hep Malinaconia par ici ! » La comédienne fronça les sourcils et lança un regard assassin à Raphaël qui agitait la main vers elle. La troupe avait rapidement eu vent de ses cours du soir et ne ratait pas une occasion de rabrouer leur italienne. Se dirigeant vers l’arrière scène elle frôla de son éventail ouvert le visage du garçon qui eut le plutôt bon réflexe de protéger sa joue, mais pas son fessier qui d’un revers rapide se prit une rouste de l’accessoire refermé sèchement.
« Aller ! En place Léandre, voilà déjà un coup de bâton, les autres viendront sur scène ! » glissa une Lina déjà campée dans son personnage de Colombine Après un bref regroupement de la troupe autour de Fiorilli qui leur prodigua les derniers conseils et différentes mises en scène retenues pour ce soir, on poussa les décors sur le parquet craquant, trois coups retentirent, et le rideau se leva…
La pièce était assez simple, laissant libre court au jeu des acteurs. Ce soir, Scaramouche défendait à son ami Léandre toute relation amoureuse. Le premier se faisant prendre par l'autre à picorer de trop près les lèvres gourmandes d'une demoiselle se retrouvait rousté à coup de bâton. Évidement Léandre s'éprenait d'une Isabelle quand Scaramouche tombait sous le charme d'une Colombine! C'était pour l'heure, à Scaramouche de moraliser son ami, grossissant le trait et mimant la femme diablesse de manière équivoque, faisant doucement rire la salle. Fuyez la femme et ses appas Croyez-moi, ne la voyez pas On est presque toujours la dupe Des douceurs qu'elle fait sentir, Plus on s'approche de la jupe, Plus on est prêt du repentir.
La femme ressemble aux ardents Qui nous égarent dans les champs Elle brille, mais sa malice Met qui la suit, en grand danger De tomber dans un précipice Dont on ne peut se dégager.
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| Lina Romanelli Bas les masques !
Titre/Métier : Comédienne de la troupe des Italiens Billets envoyés : 144
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