Les descriptions physiques sur la jeune Laura ont tendance à beaucoup varier en fonction des humeurs des gens et de leur rang social. Pour simplifier les choses, et pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion sur le minois de la demoiselle, je me contenterais ici d'énoncer les avis des truands et des nobles peuplant les rues de Paris.

Le premier groupe et sans nul doute celui faisant le plus d'éloges à propos de sa membre. De taille plutôt moyenne et fine, elle semble parfois beaucoup plus jeune que son âge. Ses longs cheveux ondulés d'un brun profond encadrent son visage à la peau claire. Dessus ce dernier, on peut voir deux yeux ronds aux iris clairs, un nez fin légèrement aquilin, ainsi qu'une bouche rosie fine. Lorsque le soleil se montre, il arrive que des taches de rousseur apparaissent sur ses joues, lui donnant un air encore plus malin que celui qu'elle peut porter d'ordinaire. Ses mains, bien que rêches et se terminant par des ongles légèrement noirs et cassés, sont des plus douces et expertes dans ses activités de voleuses. Ses jambes, parfois frêles, sont assez longues pour lui permettre de courir, lorsque le besoin se fait sentir. Même si l'accès aux toilettes se fait rare, la jeune femme a la particularité de prendre un tant soit peu soin de sa personne, et d'avoir toujours une petite odeur de parfum collée sur sa peau.

Le deuxième groupe, quant à lui, se contentera de dire de Laura que ses cheveux, très rarement peignés, sont une véritable catastrophe, que son allure et ses vêtements ne font d'elle qu'une fille de bas-étage n'ayant aucun intérêt. Et que dire de ses mains répugnantes ! C'est un véritable calvaire.

Mais au fond, qu'importe le regard des autres sur sa personne. La demoiselle Zirrafon est ce qu'elle est, et celle que le tout puissant a voulu qu'elle soit.

Que dire sur le caractère de Laura ? Comme tout être vivant, il s'est développé au cours de ses quelques années d'existence, changeant ou s'accentuant parfois. Depuis qu'elle a été recueillie, le « passe-temps » de la jeune femme, que l'on pourrait presque appeler « métier », lui a permis d'acquérir certaines compétences dignes d'une personne de sa condition.

Sa taille relativement moyenne lui permet d'être très agile lorsqu'elle et son frère passent à l'action. Également rapide dans ses gestes, elle arrive facilement à mettre la main sur des bourses remplies d'or et d'argent, ainsi que de nombreux bijoux de coffres traînant là par hasard. Toutefois, pour que toutes ces entreprises fonctionnent, il faut toujours savoir plus ou moins ce que l'on fait. Maligne sous certain aspect, la parisienne réfléchit à chacun de ses gestes avant de les exécuter : est-ce une bonne idée, ne risquerais-je pas trop... etc. Ces questions peuvent être liées à ce que l'on appelle le stress. En effet, bien qu'ayant l'habitude de voler petits et grands, il y a toujours une part de risque qu'il ne faut négliger sous aucun prétexte, ce que son frère a parfois tendance à oublier. La discrétion avant tout ! Mais parlons un peu de ce cher Yvan, auquel elle semble tellement tenir.

Ils ont grandi tous les deux, font les quatre-cent coups depuis des années. Pas une seule fois au court de ses quelques années d'existence, Laura n'avait agi sans penser à lui. Ce frère d'âme, elle ne serait rien sans et ferait tout et n'importe quoi pour éviter qui lui arrive malheur. Vraiment n'importe quoi... la rendant ainsi facilement vulnérable. Il est rare que la brunette s'attache à des personnes, mais Yvan reste certainement sa seule raison de vivre dans cette misère sans fin.

En lisant cette description, peut-être pensez-vous que c'est une jeune femme calme sans histoire ? Détrompez-vous, car quiconque oserez critiquez quoi que ce soit ayant un rapport avec elle, se verrait recevoir un commentaire bien sec. Ce trait de caractère est à la fois particulièrement énervant et drôle à la fois, car il est facile de la braquer et de jouer un peu.

Aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir, Laura Zirrafon avait toujours vécu au sein de cette famille modèle, entourée de deux parents plus aimant l'un comme l'autre, ainsi que d'un frère et d'une soeur. Pourtant, aucun lien de sang ne relit ce petit groupe, pourtant liés par un lien des plus forts. Déposée devant la porte de ce couple par sa mère, la demoiselle ne sait rien de cette dernière. Elle ne connaissait que son nom de famille, sans aucun doute identique au sien, mais ne savait pas pour autant la raison de son abandon. Durant toute son enfance, et encore aujourd'hui, Laura s'était imaginé milles et unes choses à propos de sa véritable mère : l'avait-elle laissé devant cette porte par manque d'argent ? Parce qu'elle était une enfant résultant d'une liaison interdite et déshonorante ? Elle ne saura sans doute jamais. À vrai dire, cela était peut-être mieux ainsi. Peu importe ses origines, elle lui avait donné une chance d'avoir une enfance heureuse.
Le jeune couple qui l'avait recueilli avait un coeur bon et clément. En effet, ces tourtereaux avaient déjà sous leur toit un jeune garçon, nommé Yvan. Dès leurs premiers regards, leurs premiers mots échangés, un lien puissant les unis. Toujours ensemble, les deux jeunes gens faisaient les quatre cents coups et savaient prendre soin de l'un comme de l'autre. C'était un sentiment encore plus fort que celui de l'amitié, ou que celui reliant un frère et une soeur ; c'était quelque chose d'inexplicable. Avec l'arrivée d'un troisième enfant, une jeune fille nommée Fanny, cette relation continua de plus belle, bien que Laura ne voulait en aucun cas laisser la petite nouvelle à l'écart. On lui avait permis de s'intégrer, il était normal qu'il en soit de même avec Fanny.

La mort de leurs parents fut un véritable drame, obligeant les trois enfants à se plonger dans l'illégalité en volant pour pouvoir espérer se nourrir. Ils arrivèrent à se débrouiller, s'écartant de chaque danger. Jusqu'au jour où Fanny disparu. Laura et Yvan la cherchèrent des heures et des jours, sans la retrouver, ni morte, ni vivante. Refusant d'y croire, la brunette fut bien obligée d'envisager le pire, bien qu'au fond d'elle-même, elle garde toujours l'espoir de voir un jour ou l'autre sa chère soeur.
Avec Yvan, ils décidèrent d'aller s'installer dans la forêt, en construisant une sorte de campement de fortune, afin de ne pas se mêler à la vie trop dangereuse de Paris. Les jeunes gens de leur espèce, des voleurs, ne sont jamais les bienvenue entre les murs de la capitale. Leurs activités continuèrent pendant plusieurs années, mais alors que Laura ne voyait en cela qu'un unique moyen de pouvoir continuer à vivre, son cadet voyait beaucoup plus loin. Il se voyait déjà riche, puissant, tel tous ces nobles se pavanant avec leurs fortunes dans les rues. Lorsque l'on avait une vie telle que la leur, il fallait savoir rêver et espérer un avenir meilleur. Selon se principe, et ayant appris à être généreuse avec les plus démunis, la demoiselle ne manque pas de déposer de temps à autres une part de sa récolte du jour devant la porte de l'orphelinat. Ces enfants qui n'ont pas connu la chance d'avoir un foyer, méritaient tout de même la chance d'avoir une vie descente. Qui sait, peut-être aurait-elle fini entre ces murs. Ou morte dans la rue noire et humide.

Cette vie que Laura avait commencée à apprécier allait bousculer lorsque le duo inséparable se présenta devant le roi des gueux pour la première fois. Le regard de ce dernier, elle l'avait senti peser sur elle durant toute leur rencontre. Son frère ne l'avait sans doute pas remarqué, toutefois, pour elle, cela avait été une évidence : il ne l'avait pas lâché ne serait-ce qu'une seconde du regard. Son hypothèse se confirma lorsque celui que l'on appelait l'Ours vint la chercher, afin de l'amener devant Grégoire. Une main glissée sur sa cuisse suffit à lui faire comprendre qu'il la voulait, la désirait. Non pas ! Il était hors de question pour la jeune femme d'avoir un quelconque rapprochement avec cet homme, tout comme avec n'importe quel autre homme, d'ailleurs. Son refus ne l'empêcha pas de lui faire de nouvelles avances, mais cette fois de façon bien plus « brutale » : si elle se refusait à lui, son cher Yvan en subirait les conséquences. Ce chantage affreux, miss Zirrafon y céda, à condition que son frère ne sache rien de toutes ces... activités. S'il venait à le découvrir, elle ne pourrait plus jamais le regarder en face. Depuis ce jour, Laura rejoint régulièrement le roi des gueux lorsque ce dernier la demande, à contre-coeur et avec dégoût, avec toujours cette même peur lui entaillant le ventre. Pour la sûreté d'Yvan, telle était sa motivation dans ce véritable supplice.

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